Agriculture, forêts, sols : comment penser la place du vivant à la COP26 ?

Plaidoyer 28 octobre 2021
Du 31 octobre au 12 novembre prochain, à Glasgow, aura lieu la 26e Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques, la COP26. Face à la crise, le Cirad plaide pour une transformation profonde des systèmes alimentaires. L’agriculture, les forêts et les sols, à la fois victimes et solutions, doivent avoir toute leur place dans les actions visant à réduire les effets des changements climatiques.
Parcs à bétail traditionnels au Sénégal, région de Thiès © J. Bouyer, Cirad
Parcs à bétail traditionnels au Sénégal, région de Thiès © J. Bouyer, Cirad

Parcs à bétail traditionnels au Sénégal, région de Thiès © J. Bouyer, Cirad

Longtemps oublié des négociations internationales sur le climat, le secteur agricole fait désormais partie intégrante des discussions : à la fois pour son rôle d’émetteur de gaz à effet de serre, de victime des perturbations climatiques, mais aussi son potentiel d’atténuation. Le Cirad a participé à cette reconnaissance internationale via l’action commune de Koronivia, adoptée en 2017 lors de la COP23. 

Ecoutez Marie Hrabanski, chercheuse en sciences politiques au Cirad :

 

Les secteurs agricoles et alimentaires, à la fois responsables et victimes des changements climatiques

Les cultures seront principalement impactées par trois éléments climatiques : l’augmentation des températures, la hausse du CO2 atmosphérique, et les perturbations pluviométriques. Les derniers scénarios du GIEC ont donné lieu à de nouvelles études inquiétantes. A titre d’exemple, les rendements de riz pluvial au Sénégal risquent d’être divisés par deux d’ici 2100.

Les épisodes climatiques extrêmes, comme les sécheresses, devraient également se multiplier, avec des impacts négatifs immédiats sur les rendements agricoles, mais également sur les capacités d’absorption de carbone.

A l’autre bout de la chaîne, les pertes et gaspillages alimentaires sont responsables de 10 % des gaz à effet de serre mondiaux. 

Repenser l’usage des terres et les systèmes alimentaires

Face à ce cercle vicieux, le secteur alimentaire doit se réinventer.

L’usage des terres et la gestion des sols, eux aussi, doivent être repensés.

Secteur forestier : un appel à une gouvernance mondiale

Puits de carbone essentiels, les forêts tropicales sont elles aussi menacées par les effets du changement climatique. Elles pourraient bientôt devenir, à leur tour, émettrices de carbone. 

Ces forêts continuent, de plus, de subir les affres de la déforestation. Face à ce constat, un appel à une gouvernance forestière mondiale est lancé.

Ecoutez Alain Karsenty à propos des enjeux géopolitiques autour des forêts du monde, dans l'émission "Géopolitique, le débat" du 17 octobre sur RFI

Les sols, outils d’atténuation

Pour limiter le réchauffement climatique, la séquestration de carbone dans les sols a également un rôle important à jouer. Les modèles du GIEC intègrent ainsi le stockage de carbone et les émissions de gaz à effet de serre pour évaluer les changements de pratiques ou d’usages des sols. Or ces effets, dits biogéochimiques, ne sont pas les seuls à peser dans la balance climatique. L’albédo du sol, c’est-à-dire sa capacité à réfléchir ou à absorber le rayonnement solaire, conditionne la température de la surface terrestre.

Attention cependant à ne pas surestimer le bénéfice climatique de certaines pratiques agricoles. A titre d'exemple, les engrais azotés, essentiels à l’intensification agricole dans de nombreuses zones notamment en Afrique, peuvent être associés à des émissions de protoxyde d’azote, un puissant gaz à effet de serre.

La biodiversité cultivée, une source de résilience et d’adaptation pour l’agriculture

Pour faire face à ces défis, plusieurs projets du Cirad misent sur la biodiversité. Alors que les cultures et plantations monospécifiques s’avèrent particulièrement fragiles face aux perturbations climatiques, la diversification et l’association d’espèces permettent d’assurer une productivité et une résilience des systèmes agricoles. 

Voici quelques exemples du rôle de la biodiversité cultivée : 

 

 

Accompagner les politiques publiques 

Les scientifiques du Cirad participent enfin à l’évaluation de politiques agricoles d’adaptation ou de réduction des gaz à effet de serre. Ces résultats visent à améliorer l’efficacité des politiques publiques, à la fois en termes environnementaux et socio-économiques.

Le point avec Marie Hrabanski :