Traite du zébu au Nigeria. B. Faye © Cirad

Lait

Les filières laitières sont en grande partie pilotées par les géants de l’agroalimentaire. Mais elles mobilisent aussi plus de 120 millions de petites fermes de par le monde. L’essor actuel de l’agro-industrie menace-t-il l’avenir à long terme de ces petits paysans ou constitue-t-il pour eux une opportunité de développement ? Comment arbitrer entre les impacts économiques, environnementaux et sociaux des politiques actuelles ? En lien avec les acteurs des territoires, le Cirad évalue la durabilité des transformations en cours. Avec ses partenaires, dans le cadre de programmes de recherche, de développement et de dispositifs de recherche et d’enseignement, il propose des innovations en vue de valoriser les interactions entre l’élevage et son environnement.

Les chiffres du lait

  • Environ 820 Mt de lait sont produits dans le monde chaque année, avec une croissance annuelle comprise entre 1 et 2 %.
  • Plus de 80 % du lait consommé provient des vaches laitières, 10 à 15 % de la bufflonne, moins de 4 % % des petits ruminants (brebis et chèvres), et moins de 1 % de la chamelle.
  • 118 millions de fermes laitières dans le monde, dont la taille moyenne est de 3 vaches par ferme - 70 millions sont en Inde.
  • La taille moyenne des fermes laitières en France et en Allemagne est de 65 vaches ; elle est de 94 aux Pays-Bas et 274 en Australie.
  • Aux Etats-Unis, plus de la moitié des vaches laitières sont élevées dans des « mégafermes » de plus de 1 000 vaches.
  • En 20 ans, la production laitière a augmenté de 60 % en Asie, de 45 % en Afrique et de 40 % en Amérique latine.
  • Depuis 20 ans, la consommation de lait a quasiment stagné dans les pays développés ; elle a augmenté de 100 % en Afrique et de 110 % en Asie.
  • Moins de 10 % de la production mondiale fait l’objet d’échanges internationaux : poudres de lait, fromages et beurre.

Les enjeux

Depuis la suppression des quotas laitiers dans l’Union européenne, le secteur est soumis à une compétition internationale croissante. Mais les perspectives de développement restent prometteuses : en particulier, le développement rapide de la consommation dans les pays du Sud, en particulier dans les pays émergents comme la Chine, devrait doper la croissance du marché.

Mais quels seront les acteurs et les régions qui sauront tirer parti de cette croissance ? Quels impacts aura le développement d’une production laitière de plus en plus intensive sur l’environnement ? En définitive, quels impacts aura le secteur laitier sur le développement durable des territoires ?

Pour les acteurs des filières laitières des pays du Sud ― pasteurs, agropasteurs, paysans, fermes commerciales, collecteurs, industries ― les enjeux sont nombreux :

  • Assurer le développement d’une production laitière respectueuse de l’environnement, en particulier faible émettrice de gaz à effets de serre, peu gourmande en intrants chimiques et en énergie fossile, et non polluante : développer pour cela les systèmes herbagers.
  • Promouvoir les complémentarités entre activités d’élevage et activités agricoles locales, en valorisant les sous-produits agro-industriels en aliments pour bétail, et les effluents d’élevage en fertilisants.
  • Sécuriser l’essor de la collecte et de la transformation de lait dans les bassins ruraux où le lait constitue une activité structurante.
  • Valoriser les avantages comparatifs des régions laitières, surtout lorsque les revenus de substitution sont limités.
  • Satisfaire une demande croissante en produits de qualité adaptés aux usages alimentaires et industriels locaux.
  • Préserver la diversité des savoir-faire, des ressources génétiques et des cultures laitières.
  • Anticiper et contrer les risques sanitaires majeurs.
  • Intégrer les exploitations familiales, responsables de la grosse majorité de la production mondiale, dans l’émergence de nouvelles certifications pour un « lait durable ».