Vient de sortir 27 octobre 2025
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Nouveau rapport sur des systèmes alimentaires sains, durables et équitables
© R. Belmin, Cirad
L'essentiel
- Une transition des régimes alimentaires à l’échelle mondiale pourrait éviter jusqu’à 15 millions de décès prématurés par an.
- Les systèmes alimentaires sont le principal facteur de dépassement de cinq limites de la planète.
- Les systèmes alimentaires sont actuellement responsables d’environ 30 % des émissions totales de gaz à effet de serre dans le monde. La transformation des systèmes alimentaires pourrait réduire ces émissions de plus de la moitié.
- Moins de 1 % de la population mondiale vit aujourd’hui dans un espace « sûr et juste », où les droits et les besoins alimentaires des individus sont satisfaits sans dépasser les limites de la planète.
- Les 30 % de personnes les plus riches sont à l’origine de plus de 70 % des impacts environnementaux liés à l’alimentation.
Fort du succès de son rapport marquant de 2019, la nouvelle Commission EAT-Lancet – composée d’experts internationaux en nutrition, climat, économie, santé, sciences sociales et agriculture, issus de plus de 35 pays sur six continents , dont Damien Beillouin, chercheur au Cirad qui a réalisé la méta-analyse du rapport (Voir la figure 6, p. 1634 du rapport) – révèle qu’une transition mondiale des régimes alimentaires pourrait sauver environ 15 millions de vies prématurées chaque année. Parallèlement, une mobilisation mondiale pour transformer les systèmes alimentaires permettrait de rétablir l’équilibre planétaire et de réduire de plus de moitié les émissions annuelles de gaz à effet de serre liées à l’alimentation, par rapport à un scénario sans changement.
Vers des systèmes alimentaires plus équitables
Les conclusions de la Commission soulignent que des systèmes alimentaires équitables sont indispensables pour améliorer la santé et favoriser le développement social. Pourtant, moins de 1 % de la population mondiale vit aujourd’hui dans un espace « sûr et juste », où les droits fondamentaux et les besoins nutritionnels sont satisfaits sans menacer les limites écologiques.
Le rapport indique que près d’un tiers (32 %) des travailleurs du secteur alimentaire gagnent moins qu’un salaire vital. Dans le même temps, les 30% les plus riches génèrent plus de 70% des impacts environnementaux liés à l’alimentation, tandis que plus de 1 milliard de personnes souffrent encore de malnutrition, malgré une production calorique mondiale suffisante.
L’analyse met en garde : même en abandonnant totalement les énergies fossiles, les systèmes alimentaires pourraient, à eux seuls, faire dépasser le seuil de 1,5 °C de réchauffement. Le cadre des limites planétaires identifie neuf processus clés qui régulent la vie sur Terre. Six d’entre eux sont déjà franchis : climat, biodiversité, utilisation des sols, eau douce, pollution par l’azote et le phosphore, et dissémination de nouvelles entités (pesticides, antimicrobiens, microplastiques). Les systèmes alimentaires sont le principal responsable de cinq de ces dépassements et représentent environ 30 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Une refonte des systèmes alimentaires nous ferait gagner
L’analyse montre que la refonte des systèmes alimentaires pourrait rapporter 5 000 milliards de dollars par an, grâce aux gains en santé publique, à la régénération des écosystèmes et à l’adaptation au changement climatique – un retour sur investissement décuplé par rapport aux 200 à 500 milliards de dollars requis pour faire évoluer les systèmes alimentaires. Atteindre ces objectifs implique une action politique immédiate, une révolution des modes de consommation, ainsi qu’une redéfinition des mécanismes de financement internationaux pour soutenir des systèmes alimentaires justes, robustes et respectueux de l’environnement.
S’appuyant sur les dernières recherches et des modèles prédictifs innovants, ce rapport trace la voie pour nourrir 9,6 milliards d’individus d’ici 2050, en conciliant équilibre nutritionnel, justice sociale et préservation de l’environnement. Le rapport montre que des changements dans la manière dont nous produisons et consommons les aliments peuvent améliorer la santé mondiale, assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle, renforcer la stabilité et la résilience, et contribuer à des stratégies essentielles pour améliorer l’équité et les conditions de travail dans les systèmes alimentaires.
Une répartition plus équitable des ressources, des bénéfices et des coûts est indispensable pour que les systèmes alimentaires soient durables pour les populations comme pour la planète. Cela implique de garantir les fondements sociaux qui permettent le droit à l’alimentation, un travail décent et un environnement sain. La Commission affirme qu’une transformation véritablement efficace doit allier justice sociale et respect des limites planétaires, afin d’assurer un avenir sûr et équitable pour tous.
Combiner régimes sains, réduction du gaspillage alimentaire et meilleures pratiques de production
Dans le cadre de ses travaux, treize groupes de modélisation indépendants ont évalué les impacts potentiels d’une évolution des systèmes alimentaires sur cinq limites planétaires : climat, occupation des sols, eau douce, pollution par les nutriments et disséminations de nouvelles entités (pesticides, antimicrobiens, microplastiques).
Leurs conclusions soulignent que des transformations combinant l’adoption de régimes sains, la réduction du gaspillage alimentaire et l’amélioration des pratiques de production pourraient améliorer la santé humaine tout en allégeant la pression sur l’environnement. L’analyse, qui intègre des données variées (régimes alimentaires, résultats sanitaires, etc.), définit un espace opérationnel sûr et juste pour les systèmes alimentaires à l’échelle mondiale.
L’analyse fait ressortir une lacune commune à toutes les régions : les régimes alimentaires sont systématiquement déficitaires en fruits, légumes, noix, légumineuses et céréales complètes. Dans de nombreux endroits, l’analyse fait également apparaître que les régimes alimentaires contiennent un excès de viande, de produits laitiers, de graisses animales, de sucre et d’aliments excessivement transformés. S’appuyant sur les données existantes, la Commission 2025 a renforcé les preuves des avantages du régime alimentaire Planetary Health Diet, qui formule des recommandations pour une alimentation saine garantissant un apport nutritionnel adéquat, favorisant une santé optimale et pouvant être adaptée à différents contextes et cultures. Ce régime met l’accent sur une alimentation riche en végétaux, avec une consommation modérée et facultative d’aliments d’origine animale et une consommation limitée de sucres ajoutés, de graisses saturées et de sel. Il existe également des preuves solides que l’adoption d’une alimentation conforme au régime alimentaire pour la santé planétaire réduirait l’impact environnemental de la plupart des régimes alimentaires actuels.
Huit solutions proposées pour progresser
Sur la base des conclusions du rapport, la Commission présente huit solutions potentielles visant à faire progresser les objectifs en matière de santé, d’environnement et de justice :
- Préserver et promouvoir les régimes traditionnels sains
- Créer des environnements alimentaires accessibles et abordables, favorisant la demande en aliments sains
- Généraliser des pratiques de production durables (stockage du carbone, restauration des habitats, amélioration de la qualité et de la disponibilité de l’eau).
- Stopper la conversion agricole des écosystèmes intacts
- Réduire le gaspillage et les pertes alimentaires
- Garantir des conditions de travail décentes dans toute la chaîne alimentaire
- Assurer une représentation effective des travailleurs du secteur alimentaire
- Reconnaître et protéger les groupes marginalisés
Chaque solution s’accompagne d’un plan d’action concret, identifié comme essentiel pour transformer les systèmes alimentaires tels que l’intégration d’aliments traditionnels et sains dans les recommandations nutritionnelles, le soutien aux systèmes de semences locales, valoriser les pertes et des déchets alimentaires et développer les pratiques agroécologiques pour préserver les écosystèmes.
Le rapport appelle également à réformer les subventions pour rendre les aliments sains et nutritifs plus accessibles, et à mettre en place des mécanismes réglementaires et plaidoyers en faveur du travail décent et d’une représentation effective des acteurs des systèmes alimentaires. Une transformation équitable nécessite la formation de coalitions avec des acteurs tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du système alimentaire, l’identification des actions prioritaires, l’élaboration de feuilles de route nationales et régionales, le déblocage de financements et la mise en œuvre de plans collaboratifs. Ces actions fournissent un guide aux acteurs publics, privés et de la société civile afin qu’ils agissent ensemble pour réaliser des progrès significatifs.
Référence
The EAT–Lancet Commission on Healthy, Sustainable, and Just Food Systems ». The Lancet, octobre, S0140673625012012. https://doi.org/10.1016/S0140-6736(25)01201-2
À propos de EAT
EAT est une organisation internationale à but non lucratif, fondée par la Stordalen Foundation, le Stockholm Resilience Centre et le Wellcome Trust, engagée dans l’accélération de la transition vers des systèmes alimentaires mondiaux durables.
Notre vision : un système alimentaire mondial équitable et durable, au service de la santé des populations et de la planète, sans laisser personne de côté.
Nous fédérons scientifiques, décideurs politiques, entreprises et société civile pour transformer le système alimentaire mondial, en nous appuyant sur une science rigoureuse, des innovations audacieuses et des partenariats novateurs. https://eatforum.org/
À propos du groupe Lancet
Fondé par Thomas Wakley en 1823, The Lancet était à l’origine un journal médical généraliste indépendant et international, porté par la conviction que la recherche et la science doivent servir le progrès social et politique. Aujourd’hui, le groupe édite 26 titres, tout en restant fidèle à ses principes fondateurs : la médecine au service de la société, le savoir comme levier de transfor-mation, et la science comme moyen d’améliorer les conditions de vie. www.thelancet.com
A propos du Cirad
Le Cirad est l’organisme français de recherche agronomique et de coopération internationale pour le développement durable des régions tropicales et méditerranéennes. Avec ses partenaires, il co-construit des connaissances et des solutions pour des agricultures résilientes dans un monde plus durable et solidaire. Il mobilise la science, l’innovation et la formation afin d’atteindre les objectifs de développement durable. Il met son expertise au service de tous, des producteurs aux politiques publiques, pour favoriser la protection de la biodiversité, les transitions agroécologiques, la durabilité des systèmes alimentaires, la santé (des plantes, des animaux et des écosystèmes), le développement durable des territoires ruraux et leur résilience face au changement climatique. Présent sur tous les continents dans une cinquantaine de pays, le Cirad s’appuie sur les compétences de ses 1750 salariées et salariés, dont 1200 scientifiques, ainsi que sur un réseau mondial de 200 partenaires. Il apporte son soutien à la diplomatie scientifique de la France. www.cirad.fr