COP30 : l’agriculture au cœur des enjeux

Événement 29 octobre 2025
La COP30 se tiendra du 10 novembre au 21 novembre 2025 à Belém, dans le nord du Brésil. 10 ans après l’Accord de Paris, la communauté internationale se trouve à un moment clé pour réussir à maintenir ses engagements. Cette COP, qui se déroule au cœur de l’Amazonie, est l’occasion de centrer le débat sur le rôle des forêts et ses utilisateurs (agriculteurs, éleveurs…). Pour le Cirad, la transformation des systèmes agri-alimentaires et de l'exploitation forestière vers plus de durabilité et de justice sociale doit occuper une place essentielle lors des négociations.
Paragominas, 1e commune classée « Verte » en Amazonie et ayant stoppé totalement le phénomène de déforestation, © R. Poccard, Cirad
Paragominas, 1e commune classée « Verte » en Amazonie et ayant stoppé totalement le phénomène de déforestation, © R. Poccard, Cirad

Paragominas, première commune classée « Verte » en Amazonie et ayant stoppé totalement le phénomène de déforestation, © R. Poccard, Cirad

L’essentiel 

  • 37 % des émissions de gaz à effet de serre proviennent des systèmes agri-alimentaires, ce taux pourrait atteindre jusqu’à 65 % d’ici 2050 (GIEC, 2022). Pour le Cirad, il est urgent d’amorcer une transformation des systèmes agricoles et alimentaires.
  • Présent en Amazonie depuis plus de 40 ans, le Cirad a développé un partenariat fort et diversifié en particulier avec le Brésil. Avec 9 chercheuses et chercheurs expatriés, le Cirad y mène de nombreux projets par an avec ses experts locaux, notamment sur la durabilité des territoires et la lutte contre la déforestation. 
  • 15 scientifiques du Cirad avec des spécialisations variées interviendront lors de la COP30.

Le Cirad participera à la COP30, comme chaque année depuis la COP21. Une quinzaine de ses scientifiques partageront leurs connaissances lors de conférences, de tables rondes ou des événements parallèles aux négociations, afin d’appeler à la transformation des systèmes agri-alimentaires pour faire face au changement climatique. Ces secteurs sont de plus en plus présents dans l'agenda international sur le climat : lors de la COP27, en 2022, l’initiative commune de Charm el-Cheikh sur la mise en œuvre d’une action climatique pour l’agriculture et la sécurité alimentaire a été voté par l’ensemble des pays, et l’année suivante, à la COP28 de Dubaï  152 pays (sur les 197) ont signé la déclaration officielle sur l'agriculture durable, les systèmes alimentaires résilients et l'action pour le climat.

Transitions agricoles durables, conservation des forêts et inclusion sociale sont fortement liées

Si l’agriculture et les systèmes alimentaires sont de grands émetteurs de gaz à effet de serre, ces secteurs sont également victimes des effets du changement climatique (sécheresses, inondations, feux…). Selon les prévisions du GIEC, 8 à 30 % des terres agricoles seront inaptes à produire en 2100. 

Les forêts tropicales sont confrontées à la même difficulté : elles ont la capacité de capturer du carbone, mais elles arrivent à un point de rupture où elles pourraient en émettre. Par ailleurs, en plus des zones déjà déforestées depuis longtemps pour une activité agricole, elles font aujourd’hui face à des activités illégales, principale source de déforestation des dernières années. 

Une transformation durable des systèmes agricoles et des exploitations forestières est urgente afin de répondre à ces enjeux. 

Les décisions relatives aux systèmes agricoles et alimentaires sont particulièrement complexes, car elles mobilisent de nombreux domaines et acteurs, à des niveaux d’intervention variés. Elles demeurent pourtant essentielles. En effet, au-delà de leur rôle majeur dans l’adaptation au changement climatique et son atténuation, ces systèmes sont impliqués dans d’autres enjeux environnementaux. Ils sont également déterminants pour garantir la sécurité alimentaire, protéger la santé, réduire la pauvreté et soutenir l’économie rurale dans la grande majorité des pays du monde.

Vincent Blanfort
Chargé de mission changement climatique au Cirad

Les scientifiques du Cirad travaillent sur de nombreux projets et démontrent que l’agriculture et l’exploitation forestière peuvent et doivent faire partie des solutions face au changement climatique. 

La justice climatique pour repenser le futur 

L’intensification des inondations et des sécheresses fragilise les productions agricoles en Amazonie, déjà peu connectées aux marchés mondiaux, aggravant ainsi l’insécurité alimentaire des communautés amazoniennes. Ces communautés, pourtant peu responsables des crises planétaires, en subissent de plein fouet les conséquences. Quelles initiatives existent pour dénoncer cette injustice climatique et envisager le futur différemment ?

L’exploitation durable des forêts tropicales 

Les forêts d’Amazonie abritent une biodiversité exceptionnelle et contribuent au bien-être et à la subsistance de millions de personnes. Face au changement climatique, l’avenir de ces forêts est cependant incertain. Comment le stock de carbone et la biodiversité sont-ils affectés par les changements climatiques ? Comment adapter les pratiques d’exploitation des forêts aux enjeux du changement climatique ?

Concilier activités humaines et conservation de la nature

Les concessions forestières communautaires permettent la gestion des territoires forestiers par les peuples autochtones et des communautés locales. Les résultats de la conservation sont remarquables dans ces zones, les taux de déforestation y sont quasiment nuls, tout en permettant aux communautés locales d’exploiter les ressources naturelles et de pratiquer une agriculture réservée à l’autoconsommation. 

Les scientifiques du Cirad mobilisés avant et pendant la COP

En amont de la COP

Les scientifiques du Cirad participent à la caravane fluviale IARAÇU qui parcourt le fleuve Amazone de Manaus à Belém, afin de promouvoir le dialogue entre science, société et décideurs publics autour des enjeux climatiques.

Découvrir le programme.

Pendant la COP30, retrouvez les expertes et experts du Cirad 

Découvrir le programme.

Nourrir le monde face à l’urgence climatique : vers une transformation durable de l’agriculture 

L’enjeu est de taille : réduire les émissions de gaz à effet de serre liées à la production alimentaire, tout en augmentant la résilience des systèmes alimentaires et les rendements pour assurer la sécurité alimentaire au niveau mondial pour une population qui devrait approcher 10 milliards d’habitants en 2100.

La recherche joue un rôle central face aux enjeux du changement climatique et notamment pour rendre accessibles les faits scientifiques au plus grand nombre. 

À l’occasion de la COP, un ouvrage intitulé L'agriculture et les systèmes alimentaires du monde face au changement climatique - Enjeux pour les Suds coordonné par les équipes du Cirad est paru aux éditions Quae.
Une version en anglais, intitulée Climate Impacts and Challenges on Agriculture, Forests, and Food Systems: A global Perspective – Challenges for the Global South est sous presse aux éditions Springer.

Cet ouvrage met en lumière les spécificités des pays du Sud souvent sous-représentés dans les travaux scientifiques, alors même qu’ils figurent parmi les plus vulnérables au changement climatique. À l’heure où la solidarité internationale est remise en question et le multilatéralisme rediscuté, le monde scientifique se doit de résister.

Vincent Blanfort, Marie Hrabanski, Julien Demenois
Coordinateurs de l’ouvrage

L’ouvrage a été présenté aux journalistes, dans sa version française, lors d’un point presse en ligne le 23 septembre.

Le Cirad et les COP Climat 

Le Cirad suit activement les négociations depuis la COP21, où l’Accord de Paris a été signé. À ce titre, il est membre du Groupe interministériel pour la sécurité alimentaire « Climat » et participe aux COP Climat avec un statut d’observateur. Il est également régulièrement mobilisé pour la relecture des rapports du GIEC, et contribue également aux groupes de travail de la convention climat UNFCCC sur l’agriculture et les systèmes alimentaires en lien avec ses partenaires du Nord et du Sud (Koronivia suivi de celui de Sharm El Sheikh).
Les systèmes agricoles et alimentaires ont longtemps été absents dans les négociations des COP. Ils s’imposent désormais de plus en plus dans les discussions, ce qui a abouti  à l’initiative commune de Charm el-Cheikh sur la mise en œuvre d’une action climatique pour l’agriculture et la sécurité alimentaire, votée à l’unanimité lors de la COP27, en 2022, celle-ci a été suivie l’année suivante par la déclaration de Dubaï sur les systèmes alimentaires lors de la COP28 (lire le bilan de la COP28).