Reportage avec les caféiculteurs Ougandais sous la pression du changement climatique

Science en action 5 décembre 2024
Le grain de café est la deuxième matière première la plus vendue au monde. Pourtant les cultivateurs de caféiers sont parmi les plus pauvres du monde. Une situation qui s’aggrave encore avec le changement climatique. Reportage photo sur le quotidien de ces agriculteurs en Ouganda.
Les cerises mûres fraîchement récoltées seront séchées sur une bâche au soleil ou dans un séchoir à l’abri de la pluie.
Les cerises mûres fraîchement récoltées seront séchées sur une bâche au soleil ou dans un séchoir à l’abri de la pluie.

Les cerises mûres fraîchement récoltées seront séchées sur une bâche au soleil ou dans un séchoir à l’abri de la pluie.

L’essentiel
  • L’Ouganda est le deuxième producteur de café d’Afrique après l’Éthiopie
  • Il est principalement exploité par des producteurs familiaux et constitue la première source de revenus de près de 70 % de la population du pays
  • Le projet ROBUST financé par l’Union européenne et mis en œuvre par le Cirad anticipe l’adaptation entre croisement de variétés locales et techniques d’agroforesterie.
 
Un photoreportage de Martin Champon, réalisé dans le cadre du projet ROBUST

Malgré un marché annuel de plus de 40 milliards d’euros en 2022, les agriculteurs du café sont parmi les plus pauvres du monde. Leurs cultures sont situées près de l’équateur en Asie, Amérique centrale et Afrique.

Dans la région des montagnes du Rwenzori, le sol d’origine volcanique est très fertile. L’agriculture y est très riche et diversifiée : café, vanille, bananes matooke, haricots, avocats, pommes de terre, etc.

En Ouganda, deuxième producteur de café d’Afrique après l’Éthiopie, plus de 70 % de la population travaille dans le secteur agricole. Les plantations de café sont principalement exploitées par des « petits producteurs », c’est-à-dire des familles qui cultivent leurs terres. Le café est l’une des principales sources de revenus pour ces familles (avec la vanille, le maïs et parfois le coton). Fabrice Pinard, agronome au Cirad et coordinateur du projet européen ROBUST précise qu' « en Ouganda, un proverbe affirme que le café ne ment pas. Il est le pilier central sur lequel se construit le quotidien de la famille, du village et du bourg voisin, sans jamais faire défaut. » 

Les revenus de ces cultures permettent aux familles d’acheter ce qu’elles ne produisent pas elles-mêmes (nourriture, vêtements, outils) et d’inscrire leurs enfants à l’école. Un vaste réseau de coopératives et d’usines permet aux producteurs de mettre en commun des ressources telles que des machines pour le séchage et le décorticage des cerises de café, des entrepôts pour le stockage des sacs de grains de café, des moyens de communication, ainsi que des compétences pour la facturation et la distribution. Les sacs sont finalement transportés par camion jusqu’au port de Mombasa au Kenya, d’où ils sont exportés vers les pays consommateurs.

Récolte des cerises de café dans une exploitation gérée par des nonnes.

Des agriculteurs travaillant avec des plants de café arabica en montagne trient les cerises fraîchement récoltées : ils retirent celles qui ne sont pas suffisamment mûres pour garantir un café de haute qualité.

Séchage de cerises de café en extérieur dans les montagnes du Rwenzori.

En dehors des routes principales, les pistes sont souvent en mauvais état, surtout pendant la saison des pluies. Le transport des marchandises des champs vers les centres de regroupement est l’un des plus grands défis pour les agriculteurs et les coopératives.

Comme toutes les productions agricoles, le café est affecté par les conséquences du changement climatique. D’une part, la quantité et la qualité des cerises récoltées sont déjà affectées par le manque de précipitations. D’autre part, la distinction entre les saisons des pluies et sèches devient moins marquée. Malgré des émissions moyennes de CO2 par habitant inférieures à 0,15 tonne par an, les agriculteurs ougandais s’adaptent déjà au changement climatique, largement induit par les pays développés.

Un plant de café meurt en raison de la sécheresse. Le changement climatique affecte la production de café en Ouganda, en particulier en réduisant la distinction entre les saisons sèches et humides, ce qui prolonge les périodes de récolte et pose de nouveaux défis logistiques pour les agriculteurs, les coopératives et les usines de café.

Déploiement du projet ROBUST financé par l’Union européenne et mis en œuvre par le CIRAD dans une coopérative. Ce projet vise à améliorer l’adaptation des plants de café robusta au changement climatique grâce à des croisements génétiques avec des plants de café robusta locaux et à des techniques d’agroforesterie.

Un chercheur au National Coffee Research Institute (NaCORI), partenaire du projet ROBUST.

 

Télécharger l’intégralité du reportage photo

 

 

En savoir plus

Face au changement climatique, l’Ouganda se lance dans la production de café Robusta en agroforesterie

Lire aussi

De nouvelles recommandations pour évaluer l'empreinte carbone de la culture du café

Le café menacé ? Miser sur l'agroforesterie et consommer autrement

Café, la grande épopée

Contact

Fabrice Pinard
Nairobi, Kenya