Résultats & impact 21 octobre 2024
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Prédire le risque de déforestation : vers des cartes nationales à haute résolution

Forêt sur les rives du fleuve Kinabatangan, en Malaisie © A. Rival, Cirad
Les cartes de risque de déforestation servent à anticiper et à prioriser les actions de conservation sur les zones les plus vulnérables. Jusqu’à présent, les outils existants avaient des fonctionnalités limitées et ne permettaient pas forcément des études à l’échelle nationale dans les pays du Sud. C’est ce que propose Deforisk, un outil de cartographie du risque de déforestation sur de grandes échelles spatiales, et avec une haute résolution. Le logiciel a été conçu pour pouvoir être utilisé facilement via l’interface du logiciel QGIS, une application gratuite de système d’information géographique. Deforisk intègre un grand panel de variables et permet ainsi l’élaboration de cartes précises, tout en tenant compte des particularités régionales dans le processus de déforestation.
Ghislain Vieilledent est écologue au Cirad, à l’initiative de Deforisk. Il détaille : « l’utilisateur du logiciel peut s’appuyer sur différentes informations comme la topographie, le réseau routier, les limites de concessions minières, ou bien le réseau d’aires protégées et leur statut de protection, pour prédire le risque de déforestation. L’utilisation de jeux de données locaux, complétés par des données issues d’observatoires internationaux, permet des prédictions fidèles aux réalités du terrain ».
« Grâce à Deforisk, les politiques d’aménagement du territoire peuvent s’appuyer sur des cartes de risque solides, élaborées à l’échelle nationale ou locale, appuie Nadir Carolina Pallqui Camacho, chercheuse à la FAO. Pour de nombreux pays, c’est une aide de taille à l’élaboration de stratégies de lutte contre la déforestation. »
Deforisk a été développé par la FAO et le Cirad dans le cadre du projet AIM4Forest, et avec le soutien financier du Royaume-Uni.
Des prédictions fiables, localisées, gratuites
Deforisk construit des cartes prédictives où les zones à plus fort risque de déforestation sont identifiées en rouge. L’outil estime la probabilité de déforestation à partir de variables explicatives environnementales et de modèles statistiques spatiaux.
Sur cette carte du Guatemala créée via l'outil Deforisk, le couvert forestier est représenté par les pixels colorés. Les données sont issues de Tropical Moist Forest. Les pixels verts ont un faible risque de déforestation, tandis que les pixels tendant vers le rouge foncé ont un fort risque de déforestation. On voit bien ici la variabilité régionale du risque de déforestation avec des zones à risques et des zones a priori plus préservées, notamment au cœur de la forêt au Nord.
Le site de Deforisk donne accès à toute la documentation nécessaire à l’installation et à l’utilisation du logiciel, en anglais et en espagnol. Une traduction française est en cours. L’équipe de Deforisk propose par ailleurs des formations pour aider à la prise en main de l’outil et à l’obtention des cartes de risque de déforestation. Cela a notamment été le cas en juillet 2024, lors d’un premier atelier en Amérique du Sud auprès de fonctionnaires de ministères provenant de 6 pays partenaires : Brésil, Chili, Colombie, Équateur, Guatemala et Pérou. Deux autres ateliers de formation sont prévus courant 2025 : un à Bangkok en Indonésie, pour les pays d’Asie du Sud-Est ; un autre Brésil pour les états brésiliens.
Mieux intégrer les projets de lutte contre la déforestation au marché carbone
Ces cartes de risque sont par ailleurs nécessaires à la certification des crédits carbone, qui sont utilisés dans le cadre du programme REDD+. Ce programme international vise la réduction des émissions de gaz à effet de serre dues à la déforestation et la dégradation des forêts dans les pays tropicaux, via, entre autres, ce que l’on appelle la déforestation évitée. Et l’approche suivie par le logiciel Deforisk permet justement de répondre aux exigences de la méthodologie proposée par Verra, le principal organisme certificateur de crédits carbone au niveau mondial.
Malgré le questionnement sur la pertinence des crédits et de la compensation carbone, « qu’il serait plus juste de requalifier en contribution carbone » selon l'écologue, le programme REDD+ présente l’intérêt d’apporter des financements privés à la conservation des forêts. Un véritable atout lorsqu’on sait que les fonds publics internationaux ou nationaux restent limités. L’outil Deforisk facilite ainsi l’accès à ce type de financement pour les pays du Sud.
Pour en savoir plus sur Deforisk et sur l’atelier de juillet dernier, retrouvez ici l’article de la FAO :
Cartographier le risque de déforestation avec le nouvel outil Deforisk d'AIM4Forests