COP16 : prendre en compte les liens entre biodiversité, agriculture et santé
Événement14 octobre 2024
Une délégation du Cirad sera présente à la COP16 sur la biodiversité à Cali en Colombie du 21 octobre au 1er novembre. Les experts et expertes y porteront des messages basés sur leur expérience des liens entre la biodiversité et l’agriculture, la gestion des forêts tropicales, la santé des écosystèmes et la durabilité des systèmes alimentaires. Ils y défendront aussi des approches participatives de recherche orientées vers des changements concrets de pratiques pour concilier ces différents enjeux planétaires.
A Cali en Colombie se jouera durant la COP16 la déclinaison opérationnelle, à l’échelle des 196 pays parties de la Convention sur la Diversité Biologique (CDB), du nouveau cadre mondial sur la biodiversité (Kumning-Montreal Global Biodiversity Framework, KMGBF) adopté lors de la COP15 à Montréal. Les Etats sont ainsi attendus pour présenter une première ébauche de leur stratégie nationale et des actions proposées pour aligner cette stratégie avec les 23 cibles du Cadre Mondial.
« Des changements transformatifs seront nécessaires pour l’atteinte des objectifs ambitieux fixés par ces 23 cibles, ce qui implique des décloisonnements entre secteurs », souligne Selim Louafi, directeur général délégué adjoint à la recherche et à la stratégie du Cirad. Cela implique également des moyens de mises en œuvre conséquents. Ainsi, la COP16 devra finaliser les mécanismes permettant aux Etats et aux acteurs de s’engager dans des transitions fortes en faveur de la préservation des liens Hommes-nature.
Faire la paix avec la Nature
Affichant comme leitmotiv de cette COP le thème « Peace with nature », la présidence colombienne donne le ton : les humains sont au cœur des transformations attendues en faveur de la biodiversité. La gouvernance et les modalités du fonds mondial (le Global Biodiversity Framework Fund, GBFF) créé lors de la COP15 pour soutenir le Cadre Mondial, constituent par ailleurs un enjeu central des négociations qui auront lieu lors de la COP16, notamment pour assurer des flux financiers Nord-Sud adaptés. Enfin, le renforcement de capacités et la coopération scientifique sont affichés comme des moyens clés pour l’atteinte des cibles.
Pour Selim Louafi à la tête de la délégation du Cirad, « le thème « Peace with nature » est une opportunité pour nous de porter avec force l’impact de nos recherches de terrain avec les communautés et acteurs locaux en faveur d’un renforcement des liens entre agriculture, biodiversité et santé ». L’engagement des communautés locales et des peuples autochtones (IPLCs, Indigenous People and Local Communities) dans la préservation de la biodiversité est un principe fondamental de la CDB. « La Colombie est un pays riche en biodiversité et peuplé de nombreuses communautés autochtones. Le pays veillera particulièrement à ce que l’objectif d’inclusion des communautés se décline en actions concrètes », précise Philippe Vaast, directeur régional du Cirad pour la Zone Andine et l'Amérique Centrale.
Suivi des négociations internationales et side-events
Avec son statut d’observateur à la CDB, la délégation du Cirad assurera un suivi rapproché des négociations sur les thèmes qui le concernent plus particulièrement. Les experts participeront à différents side-events pour mettre en lumière des projets phares du Cirad et ses partenaires, menés en Amérique latine notamment (TerrAmaz, SASI-SPI, ClimaLoca, IDEAS, ou encore Abrigue sur les innovations en agroécologie et la bioéconomie circulaire). Ils interviendront dans une dizaine d’évènements portés par des partenaires internationaux, pour partager les expériences de recherche-action du Cirad et ses partenaires sur de nombreux sujets tels que la transition agroécologique, la restauration des paysages forestiers en Amazonie, les approches participatives pour des territoires amazoniens durables ou encore la gestion durable de la faune sauvage.
Agroécologie, approches intégrées de la santé et transformation des systèmes alimentaires
Ainsi, l’agroécologie, les approches intégrées de la santé et la transformation des systèmes alimentaires constitueront les trois principales propositions de réponses aux enjeux globaux que portera le Cirad à la COP16, chacune étant proposée comme plaçant les acteurs et communautés au cœur de la définition des problèmes et des solutions. Les experts proposeront également des mécanismes opérationnels en faveur d’un partage plus juste et équitable des bénéfices liés à l’utilisation des ressources biologiques et des données associées à ces ressources – le statut des données de séquençage et autres données associées aux ressources (appelées « Digital Sequence Informations ») représentant un sujet majeur de négociation au cours de la COP16, qui devrait aboutir à un mécanisme multilatéral et à un fonds dédié pour distribuer les bénéfices (monétaires et non monétaires) des recherches et innovations basées sur le vivant.
Enfin, le Cirad portera un plaidoyer en faveur du développement d’alternatives à l’utilisation des pesticides dans les filières tropicales, invitant à la mobilisation de l’ensemble des acteurs de recherche et de développement agricoles autour de cet objectif. Le Cirad présentera son initiative étendard PRETAG (Pesticide Reduction in Tropical Agricultures, qui vise à allier inter-disciplinarité, inclusivité avec les différents acteurs des chaînes de valeur, et impact à l’échelle des producteurs, à travers 3 piliers centraux : les leviers agroécologiques à la réduction des pesticides, les leviers à l’échelle des politiques publiques et réglementations et les modèles partenariaux et financiers.
A travers sa participation à la COP16, le Cirad poursuit donc trois objectifs majeurs :
Valoriser les activités et projets de recherche et de développement menés par ses unités de recherche et leurs partenaires du Sud ;
Eclairer les discussions et négociations politiques par l’apport de résultats empiriques solides autour des enjeux politiques clés ;
Appuyer, par sa connaissance concrète de la diversité des contextes dans les pays du Sud, l’ensemble de la communauté internationale face aux enjeux des crises globales qu’il est plus que jamais nécessaire de soutenir pour un futur en harmonie avec la nature.
Expertes et experts du Cirad présents à la COP16 : Selim Louafi, Marie-Gabrielle Piketty, René Poccard-Chapuis, Christian Leclerc, Thaura Ghneim-Herrera, Marion Chesnes, Servane Baufumé.
Nourrir le vivant, le podcast du Cirad, revient pour une deuxième saison consacrée à la biodiversité. De la forêt amazonienne aux vergers d’Asie, en passant par la paysannerie africaine, découvrez comment les interactions entre les humains, les plantes, les animaux, le sol ou encore le climat, font naître la richesse du monde vivant.
Les concessions forestières communautaires du Guatemala sont un succès à tous les niveaux. La forêt est mieux préservée par les communautés autochtones qui pratiquent une sylviculture durable que dans les aires protégées limitrophes. Alors que la 16e COP sur la biodiversité se déroule en ce moment à Cali (Colombie), zoom sur ce modèle inspirant.
Pour élaborer les politiques de conservation, les décideurs publics se basent sur plusieurs indicateurs, comme le nombre d’espèces observés dans un écosystème. Mais ces indices, pris séparément, peuvent montrer des réalités différentes. Devant un objet aussi complexe et dynamique que la biodiversité, les gestionnaires des milieux naturels doivent donc multiplier les indicateurs pour s’assurer la réussite de leurs actions de conservation.
Une équipe internationale coordonnée par le Cirad révèle, dans une nouvelle étude*, la biodiversité du genre Musa auquel la banane appartient et confirme l’Asie du Sud-Est continentale, comme principal centre de diversification de ce genre. En éclaircissant la diversité génétique de quatre espèces sauvages appartenant à ce genre, ces travaux novateurs ouvrent la voie à la découverte de caractères qui pourraient à l’avenir être très utiles pour l’amélioration du bananier cultivé. Ils publient leurs premiers résultats dans PLOS ONE.