L’eau retenue dans les sols sénégalais : nouvelle cartographie à haute résolution

Résultats & impact 5 août 2024
Certains sols retiennent mieux l’eau que d’autres. Les sols riches en argile, par exemple, ont tendance à mieux retenir l’eau que les sols sableux. Connaître le volume d’eau que peut retenir un sol est crucial pour la conduite des pratiques agricoles, ou encore identifier les zones les plus vulnérables en cas de sécheresse ou de fortes pluies. Deux scientifiques du Cirad viennent de publier une carte qui détaille les capacités de rétention en eau des sols sur l’ensemble du territoire sénégalais.
La capacité de rétention en eau d'un sol est une information importante pour la conduite d'activités agricoles, particulièrement en zones semi-arides © R. Belmin, Cirad
La capacité de rétention en eau d'un sol est une information importante pour la conduite d'activités agricoles, particulièrement en zones semi-arides © R. Belmin, Cirad

La capacité de rétention en eau d'un sol est une information importante pour la conduite d'activités agricoles, particulièrement en zones semi-arides © R. Belmin, Cirad

Une nouvelle cartographie de la capacité de rétention en eau des sols sénégalais a été produite avec une précision inédite de 30 mètres de résolution spatiale. Ce type de données sert à l’appui à la prise de décision pour le suivi de campagnes agricoles et la prévention et la gestion des crises alimentaires. La carte peut donc servir à plusieurs services publics, comme l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (ANACIM) ou le Comité permanent inter-États de lutte contre la sécheresse dans le Sahel (CILSS). 

Carte de la capacité de rétention en eau du sol sur le territoire sénégalais © Jérémy Lavarenne, Cirad

Carte de la capacité de rétention en eau du sol sur le territoire sénégalais © Jérémy Lavarenne, Cirad

Adaptation au changement climatique, simulations de rendements, lutte anti-moustique…

Au Sahel, la variabilité climatique est de plus en plus marquée. Les précipitations deviennent irrégulières et les évènements météorologiques extrêmes, plus fréquents. Les territoires dont les sols possèdent une faible capacité de rétention en eau sont particulièrement vulnérables face à ces changements. Au contraire, une forte capacité de rétention en eau des sols pourrait jouer le rôle de tampon face à une pluviométrie de plus en plus instable, et assurer une meilleure résilience des cultures face aux aléas climatiques.

« En agronomie, quand on parle de la capacité de rétention en eau des sols, on fait référence à la quantité d’eau qui est accessible dans le sol pour la croissance des plantes, précise Louise Leroux, géographe au Cirad et deuxième co-autrice de la carte. C’est donc une donnée clé pour de nombreuses applications agronomiques, comme la modélisation et le suivi des rendements de cultures, la gestion de l’irrigation, ou encore l’évaluation des bilans fourragers. » 

Hors agronomie, les agences de santé qui luttent contre les maladies transmises par les moustiques peuvent s’aider de cette carte comme information complémentaire pour identifier les zones propices au développement des larves. Les études en hydrologie s’en servent quant à elles pour calculer le ruissellement en cas de pluies importantes : un sol déjà saturé en eau pourra jouer un rôle dans de potentielles inondations ou dégradations des sols par érosion.

Le sol, une éponge ? 

Selon Jérémy Lavarenne, ingénieur agronome au Cirad et co-auteur de la carte, « le sol fonctionne un peu à la manière d’une éponge. Sa capacité de rétention en eau dépend du nombre et de la taille de ses interstices. Dans les sols, les propriétés de ces interstices sont très liées à la texture, déterminée par la proportion en différents éléments particulaires que sont les éléments grossiers, les sables, les limons, et les argiles ». 

Schématiquement, avec de larges interstices, l’eau pourra difficilement adhérer par capillarité et aura tendance à percoler. Ces propriétés, combinées à la profondeur du sol, définissent sa capacité de stockage en eau. 

Description des différents seuils décrivant les capacités de rétention d’eau des sols © Emilie Bernard, Centre National de Recherches Météorologiques

Description des différents seuils décrivant les capacités de rétention d’eau des sols © Emilie Bernard, Centre National de Recherches Météorologiques

La carte a été produite grâce aux données de propriétés physiques des sols produites par iSDA Africa, au travers du modèle Rosetta3 du United states department of agriculture (USDA). Outre le Sénégal, une autre carte de même résolution est déjà disponible pour le Burkina Faso. 

Référence

Jérémy Lavarenne, Louise Leroux. 2024. High-resolution mapping of available water content in Senegal using iSDA Africa dataset and USDARosetta3 model. European Journal of Soil Science