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Nouvelle politique de gestion de l’eau en Nouvelle-Calédonie : un processus de co-construction modèle
Captage de Pombeï, Nouvelle-Calédonie. © Olga Peytavi
Lancé début 2018, juste avant le premier référendum en Nouvelle-Calédonie, le processus participatif décrit dans cet ouvrage a été soutenu et piloté par deux représentants du gouvernement, le chargé de l'agriculture et le chargé des affaires coutumières, appartenant à deux partis politiques opposés.
De nombreux acteurs présents en Nouvelle-Calédonie, tels que miniers, agriculteurs et écologistes, ont pris part à la concertation.
Malgré la divergence des intérêts politiques et économiques, toutes et tous ont soutenu activement le processus et sont parvenus à le mener à bien.
Vers l’intégration des savoirs coutumiers dans la gestion des ressources
L’eau joue un rôle important dans les communautés kanak. « L'eau, c’est le lien » : le lien entre le Ciel et la Terre, entre la Montagne et la Mer, mais aussi entre les hommes et entre les clans.
L’eau claire, la « bonne eau », soutient la vie et maintient l'harmonie. À l’inverse, une eau trouble est synonyme de perturbation et de déséquilibre. Il ne s’agit pas d’une simple altération physique de l’eau, mais c’est le reflet d’un déséquilibre profond, d’ordre social ou spirituel. La sécheresse et le tarissement des sources sont ceux des liens sociaux.
L’ouvrage montre comment intégrer ces représentations de l'eau et les pratiques coutumières de gestion de l'eau dans la mise en œuvre d’une nouvelle politique de l’eau et de pratiques de gestion plus adaptées, bénéfiques à la fois pour l'environnement et pour la communauté.
Ainsi, le cas de la Nouvelle-Calédonie pourrait être une source d'inspiration pour les décideurs politiques et les gestionnaires de l’eau, en particulier pour intégrer les savoirs locaux notamment des populations autochtones dans la construction d’une gouvernance de l'eau.
Une stratégie construite sur des priorités communes
La concertation a conduit à la mise en place d’une part d’un schéma d’orientation pour une politique de l’eau partagée et d’autre part à la déclinaison de ce schéma d’orientation en plan d’action opérationnel, comprenant près de 700 mesures, visant à concilier et traiter simultanément trois enjeux : l'eau pour la nature, l'eau pour la santé et l'eau pour l'économie.
Ce plan s’articule autour de six objectifs stratégiques partagés et priorisés lors du processus participatif :
- Protéger les bassins versants et les ressources stratégiques, préserver les environnements.
- Fournir 150 litres d'eau potable par jour et par Calédonien.
- Faire de tous les Calédoniens des hydro-éco-citoyens.
- Tendre vers le zéro rejet d'eaux non traitées.
- Placer l'eau au cœur des projets d'aménagement, de logement et de développement économique.
- Mieux contrôler l'eau douce pour augmenter la production agricole locale.
Sommaire de l’ouvrage
L’ouvrage, intitulé Water Policy in New Caledonia. Participative Co-building of Water Governance in a Decolonization Process s’articule en 4 parties :
- Le contexte : une description des ressources en eau disponibles, des questions relatives à la qualité de l’eau, de l’équilibre entre les ressources et les usages ainsi qu’une analyse du pluralisme juridique spécifique à la Nouvelle-Calédonie.
- Des représentations de l'eau à la politique de l'eau : un regard sur les terres coutumières : cette partie revient sur l’impact de la colonisation et du développement minier sur la gestion de l’eau sur terres coutumières. Elle analyse les ontologies et les savoirs locaux autour de l’eau dans le monde Kanak.
- La politique partagée de l'eau et sa mise en œuvre : cette partie présente l’expérience participative menée en Nouvelle-Calédonie et propose une évaluation de l’impact de la concertation mise en place pour l'élaboration de cette politique.
- De nouveaux horizons pour la politique de l'eau : enfin, l’ouvrage explore l'avenir de la politique de l'eau en Nouvelle-Calédonie et résume les principaux enseignements qui peuvent être tirés de cette étude de cas dans le Pacifique.
À propos des éditrices
Caroline Lejars est chercheuse au Cirad et actuellement directrice adjointe d'une unité de recherche sur la gestion de l'eau (UMR G-EAU) à Montpellier. Ses recherches portent sur la gouvernance et la gestion des territoires hydrologiques, principalement en Afrique du Nord et dans le Pacifique. La plupart de ses travaux s'appuient sur des approches participatives visant à soutenir l'organisation d'actions collectives. Elle a mené et dirigé divers projets de recherche sur la gouvernance des eaux souterraines, les contrats et accords sur l'eau et la planification participative des politiques de l'eau. Elle a été chargée de cours à AgroParistech (2009-2010), professeure associée à l'Institut agronomique et Veterinaire Hassan II au Maroc (2011-2016) et à l'Institut Agronomique néo-calédonien (2016-2019).
Séverine Bouard est géographe. Ses recherches portent sur l'évaluation de l'importance de l'agriculture et de la chasse/pêche dans les moyens de subsistance des populations autochtones du Pacifique, dans le contexte de la marchandisation de la nature et des discours autochtones émergents sur la nature et les lieux. Elle s'intéresse particulièrement aux trajectoires des populations et des territoires, en mettant l'accent sur les changements sociaux à l'œuvre. Elle a participé ou dirigé plus d'une dizaine de programmes de recherche sur la gestion des ressources naturelles et a développé une pratique de recherche profondément ancrée dans le travail de terrain. Son objectif est d'analyser et de co-concevoir avec les parties prenantes des politiques publiques fondées sur les ontologies et les stratégies de subsistance autochtones et respectueuses de celles-ci.
Avec Caroline Lejars, elles ont dirigé le programme de recherche GOUTTE (Gouvernance de l'eau sur les terres coutumières en Nouvelle-Calédonie), sur lequel s'appuie cet ouvrage collectif. Séverine Bouard a rejoint le département de gestion environnementale de l'université de Lincoln (Nouvelle-Zélande) en mai 2025.
Référence
C. Lejars, S. Bouard (eds.), Water Policy in New Caledonia, Global Issues in Water Policy 32, https://doi.org/10.1007/978-3-031-88196-1