Les élevages du Zimbabwe plus productifs et résilients grâce au projet LIPS-Zim

Science en action 22 avril 2021
Le projet LIPS-Zim, financé par l’Union européenne vient d’être lancé officiellement. Au sein d’un consortium de quatre partenaires, le Cirad va travailler au renforcement des systèmes de surveillance et de contrôle des maladies animales, ainsi qu’au développement de systèmes d’élevage plus résilients. L’objectif : moins de mortalité du bétail, pour des élevages plus productifs et adaptés à la sécheresse accrue par le changement climatique.
Bétail à Bindura, Zimbabwe © C. Chitate
Bétail à Bindura, Zimbabwe © C. Chitate

Bétail à Bindura, Zimbabwe © C. Chitate

Le projet Livestock production systems (LIPS-Zim) au Zimbabwe vient d’être lancé officiellement en mars dernier. « Nous finalisons actuellement le recrutement d’étudiants, et la collecte de données sur le terrain doit commencer dès le mois de mai », confie Mathieu Bourgarel, coordinateur du projet pour le Cirad. Doté d’un financement européen dans le cadre de l’initiative DeSIRA, ce projet de recherche-développement réunit pendant quatre ans un consortium de quatre partenaires, dont le Cirad (ILRI, CIMMYT et l’Université du Zimbabwe).

Comme tous les projets DeSIRA, ce projet vise à améliorer la productivité et la résilience des systèmes alimentaires face au changement climatique. Ici, les élevages de bovins, caprins et volailles de neuf districts du Zimbabwe sont concernés. Dans ces zones, les plus sèches du pays, se trouvent de nombreux systèmes de production familiaux constitués de petits cheptels. « Le changement climatique y augmente la sécheresse, générant des problèmes au niveau de la production agricole », détaille Mathieu Bourgarel. Pendant la saison sèche chaude, les éleveurs se déplacent là où eau et nourriture sont présents, dans les parcs nationaux ou zones protégées. Le contact avec la faune sauvage est l’occasion de transmission de maladies entre la faune et le bétail.

Six pathologies sous surveillance

L’un des objectifs du projet – dans lequel le Cirad est fortement impliqué – est de renforcer la surveillance et le contrôle des maladies animales pour augmenter la productivité des élevages. Six pathologies prioritaires ont été identifiées avec les éleveurs : la trypanosomose animale (transmise par la mouche tsé-tsé), la theilériose (transmise par les tiques), l’anthrax, la peste des petits ruminants, le black leg et la maladie de Newcastle.
« 10 000 tests diagnostiques vont être réalisés au cours du projet : ils permettront de travailler sur la prévalence de ces maladies, identifier et cartographier les zones à risque et mettre en place des politiques publiques sanitaires adaptées », précise Mathieu Bourgarel.

Des prélèvements sanguins sont effectués sur le bétail pour étudier la theilériose bovine © A. Jimu, projet CAZCOM, IRD-Cirad

Des prélèvements sanguins sont effectués sur le bétail pour étudier la theilériose bovine © A. Jimu, projet CAZCOM, IRD-Cirad

Le projet LIPS-Zim vise à mettre au point un système de surveillance rapide et efficace. « Lors de l’épidémie de grippe aviaire en 2016, les diagnostics ont été analysés en Afrique du Sud et ont mis trois mois à être connus, rappelle Mathieu Bourgarel. Il y a un enjeu très important à raccourcir ces délais pour mettre en œuvre rapidement des actions de contrôle et ainsi diminuer la mortalité du bétail. » Le projet LIPS-Zim vient pour cela en appui de deux autres projets coordonnés par l’unité de recherche Astre du Cirad : CAZCOM et PACMAN, dont l’objectif commun est de doter le pays d’une plateforme de pointe en biotechnologies, localisée à l’Université du Zimbabwe.
« Ces trois projets complémentaires permettent de renforcer les capacités des laboratoires d’analyse, proposer une formation technique et académique, réaliser des études de surveillance et contrôle, et gérer la remontée d’informations, complète Mathieu Bourgarel. Cela permet ainsi au Zimbabwe d’accroitre son autonomie pour le contrôle des maladies animales d’importance économique. »

Premiers impacts attendus d’ici 2022

Et pour garantir un bon fonctionnement du système de surveillance, en adéquation avec le pays, l’approche se veut participative. « Les solutions techniques existent, mais ne sont pas toujours utilisées par les communautés, note Mathieu Bourgarel. Notre objectif est de créer une innovation adaptée aux besoins des populations, leurs moyens et modes de vie, pour qu’elles s’en emparent. » Les premiers résultats concrets pour les éleveurs – une diminution de la mortalité du bétail – sont attendus d’ici 2022.

Le Cirad participe, plus modestement, à l’autre grand volet du projet : l’amélioration de la résilience des systèmes de production au changement climatique. Ces effets se font déjà sentir comme le détaille Mathieu Bourgarel : « Depuis 20 ans, les précipitations sont de moins en moins prévisibles, et la productivité des systèmes agricoles familiaux est altérée. »
Grâce à des expérimentations sur champ et des modélisations numériques, l’unité de recherche Agroécologie et intensification durable des cultures annuelles (Aida) du Cirad va travailler à mettre au point des systèmes de production de fourrage plus performants et résilients. « En travaillant aussi sur l’économie autour de ces systèmes d’élevage, le projet doit permettre à terme d’augmenter de façon significative les revenus des éleveurs », conclut Mathieu Bourgarel.

L’initiative DeSIRA

L'initiative DeSIRA (Development Smart Innovation through Research in Agriculture) a été lancée lors du One Planet Summit de Paris en décembre 2017. Elle est portée par la Direction Coopération internationale et Développement de la Commission européenne (DG Devco) de l’Union européenne et s’articule avec la Fondation Bill & Melinda Gates. Elle vise à booster l'innovation dans l'agriculture et la transformation des systèmes alimentaires des pays partenaires pour les rendre plus résilients aux effets du changement climatique. Elle cherche à renforcer les partenariats de recherche (Europe et Sud), à promouvoir une science en partenariat avec les acteurs de développement, à se préoccuper d’une recherche qui vise l’impact.

En savoir +