Les négociations attendues à Montréal porteront sur la version finale du nouveau cadre mondial de la biodiversité avec quatre objectifs généraux associés à 22 cibles d’action.
Le Cirad bénéficie du statut d’observateur pour participer aux sessions dans lesquelles les délégations des différents pays doivent se mettre d’accord sur ce nouveau cadre. Par ailleurs, le Cirad est directement impliqué dans plusieurs side-events sur la transformation des systèmes alimentaires, sur l’information relative aux séquences numériques des ressources génétiques, ou encore sur la gestion durable de la faune sauvage.
Le Cirad, en sa qualité d’observateur, cherchera à défendre plusieurs points, comme l’importance de regrouper certaines cibles pour les analyser simultanément et de ne pas focaliser tous les efforts sur la surface en aires protégées.
30 % de la planète en zones protégées… et 70 % en gestion durable
Au titre de la cible 3 sur les aires protégées, plusieurs pays défendront une continuité avec les objectifs d’Aichi vers 30 % de la surface des terres et océans en zones protégées d’ici 2030. Bien que les aires soient des outils indispensables pour la protection de la biodiversité, les scientifiques du Cirad rappellent qu’elles ne suffisent pas : « garantir un certain pourcentage de surface protégée ne doit pas servir de caution pour ne pas gérer de manière durable les systèmes agro-industriels, par exemple, qui se trouvent sur les 70 % restants du territoire ».
La mesure phare de la prochaine COP sur la diversité biologique concerne la protection de 30 % de la planète. Alors que les négociations internationales pour la biodiversité se finalisent, trois chercheurs du Cirad rappellent que le prochain cadre mondial de la biodiversité doit aussi concerner les 70 % de zones non protégées. Ils soulignent également la nécessité de changements transformateurs, notamment du système économique vers des productions plus durables de biens et de services.
Le nouveau cadre devrait donc aussi concerner ces 70 % de zones non protégées et proposer une transformation des systèmes productifs, actuellement non durables. Les productions agro-industrielles, en particulier, concentrent plusieurs des cinq principaux facteurs de détérioration de la biodiversité : changement d’usage des terres, surexploitation des ressources, participation au changement climatique, pollution, introduction d’espèces exotiques envahissantes.
Pourtant, l’agriculture et l’alimentation sont des domaines qui recèlent de nombreux leviers de protection et valorisation de la biodiversité. En témoigne la richesse de la biodiversité paysanne dans de nombreux pays Sud, qui permet aux paysans de résister notamment aux aléas climatiques :
Le Cirad consacre sa seconde série de podcasts à la biodiversité. Ce deuxième épisode nous emmène à la rencontre de paysannes et de paysans sénégalais. La diversité de semences est leur premier levier d’adaptation pour faire face aux aléas et aux crises. Une biodiversité qui leur est littéralement vitale.
Regrouper les cibles d’action en clusters
L’adoption prévue à Montréal du futur cadre mondial pour la biodiversité à la COP15 marquera le début du travail à initier pour suivre sa mise en œuvre, avec une mesure régulière des progrès accomplis.
Le Cirad, dans le cadre de sa mission de coopération internationale, pourra appuyer les pays du Sud dans leur travail de reporting. La mise en place et le suivi-évaluation d’indicateurs à l’échelle des territoires fourniront de précieuses informations pour les travaux de recherches. Il s’agira alors d’accompagner les pays, et les partenaires, dans la traduction des objectifs internationaux au sein des stratégies nationales.
Plutôt que de suivre indicateur par indicateur les 22 cibles pour ce reporting, les scientifiques du Cirad plaident pour un regroupement en clusters, afin de mettre en avant les interdépendances du vivant et l’ancrage de la biodiversité dans les territoires pour impulser des changements transformateurs.
La cible 10 sur l’agriculture, par exemple, ne peut pas être déconnectée de la cible 7, relative aux pollutions, ou de la 8, sur l’impact des changements climatiques. De même que la cible 9, qui concerne la gestion des espèces sauvages, est directement liée à l’usage des terres, à la chasse ou aux moyens de subsistance des populations locales.
La prise en compte des interdépendances et l’intégration de cibles en clusters permettront d’améliorer l’efficacité des actions de protection de la biodiversité.