Transformation des systèmes alimentaires : une urgence absolue dans les zones vulnérables

Plaidoyer 23 août 2021
En amont du Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires, un groupe de scientifiques internationaux insiste sur la nécessité de prioriser les solutions pour des transformations durables et justes des systèmes alimentaires. Ils appellent les organisateurs du sommet à se concentrer sur les besoins et les défis des personnes vivant dans les régions vulnérables, dans un article publié jeudi dans Nature Food et coécrit par Étienne Hainzelin du Cirad.
© Bioversity International, N. Capozio
© Bioversity International, N. Capozio

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« Inverser la tendance alarmante de l’insécurité alimentaire croissante nécessite des transformations radicales vers des systèmes justes, durables et sains, en mettant explicitement l’accent sur les régions les plus fragiles. » Ainsi commence l’article de Nature Food co-signé par Étienne Hainzelin, chercheur au Cirad et spécialiste des systèmes alimentaires dans les pays tropicaux et méditerranéens. L’objectif est bien d’interpeller les organisateurs du Sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires qui se tient en septembre.

Si la nécessité de transformer les systèmes alimentaires est largement reconnue, la pandémie de Covid-19 a aggravé l’insécurité alimentaire dans les régions les plus vulnérables du monde, favorisant troubles sociaux et conflits.

Pour Cibele Queiroz, chercheuse au Stockholm Resilience Centre et première auteure de l’article : « Nous avons besoin d’un agenda politique avec un accent nettement plus fort sur les besoins et les défis des personnes vivant dans les régions vulnérables et fragiles. Ce n’est qu’en abordant ces défis d’une manière qui intègre à la fois les aspects sociaux et écologiques que nous pourrons toucher le cœur des problèmes de notre système alimentaire mondial. »

Les chercheurs présentent trois stratégies complémentaires à mettre en œuvre pour relever les défis des zones vulnérables au changement climatique et sujettes aux conflits en améliorant la sécurité alimentaire, ces approches devant bien sûr tenir compte des contextes locaux :

1. Arrêter l’expansion des terres agricoles, et investir dans la sécurité alimentaire locale

Pour établir la sécurité alimentaire à long terme, les objectifs mondiaux en matière de climat et de biodiversité doivent être atteints, le capital naturel étant une des conditions de résilience des populations démunies. L’expansion agricole doit être stoppée et les terres dégradées doivent être restaurées. La durabilité et la productivité des systèmes de production existants doivent également être améliorées.

2. Placer la diversité des paysages résilients au cœur des transformations des systèmes alimentaires

Préserver et renforcer la diversité des cultures, des élevages, ainsi que celle des pratiques agricoles, des organisations de marchés et de filières aidera à renforcer la résilience des systèmes alimentaires face aux chocs tels que les événements météorologiques extrêmes, les pandémies, les catastrophes naturelles ou les conflits et l’instabilité politique.

3. Construire des systèmes alimentaires résilients aux conflits

Investir dans la résilience et la durabilité à long terme des systèmes alimentaires en période de conflit peut améliorer les moyens de subsistance locaux et la sécurité alimentaire, et rendre les individus moins susceptibles d’être recrutés dans les conflits ou d’être poussés à la migration.

Lisez l’article complet dans la revue Nature Food.