RITA : 10 ans d’innovations pour l’agriculture ultramarine

Résultats & impact 28 novembre 2023
C’est l’un des rares outils d’échange entre les différents territoires d’outre-mer. Depuis plus de 10 ans, les réseaux d’innovation et de transfert agricole créés à l’initiative du Ministère de l’Agriculture, des Collectivités territoriales, du Cirad et de l’Acta ont réussi à impulser une dynamique de collaborations inter-institutionnelle au service du monde agricole et de la transition agroécologique. Dans 8 territoires ultramarins, ils impliquent 150 structures autour d’une vingtaine de thématiques, grâce à l’implication des acteurs de la R&D des DROM-TOM. Bilan à l’occasion des 10 ans d’existence opérationnelle de ces réseaux et au démarrage d’une troisième phase d’existence qui associe désormais les chambres d’agricultures.
Les agricultrices et agriculteurs ultramarins font face à des contraintes et à des défis agronomiques communs © R. Carayol, Cirad
Les agricultrices et agriculteurs ultramarins font face à des contraintes et à des défis agronomiques communs © R. Carayol, Cirad

Les agricultrices et agriculteurs ultramarins font face à des contraintes et à des défis agronomiques communs © R. Carayol, Cirad

Assane Ben Ali, maraicher à Mayotte, en a fini avec les traitements chimiques grâce à des filets qui protègent ses courgettes, ses tomates et ses concombres des piqûres de mouches. En Guyane, des planteurs produisent désormais un chocolat de haute qualité grâce à des variétés de cacaoyers sélectionnées dans le cadre des Rita. Sur l’île de la Réunion, l’herbomètre péi permet aux éleveurs d’optimiser la taille des troupeaux et la durée de pâture. Les succès obtenus grâce aux RITA (Réseaux d’innovation et de transfert agricole) ne se comptent plus.

Depuis leur création en 2012, ces réseaux accompagnent le développement durable des productions locales animale et végétale dans huit territoires d’outre-mer*. Acteurs clefs du développement rural ultramarin, le Cirad et l’Acta ont été mandatés par le ministère de l’Agriculture pour l’animation du réseau RITA.

Des contraintes et des défis communs aux agricultures ultramarines

Enjeu de souveraineté alimentaire, d’adaptation au changement climatique, insularité et taille des marchés limitée, difficulté d’accès au foncier, dépendance aux intrants importés… Les agricultrices et agriculteurs ultramarins font face à des contraintes et à des défis agronomiques communs. « Les agricultures des Drom sont en transition et les agriculteurs et agricultrices veulent produire différemment ; cela génère un ensemble de défis à résoudre, d’expérimentations à conduire, d’initiatives à fédérer » atteste Frank Enjalric, chercheur au Cirad, co-animateur national des RITA.

Les Rita associent au total 150 structures et font collaborer agriculteurs, agronomes, ingénieurs, techniciens, enseignants, conseillers, agents de collectivité et membres de coopératives agricoles. Dans le cadre des RITA, ils travaillent ensemble sur une vingtaine de thématiques d’intérêt partagé telles que l’ingénierie agroécologique, la fertilité des sols, les systèmes agroforestiers, la gestion des prairies, la santé des cheptels, le bien être animal, la caractérisation et la qualité des produits, la diversification des productions ou encore l’agritourisme.

Des collectifs qui collaborent au niveau local et en inter-Drom

En 10 ans d’existence, les Rita auront permis d’organiser d’innombrables ateliers, visites et démonstration de terrain : transformation à la ferme, mise en place de parcours de volailles arborés, bonnes pratiques de soins vétérinaires, usage de plantes de services, visites de productions certifiées AB. « Croiser les regards et les expériences, partager des problématiques communes et rassembler tous les acteurs de la transition agroécologique facilitent le déploiement de solutions concrètes pour les agriculteurs et agricultrices, explique Frank Enjalric. Plusieurs rencontres inter-Drom sous l’égide de 2 projets (AgroEcoDom puis TransAgriDom ont également réuni à chaque fois 150 à 200 personnes ravies d’échanger et de construire ensemble ».

Les innovations ou bonnes pratiques identifiées ont été capitalisées et partagées sur COATIS, la plateforme collaborative des RITA. Ce système d’information rassemble de nombreux supports de conseil et de formation sous forme de guide, de fiches techniques et de vidéos.

En 2023, la concertation entre acteurs institutionnels a confirmé l’intérêt de ces réseaux comme lieu unique et singulier de partage d‘expériences sur des problématiques communes, de contribution à la construction des innovations aux bénéfices des agricultures des Drom pour la transition agroécologique.

Compte tenu de l’accélération du cadre de contraintes des agricultures face aux changements climatiques, du souhait des décideurs publics de renforcer la souveraineté alimentaire des territoires, et de l’importance de développer la performance des exploitations agricoles tant au plan économique qu’environnemental la phase 3 des RITA est en cours de préparation. Elle impliquera toujours pour son animation l’Acta, le Cirad et Chambres d’Agriculture France qui rejoindra cette animation nationale.

« Nous réalisons actuellement une large consultation de l’ensemble des acteurs des territoires afin de coconstruire un plan d’actions qui réponde à leurs enjeux, explique Sophie Cluzeau-Moulay co-animatrice des Rita et directrice outre-mer à l’Acta. Rendez-vous au Salon international de l’Agriculture 2024 pour le lancement de ce plan ».

* Guadeloupe, Martinique, Guyane, Mayotte, la Réunion, Nouvelle-Calédonie, Polynésie française, Wallis et Futuna.

Découvrir le projet Races Animales réalisé dans la cadre du RITA Mayotte