Maladies animales : le Cirad en appui au Zimbabwe

Science en action 7 juin 2019
Renforcer l’autonomie du Zimbabwe dans la lutte contre les maladies animales, tel est l’objectif du projet CAZCOM coordonné par le Cirad. Trois axes d’appui sont au programme : la formation technique et académique, le développement des capacités en biologie moléculaire et la mise en place de systèmes de surveillances des maladies animales et zoonotiques*. CAZCOM a été officiellement lancé le 5 juin à la résidence de France du Zimbabwe. Au travers de 20 formations et de 640 heures de cours de Master, le projet va former 6 étudiants, 50 techniciens, ingénieurs et chercheurs, mais également 30 personnes aux techniques de diagnostic.
Male buffalo on grazing land in Zimbabwe © CIRAD, P. Poilecot

L’objectif principal du projet CAZCOM est de renforcer la lutte contre les maladies animales à fort impact économique en consolidant les capacités techniques du Zimbabwe, en favorisant l’accès aux techniques de pointe de biologie moléculaire et en développant une recherche locale de qualité. Au travers de 20 formations et de 640 heures de cours de Master, le projet va former 6 étudiants, 50 techniciens, ingénieurs et chercheurs, mais également 30 personnes aux techniques de diagnostic.

Une surveillance des maladies insuffisante

Le Zimbabwe a subi de profondes mutations, ces 30 dernières années, liées à une crise politico-économique. Les filières de production animale souffrent d’une absence de systèmes de surveillance pour le contrôle des maladies animales à fort impact économique (fièvre aphteuse, grippe aviaire, brucellose, theilériose bovine...). Le manque de moyens, de personnel qualifié et d’infrastructures en biotechnologie de pointe ne permet pas au pays de construire une réponse sanitaire adéquate et de lutter efficacement contre les maladies.

Changement climatique et maladies émergentes

Ces carences sont d’autant plus risquées dans un contexte de changement climatique qui tend à accentuer l’émergence des maladies chez l’Humain, les animaux domestiques et la faune sauvage. Les coûts sociétaux, environnementaux et économiques liés aux maladies émergentes sont considérables.
CAZCOM est financé, via l’Ambassade de France au Zimbabwe et au Malawi, pour une durée de 2 ans par le Fonds de solidarité pour les projets innovants du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères. Il est coordonné par le Cirad et mené en partenariat avec la Faculté des sciences vétérinaires de l’Université du Zimbabwe (UZ), les services vétérinaires du ministère de l’Agriculture et l’IRD.

Deux ans, une approche et trois domaines

Le projet propose une approche intégrative « One Health ». Ses activités de consolidation concernent trois domaines :

  • Renforcer les formations techniques et académiques : développement des modules de formation niveau Master (épidémiologie, contrôle des maladies vectorielles et pathologie, techniques en biologie moléculaire, outils pour la surveillance et le contrôle) ; création de liens entre les masters de sciences vétérinaires, de biologie et d’écologie ; encadrement d’étudiants en master.
  • Développer les capacités techniques en biologie moléculaire : création d’un plateau technique de biologie moléculaire pérenne de standard international au sein de la faculté des sciences vétérinaires de l’UZ ; formation du personnel à l’utilisation du nouveau plateau technique ; développement des collaborations scientifiques et des partenariats avec le secteur privé (éleveurs et laboratoires).
  • Instaurer une surveillance efficace et autonome des maladies : collecte d’échantillons biologiques pour déterminer les maladies qui circulent aux interfaces être humain-faune sauvage-bétail ; comprendre les modalités de transmission interespèces ; organisation de protocoles de suivis des dynamiques de circulation des maladies ; développement d’outils de diagnostic pour certaines maladies ; évaluation qualitative et économique des systèmes de surveillance ; identification de nouvelles stratégies de surveillance adaptées au contexte et au paysage agricole.

À l’issue du projet, les attendus sont de deux ordres : le Zimbabwe conduira des activités de surveillance sentinelle de différentes maladies d’importance pour la santé animale et/ou la santé publique et le pays sera doté de moyens humains et techniques permettant une réponse rapide en cas d’émergence de maladie. Ce projet va ainsi bénéficier à l’ensemble des éleveurs et des acteurs intermédiaires impliqués dans les filières animales, ils représentent 180 000 ménages soit 900 000 personnes. Il va également profiter à la faculté des sciences vétérinaire de l’UZ, aux départements techniques du ministère de l’Agriculture, à l’ensemble des instituts de recherche et des laboratoires privés et, plus globalement, à toute la sous-région d’Afrique australe en termes de gestion et contrôle des maladies animales transfrontalières.

Un dispositif en partenariat du Cirad au cœur de CAZCOM

CAZCOM est mis en œuvre dans le cadre du dispositif en partenariat Production et conservation en partenariat en Afrique australe (RP-PCP). L’efficacité du projet repose sur les collaborations existantes développées via ce dispositif. Fondé sur plus de 20 ans de collaboration entre les universités zimbabwéennes, le Cirad et le CNRS au Zimbabwe, le RP-PCP est le fruit d’un partenariat à long terme dans la recherche agricole et écologique pour le développement et la conservation.

* Les maladies zoonotiques ou zoonoses peuvent toucher aussi bien les humains que les animaux.