30 ans de partenariat au Zimbabwe : l’innovation au service de la résilience des populations rurales

Événement 24 mai 2023
Au cours des 30 dernières années, le Cirad a mis en œuvre plus de 30 projets au Zimbabwe afin de fournir des solutions innovantes pour le développement durable du pays. Ces projets s'appuient sur une solide expertise en matière de gouvernance et de politiques publiques, de systèmes de production durables, d'agroécologie, de développement territorial, de santé animale, de forêts et de biodiversité, et de transformation des produits végétaux et animaux au profit des communautés rurales.
La zone de conservation transfrontalière du Kavango-Zambèze (KAZA) abrite une grande diversité d’écosystèmes et de paysages. Le projet SWM au KAZA encourage l’utilisation durable des ressources naturelles par les Conservatoires communautaires, notamment de la faune sauvage et à travers la pêche. © Brent Stirton-Getty Images for FAO, CIFOR, CIRAD, WCS
La zone de conservation transfrontalière du Kavango-Zambèze (KAZA) abrite une grande diversité d’écosystèmes et de paysages. Le projet SWM au KAZA encourage l’utilisation durable des ressources naturelles par les Conservatoires communautaires, notamment de la faune sauvage et à travers la pêche. © Brent Stirton-Getty Images for FAO, CIFOR, CIRAD, WCS

La zone de conservation transfrontalière du Kavango-Zambèze (KAZA) abrite une grande diversité d’écosystèmes et de paysages. Le projet SWM au KAZA encourage l’utilisation durable des ressources naturelles par les Conservatoires communautaires, notamment de la faune sauvage et à travers la pêche. © Brent Stirton-Getty Images for FAO, CIFOR, CIRAD, WCS

L’histoire du Cirad au Zimbabwe démarre en 1993 dans la province de Masvingo avec un projet sur la production caprine et une étude d’écologie comparée des bovins et des herbivores sauvages dans une vaste zone de ranchs mixtes près de Kadoma. En 1996, il met en œuvre le premier projet du FFEM intitulé "Conservation de la biodiversité et développement durable dans la moyenne vallée du Zambèze" afin de conserver la biodiversité et d'améliorer le niveau de vie des communautés de la moyenne vallée du Zambèze.

Depuis, le Cirad et ses partenaires ont considérablement élargi leurs domaines de recherche : gestion et utilisation durable des ressources naturelles ; conservation de la faune et gestion des aires protégées, systèmes de gouvernance, politiques régionales et locales dans les aires de conservation transfrontalières (TFAC) ; amélioration de la sécurité alimentaire et du niveau de vie des communautés rurales, en diversifiant leurs stratégies de production ; agriculture résiliente et changement climatique ; transition agroécologique, agriculture intelligente face au climat, gestion de l'agriculture et des ressources naturelles ; santé animale, épidémiologie et élevage, maladies émergentes, zoonoses et promotion de l'approche " One Health ".

Avec nos partenaires nationaux et régionaux, nous travaillons à accroître la résilience des populations rurales face au changement climatique, tout en développant des systèmes agricoles sains et durables dans un contexte de forte conservation de la biodiversité.

Elisabeth Claverie de Saint Martin
PDG du Cirad

Depuis les années 2000, la production agricole zimbabwéenne, autrefois très élevée, a fortement diminué. La structure du système agricole s'est déplacée des grandes exploitations commerciales vers les petites exploitations qui demandent un soutien adapté afin de renforcer la sécurité alimentaire, réduire la pauvreté et atteindre un niveau acceptable de production agricole.

Une étape importante consiste à promouvoir la production alimentaire durable des petits agriculteurs et à réduire la vulnérabilité des ménages ruraux face aux aléas climatiques (sécheresses), à accroître leur résilience aux chocs extérieurs en diversifiant les sources d'alimentation et de revenus, et à intégrer leur production dans des systèmes de marché rentables.

Concilier conservation des zones protégées et activités agricoles

75 % des terres communales se trouvent dans les régions agroécologiques, dites IV et V, souvent à proximité de parcs nationaux ou de zones de safari. Ces régions abritent les petits agriculteurs les plus pauvres, qui doivent être soutenus pour adapter leurs stratégies aux contextes de la vie à la périphérie des zones protégées. Pour atteindre cet objectif, le secteur agricole a besoin d'une recherche agricole appliquée et environnementale forte, participative et proactive afin de développer et d'adapter les outils agricoles à ce contexte spécifique, en accord avec les politiques du gouvernement zimbabwéen et les spécificités agroécologiques. 

En réponse à ces défis, le Cirad a mené des projets de recherche appliquée et de développement sans interruption, même pendant la période d'instabilité macroéconomique et d'hyperinflation où la pauvreté a augmenté dans les zones rurales. 

Dispositif de recherche en partenariat "Production et conservation en partenariat" (RP-PCP)

Au cours de ces trois décennies, le Cirad a établi de nombreuses collaborations avec des universités, des agences gouvernementales et des services techniques zimbabwéens. Le dispositif de recherche en partenariat "Production et conservation en partenariat en Afrique australe" (RP-PCP) est le résultat de ce partenariat à long terme dans le domaine de la recherche agricole et écologique pour le développement et la conservation de la biodiversité.

Créé en 2007, ce dispositif a pour objectif de renforcer les compétences régionales et nationales afin de favoriser plus efficacement la coexistence entre les modes de vie locaux et la conservation de la biodiversité dans les zones présentant de fortes interfaces entre les zones protégées et les zones communales, la faune et la flore, le bétail et les populations. À cette fin, cette plateforme très innovante réunit les principales universités zimbabwéennes (Université du Zimbabwe - UZ et Université nationale des sciences et technologies - NUST, Université de technologie de Chinhoyi - CUT et Université d'éducation scientifique de Bindura - BUSE), le Centre national français de la recherche scientifique (CNRS), l'IRD et le Cirad. Il promeut une recherche axée sur la demande, la formation par la recherche et favorise l'implication participative des communautés locales et des parties prenantes. Il s'attaque également à certaines des questions les plus difficiles d’Afrique australe, telles que les conflits pour l'accès aux ressources naturelles, la sécurité alimentaire dans les zones communales et l'émergence de maladies animales et humaines.

Au fil des années, le Cirad et ses partenaires ont franchi de nombreuses étapes et obtenu de nombreux succès dans le cadre du dispositif RP-PCP :
•    création de deux stations de recherche dans les périphéries des parcs nationaux de Hwange et Gonarezhou, 
•    conception du protocole de comptage du gibier de fond dans les parcs nationaux de Hwange, qui est toujours utilisé aujourd'hui, avec le Zim Parks en 1999,
•    étude de restauration de la végétation commencée en 1980 dans le parc national de Hwange pour fournir plus de 40 ans de données sur la dynamique de la végétation dans le parc,
•    création du premier ranch communal pour le gibier au Zimbabwe,
•    promotion de l'utilisation durable de viande de gibier dans les zones rurales où les communautés locales n'ont qu'un accès limité aux protéines animales,
•    plus de 1180 articles scientifiques et chapitres d'ouvrages publiés.

Exemples de projets en cours

A la périphérie des zones protégées

 

En matière de surveillance et contrôle des maladies animales

L'élevage joue un rôle essentiel dans l'économie du pays, en particulier dans les zones communales. Les maladies animales, et par extension les zoonoses, constituent une menace majeure pour la population du Zimbabwe en cas d'épidémie. Le Cirad et ses partenaires s'efforcent de développer, dans une approche " One Health ", un système de surveillance réactif pour faciliter le contrôle des maladies animales et zoonotiques.

 

En matière d'agroécologie pour faire face au changement climatique

Le Cirad étudie la contribution des pratiques agroécologiques à l'adaptation au changement climatique et à l'atténuation de ses effets pour les petits exploitants agricoles dans les zones subhumides à semi-arides du Zimbabwe. Des expériences approfondies en station et sur le terrain, menées conjointement avec les agriculteurs, ont permis d'obtenir des informations cruciales sur les processus du sol et des plantes qui contribuent à l'adaptation au changement climatique et à son atténuation, ainsi que sur la manière dont ces résultats peuvent être adaptés à la situation des agriculteurs.