One Planet Summit : lancement de PREZODE, une initiative internationale inédite pour prévenir de futures pandémies

Institutionnel 11 janvier 2021
Sous l’égide de la France, et notamment du ministère de l’Enseignement supérieur de la Recherche et de l’Innovation et du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, l’initiative PREZODE - Prévenir les risques d’émergences zoonotiques et de pandémies – vient d’être annoncée à l’occasion du One Planet Summit du 11 janvier consacré à la biodiversité. Initiée par trois instituts de recherche français - INRAE, le Cirad et l’IRD - en concertation avec une dizaine d’autres organisations de recherche [1], en France, en Allemagne et aux Pays-Bas, PREZODE regroupe déjà plus d’un millier de chercheurs. Cette initiative, qui se veut d’emblée globale, combinera projets de recherche et actions opérationnelles.
La déforestation et les atteintes à la biodiversité sont sources de contacts entre l'humain et l'animal, et de nouvelles émergences de maladies. © C. Bourgoin, Cirad
La déforestation et les atteintes à la biodiversité sont sources de contacts entre l'humain et l'animal, et de nouvelles émergences de maladies. © C. Bourgoin, Cirad

La déforestation et les atteintes à la biodiversité sont sources de contacts entre l'humain et l'animal, et de nouvelles émergences de maladies. © C. Bourgoin, Cirad

Depuis 50 ans, l’émergence des crises liées aux zoonoses s’accélère. 75 % de ces maladies infectieuses humaines sont en effet issues de réservoirs animaux et dues aux pressions exercées sur la biodiversité.

La crise liée à la pandémie de la COVID-19 qui secoue le monde a un coût humain, sanitaire, économique et social très lourd. Plus que jamais, une approche One Health (une seule santé) intégrant les interactions entre santé humaine, santé animale et santé environnementale s’impose pour anticiper de nouvelles pandémies. Les émergences de virus ou bactéries pathogènes pour l’humain se multiplient et leur récurrence semble inévitable. Il paraît donc aujourd’hui indispensable de travailler en amont de futures crises sanitaires en anticipant les risques d’émergence et en détectant de manière précoce ces maladies, de manière à réagir le plus tôt possible avant qu’elles ne se diffusent. Plusieurs études ont souligné qu’investir dans la prévention des maladies réduirait considérablement le coût de la gestion des crises.

L’initiative PREZODE vise à prévenir les risques d’émergences zoonotiques et de pandémies. Elle s’appuiera et renforcera les coopérations existantes avec les régions du monde (Afrique, Asie, Caraïbe, océan Indien, Méditerranée, Moyen-Orient, Amérique latine et Europe) qui sont le plus confrontées à des risques d’émergences zoonotiques. PREZODE soutiendra l’intégration et le renforcement des réseaux de santé humaine, animale et environnementale, en phase avec le concept « une seule santé » (One Health) afin de mieux évaluer et détecter les menaces d’émergences zoonotiques et de développer les actions de prévention avec l’ensemble des acteurs pour protéger les hommes, la planète, les socio-écosystèmes et réduire ainsi les risques de pandémie.

Cinq piliers, cinq groupes de travail

Suite à l’annonce du conseil d’experts de haut niveau One Health le 12 novembre 2020 au forum de Paris sur la paix, l’initiative PREZODE s’inscrit en cohérence avec les récentes recommandations du rapport sur la biodiversité et les pandémies publié par IPBES en octobre 2020.

PREZODE reposera ainsi sur 5 piliers :

  • l’analyse des risques zoonotiques ;
  • la réduction de ces risques ;
  • la détection précoce et l’évaluation des impacts socio-économiques ;
  • le système de surveillance internationale des risques zoonotiques ;
  • l’engagement des parties prenantes et le co-développement des réseaux régionaux de santé et de biodiversité.

Pour des socio-écosystèmes adaptés et résilients

L’ambition de l’initiative est ainsi de construire des socio-écosystèmes adaptés et résilients, réduisant les risques d’émergences zoonotiques tout en renforçant la biodiversité et en luttant contre la pauvreté et l’insécurité alimentaire.

PREZODE vise à fédérer et compléter de nombreux projets et programmes existants. Le travail conjoint des chercheurs, des communautés locales et des décideurs pour définir des solutions adaptées devrait déboucher sur l’identification et la réduction des principaux facteurs à l’origine des risques d’émergences zoonotiques, sur le co-développement de politiques intégrant santé, humaine et animale, et biodiversité, sur des systèmes de surveillance One Health en temps réel, et sur un renforcement des partenariats publics-privés et des dialogues science-société-politique.

Un programme de recherche-actions opérationnel dès 2022

Dès 2021, l’initiative se dotera d’un agenda scientifique et stratégique, d’une gouvernance et d’un plan de mise en œuvre, associé à des indicateurs de performance. Une plateforme numérique de récolte et partage de données sera aussi mise en place en co-construction avec toutes les parties prenantes. Les partenaires établiront également, au niveau global, ainsi que dans les pays et régions concernées, une analyse des étapes nécessaires pour intégrer les systèmes de santé (environnementale, animale et humaine) et de biodiversité en combinant recherche (dont les sciences sociales) et actions opérationnelles construites avec les communautés locales. Ce programme de recherches-actions inédit sera ainsi opérationnel dès 2022.

Ce programme mondial combinant recherches et actions opérationnelles a été co-construit et partagé en décembre 2020 avec plus de 400 participants de 50 pays des 5 continents.

Les organisations internationales comme l'OMS, l’OIE, la FAO, le PNUE [2], la Banque Mondiale et la Commission Européenne ont manifesté leur vif intérêt pour cette initiative.

« Je me réjouis de l’initiative Prezode (…) Le monde a besoin d’une santé pour tous, par tous, pour une seule santé donc agissons de manière holistique, cohérente, collective et historique ! », a souligné Qu Dongyu, Directeur général de la FAO.

Retour sur la construction de cette alliance internationale en vidéo

[1] En France, avec notamment l’ANSES, l’institut Pasteur, l’INSERM, le CNRS et le CNES, en Allemagne avec la Helmholtz, l’institut Friedrich Loeffler et l’institut de virologie de Charité et aux Pays-Bas avec Wageningen Université.

[2] OMS : Organisation Mondiale pour la Santé – OIE : Organisation Mondiale de la Santé Animale – FAO : Organisation Mondiale pour l’Alimentation et l’agriculture – PNUE : Programme des Nations-Unies pour l’Environnement.

Référence

Marisa Peyre,Gwenaël Vourc'h,Thierry Lefrançois,Yves Martin-Prevel,Jean-François Soussana,Benjamin Roche. 2021. PREZODE: preventing zoonotic disease emergence. The Lancet