Le Nouveau Sommet Afrique-France et les Montpellier Global Days, révélateurs des partenariats à l’œuvre dans l’enseignement, la recherche et l’innovation

Événement 22 octobre 2021
Le Nouveau Sommet Afrique-France a rassemblé, le 8 octobre 2021 à Montpellier, plus de 3000 participants africains et français dont nombre de scientifiques et partenaires actifs sur les deux continents, dont le Cirad. Il a constitué le point d’orgue des Montpellier Global Days organisées par Montpellier Université d’Excellence et ses partenaires. Une semaine riche en dialogues et rencontres qui ont illustré l’intensité et l’intérêt de ces partenariats pour la formation, la recherche et l’innovation.

Le Cirad était présent au Nouveau Sommet Afrique France dans le cadre de l’espace Enseignement supérieur, Recherche et Innovation.

Le partenariat, clé de voûte de l’action du Cirad, au cœur du Nouveau sommet Afrique-France

L’occasion pour l’établissement de transmettre son expertise du partenariat, une de ses spécificités. Elisabeth Claverie de Saint Martin, PDG du Cirad, a notamment conclu la séquence consacrée aux engagements pour « Agir et construire l’avenir ensemble », construite autour de témoignages d’agences de financement de la recherche fondamentale, de la recherche-action et du développement.

Pour Aldo Stroebel, directeur Stratégie de la National Research Foundation en Afrique du Sud, « c’est notre approche collective qui va déterminer notre avenir en termes de politiques structurelles, d’investissements, etc. pour relever les défis notamment en matière d’environnement ». Selon M. Stroedel, il est notamment nécessaire « de promouvoir la connaissance pour accroître le potentiel d’excellence existant sur le continent africain et d’investir dans des missions interdisciplinaires ». Thierry Damerval, président de l’Agence nationale de la recherche, souligne également le besoin d’accroître les synergies entre les agences de financement de la recherche pour concevoir ensemble des programmes de soutien pour des projets répondant à des besoins pertinents, notamment à l’échelle régionale. Enfin, pour Sarah Marniesse, responsable du Campus de l'innovation de l’AFD, le partenariat n’est pas une possibilité, mais une obligation : « ce n’est que dans le dialogue et l’enrichissement du partenariat multiculturel et multidisciplinaire que l’on peut arriver à voir le monde autrement ». Selon elle, des partenariats académiques sont nécessaires, mais plus encore des partenariats ouverts avec la société civile dans son ensemble.

Retrouvez ici l’intégralité de la session Enseignement supérieur, recherche et innovation organisée dans le cadre du Nouveau Sommet Afrique France (séquence Agir et construire ensemble à 4h34 du début)

Le Nouveau Sommet Afrique-France a, par ailleurs, été l’occasion deréunir l’ensemble des partenaires de l’i-site Muse pour une signature du renouvellement de la convention d’entente les liant dans le cadre de la structure montpelliéraine.
Lire Le Cirad signe la convention d'entente stratégique des partenaires de l’ I-Site Muse

Les Montpellier Global Days, quatre jours sur la formation, la recherche et l’innovation avec les partenaires africains

En amont du sommet, avaient eu lieu les Montpellier Global Days, organisées par l’i-site Muse et ses partenaires dont le Cirad fait partie. Les recherches et les partenariats communs entre les communautés de recherche montpelliéraine et l’Afrique ont été illustrés par les témoignages de nombreux partenaires africains et montpelliérains sur six thèmes principaux : transitions agroécologiques, systèmes alimentaires, biodiversité, santé internationale et One Health, eau et nouvelles technologies pour nourrir, soigner, protéger. Plus d’une centaine de partenaires africains étaient invités à y prendre part.

 

Lors des Montpellier Global Days © E. Bru, Cirad

Lors des Montpellier Global Days © E. Bru, Cirad

Les journées Transitions agroécologiques pilotées par le Cirad

Le Cirad a notamment a piloté, avec l’Institut Agro, et en incluant le CGIAR et l’AFD, les journées consacrées aux transitions agroécologiques, dont les principales conclusions ont été partagées auprès de l’assemblée de l’espace ESRI lors du sommet.

La formation, la coproduction de connaissances utiles pour l’action, les innovations organisationnelles et de marché ont été au cœur de ces journées faisant la part belle aux témoignages de partenaires et de jeunes professionnels africains. Parmi eux, Julie Matovu, agricultrice en bio en Ouganda pour qui « les systèmes participatifs de garantie peuvent contribuer aux transitions agroécologiques » ou Aimé-Felix Komlan Dzamah agronome au Sichem/AgroDR et à Ecovie selon lequel « le défi de l'Afrique est celui de l’intensification agroécologique ».

Les journées ont également été l'occasion de revenir sur la Dynamique pour une transition agroécologique au Sénégal (DyTAEs) avec notamment une exposition dédiée, à retrouver également en ligne.

Enfin, une demi-journée a été consacrée au sujet du cacao durable. Très riche, cette séquence a notamment montré qu’une revalorisation du revenu des petits producteurs est inévitable pour une production de cacao plus durable et plus responsable.

Des systèmes alimentaires à transformer

Le Cirad a également fortement participé aux journées dédiées aux Systèmes alimentaires et à celles consacrées à la Santé internationale et One Health.

Les systèmes alimentaires, à échelle familiale comme industrielle, ne permettent pas à l’heure actuelle de répondre de manière satisfaisante aux ODD. Ils constituent notamment la première cause mondiale de chute de la biodiversité, et contribuent à un tiers des émissions de GES.

Les systèmes alimentaires industriels, en particulier, ont permis d’augmenter la production plus vite que la population. Mais ils révèlent de plus en plus leurs limites environnementales, sociales et sanitaires. Pour les participants à ces journées, il faut les transformer pour faire face à plusieurs défis.

Il s’agit d’une part de nourrir les villes de façon durable. Les journées ont permis de relever les innovations, portées par de nombreuses organisations de producteurs et des microentreprises de transformation, en termes de qualité des aliments adaptés à la demande des consommateurs. Il est important qu’elles reçoivent le soutien des pouvoirs publics en matière de financement et de formation. La restauration scolaire est également un levier fort, qui a été illustré par le projet « Ma cantine autrement », développé à Montpellier et qui génère des partenariats prometteurs, notamment avec le Sénégal.

L’emploi est un autre défi en Afrique avec plus de la moitié de la population âgée de moins de 30 ans pour qui les secteurs agricoles et agroalimentaires, notamment du fait de la révolution numérique, peuvent être porteurs.

L’environnement, enfin, avec la transition agroécologique qui participe à la fois à l’atténuation et à l’adaptation des systèmes alimentaires au changement climatique. Cet enjeu, comme celui des cantines scolaires, est d’ailleurs soutenu par deux coalitions constituées lors du sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires qui s’est tenu en septembre dernier.

La co-construction des projets et des résultats, garantie de succès pour l’approche OneHealth

Sur les questions de santé internationale et One Health, le Cirad a été très présent au travers de plusieurs projets qu’il coordonne ou co-anime :

  • Prezode, une initiative internationale inédite pour prévenir de futures pandémies, menée par le Cirad, INRAE et l’IRD ;
  • Santés et territoires, un projet ambitieux pour révolutionner les approches intégrées de la santé en les associant au cadre de la transition agroécologique, coordonné par le Cirad et financé par l’AFD et l’Union Européenne (programme DeSIRA) ;
  • Lidiski, un projet pour accroître le niveau de vie des petits éleveurs et la sécurité alimentaire au Nigeria, coordonné par le Cirad et financé par l’Union Européenne (programme DeSIRA) ;
  • LipsZim, un projet pour accroître la production et la résilience des élevages au Zimbabwe, financé par l’Union Européenne (programme DeSIRA) et dont le Cirad est partenaire.

Le fil rouge de ces projets de recherche et de développement est la co-construction des projets et de leurs résultats en intégrant dès le départ toutes les parties prenantes, y compris politiques, des pays tropicaux et du Nord. Il s’agit d’un véritable changement de paradigme : la recherche n’est plus faite pour ces pays, mais avec eux. C’est aussi pour le Cirad une garantie d’obtenir des résultats significatifs et durables, notamment en termes d’appropriation par les bénéficiaires sur le terrain.

Technologies pour Nourrir, soigner, protéger : l’ambition d’une recherche partenariale de pointe

Dans un contexte de changement global, l’utilisation de nouvelles informations, données et algorithmes apporte un bénéfice notable à la gestion des systèmes agricoles, la surveillance, l’alerte et la gestion des risques sanitaires.

Les journées « Technologies pour Nourrir, Soigner, Protéger » y ont consacré plusieurs sessions. Le Cirad et ses partenaires en agriculture numérique ont partagé leurs travaux sur la fouille de données pour la veille sanitaire (MOOD), le renforcement des systèmes de sécurité alimentaire ou la surveillance des ressources naturelles.

Ces journées ont montré que l’usage des technologies innovantes telles que l’intelligence artificielle, les capteurs et des données du big data (drones, télédétection, systèmes d'aide à la décision) est également au service du pilotage de ces systèmes agricoles complexes.

Expert sur ces sujets, le Cirad collabore avec ses partenaires africains et d’autres instituts d’excellence dans le cadre de l’Institut Convergences en agriculture numérique #DigitAg.

Le Cirad est par ailleurs acteur et promoteur d’une agriculture numérique responsable et frugale (low cost) au bénéfice de toutes les formes d’agricultures, en particulier l’agriculture familiale et l’agroécologie, dans les pays tropicaux et méditerranéens.

Fondée sur l’imagerie et l’intelligence artificielle, l’application SoYield, issue d’une collaboration avec l’entreprise franco-marocaine SOWIT en est une illustration. Profitant des compétences développées par le Cirad dans le cadre du projet Pixfruit, elle permet de mesurer, estimer et prédire le rendement de production de mangues sur un arbre ou dans un verger.

Il en est de même pour l’application Sigatocare, une solution Cirad’Innov® développée en partenariat avec l’entreprise ITK pour lutter contre la cercosporiose du bananier.

Gestion de l’eau : intégrer pleinement la jeune génération des scientifiques africains dans les communautés internationales

L’eau a également été un sujet phare de ces journées dans la perspective du Forum Mondial de l’Eau à Dakar qui aura lieu en mars 2022.

Irrigation et agriculture, protection des cours d’eau, salinisation, pollution, besoins humains, écosystèmes aquatiques et marins… : toutes les dimensions de l’eau relèvent d’enjeux forts, notamment vis-à-vis du changement climatique et de l’urbanisation croissante. Là encore, les approches participatives et la nécessaire implication des différentes parties prenantes sont fortement présentes dans la gestion de l’eau et des territoires. La journée, organisée par le Centre international Unesco de Montpellier sur l’Eau, a révélé l’importance d’intégrer pleinement la jeune génération des scientifiques africains dans les communautés scientifiques internationales pour relever ensemble ces défis. Pour les scientifiques, « on est déjà dans l’urgence et plus dans le constat ».

Biodiversité : prendre en compte les liens « êtres humains, sociétés, nature »

Le Cirad a par ailleurs contribué aux journées consacrées à la biodiversité sur le rôle de celle-ci tant dans le fonctionnement des écosystèmes sauvages que pour les transitions agroécologiques. Le rôle des systèmes agroforestiers notamment doit être analysé et pris en compte dans la préservation de la biodiversité. Plusieurs partenaires africains ont présenté leurs travaux communs sur la structure, le fonctionnement et la gestion des écosystèmes forestiers tropicaux.

Le Cirad a également contribué sur le sujet de la déforestation importée. Environ 1/3 des pertes annuelles de forêt sont liées au commerce international de produits agricoles. Ne plus importer de produits issus de la déforestation permettrait de réduire les pertes de forêts chaque année et la biodiversité qui leur est associée. Des pistes de solution en ce sens existent et ont été discutées lors des journées.

Enfin le Cirad a contribué aux réflexions montrant que la conservation de la nature doit maintenant prendre en compte les liens « homme, sociétés, nature » ainsi que favoriser le bien être humain.

 

La visite de Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, au Cirad à Montpellier

En marge du du Nouveau Sommet Afrique France, le Cirad a été honoré d’accueillir Jean-Yves Le Drian, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères sur le site de Montpellier.

Elisabeth Claverie de Saint Martin, des scientifiques du Cirad et des étudiants africains venant d’organismes de recherche partenaires, ont pu aborder avec le ministre les thématiques des systèmes alimentaires durables, des solutions agroécologiques au Sahel et des partenariats avec les pays d'Afrique, à travers des exemples concrets de recherche finalisée.

 

Echanges entre Jean-Yves Le Drian, Elisabeth Claverie de Saint Martin, des scientifiques du Cirad et des étudiants africains venant d’organismes de recherche partenaires. © A Frankewitz

Lors de cette visite, Jean-Yves Le Drian a également pu découvrir la serre Abiophen, outil de haute technologie permettant de tester l'adaptation des plantes au changement climatique. Il a discuté avec l'équipe de chercheurs à propos de l’accélérateur de la Grande Muraille Verte dans lequel le Cirad est engagé.