Podcast | L’élevage sahélien, source d’inspiration – Climat, cultiver les solutions (4/6)

Vient de sortir 23 juin 2023
Production de lait et de viande, moyen de transport, épargne ou apport d’engrais organiques pour les sols : au Sahel, les animaux remplissent tout un tas de fonctions dans des milieux pourtant hostiles aux activités humaines. Plusieurs territoires présentent d’ailleurs des bilans carbone neutres. Une véritable révolution pour le secteur, qui considère souvent le pastoralisme comme polluant et peu productif. Pour l’épisode quatre, embarquez pour le Sénégal !
Dans la région du delta du fleuve Sénégal, l’élevage pastoral concerne plus de 50 000 personnes, soit deux fois plus que les élevages sédentaires © R. Belmin, Cirad
Dans la région du delta du fleuve Sénégal, l’élevage pastoral concerne plus de 50 000 personnes, soit deux fois plus que les élevages sédentaires © R. Belmin, Cirad

Dans la région du delta du fleuve Sénégal, l’élevage pastoral concerne plus de 50 000 personnes, soit deux fois plus que les élevages sédentaires © R. Belmin, Cirad

Intervenants :

  • Paulo Salgado, agronome et zootechnicien au Cirad, spécialisé en nutrition animale
  • Tamsir Mbaye, géographe-forestier et directeur du Centre national de recherches forestières de l’Institut sénégalais des recherches agricoles (ISRA)

La digestion des ruminants est émettrice de méthane, un gaz à effet de serre puissant. L’élevage, surtout bovin, est régulièrement montré du doigt pour sa participation aux changements climatiques. Au Sahel, les systèmes pastoraux sont jugés peu productifs et donc particulièrement polluants : leur production de viande et lait serait insuffisante pour justifier leurs fortes émissions.

Or, les chiffres avancés sont basés sur les expériences des élevages intensifs des pays du Nord. Inadaptés aux réalités sahéliennes, ces mêmes chiffres servent à justifier le manque d’investissement dans une activité pourtant essentielle pour l’emploi et la sécurité alimentaire de la région. Pour cette raison, l’Union européenne a lancé en 2020 le projet de recherche CASSECS sur l’élevage pastoral sahélien. Parmi les objectifs : mettre à jour une méthode de calcul des émissions carbone adaptée aux races bovines et ovines locales et aux systèmes pastoraux.

Les premiers résultats dévoilent des bilans carbone neutres, voire négatifs, sur plusieurs des territoires étudiés. Les bêtes participent à la croissance des végétaux sur les parcours naturels, encourageant ainsi la séquestration de carbone. Les équilibres dont les éleveurs pastoraux sont capables, dans des milieux hostiles et arides, sont une véritable source d’inspiration pour imaginer des solutions durables face aux changements climatiques.

Nourrir le vivant, le podcast du Cirad

La population mondiale devrait atteindre dix milliards de personnes en 2050, faisant bondir la demande en produits agricoles. Or, nos approches conventionnelles de la production et de la consommation ne permettent pas de répondre durablement à cette augmentation. Entre pollution, perte de biodiversité, réchauffement climatique… comment ne pas scier la branche sur laquelle nous sommes assis ? Ce défi, colossal, nous impose de changer radicalement notre rapport au vivant. À travers son podcast Nourrir le vivant, le Cirad vous emmène à la découverte de territoires et populations qui réinventent leur agriculture. Accompagnés de scientifiques, agricultrices, formateurs, étudiantes, éleveurs, découvrez la force de transformation des systèmes agricoles, de la production alimentaire à l’emploi, en passant par la santé des écosystèmes.