Plaidoyer 25 novembre 2025
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- Méthodologie pour mesurer la dégradation forestière
Comprendre et mesurer la dégradation forestière : un nouveau cadre pour des politiques plus efficaces
Paragominas, situé dans l'État du Pará au Brésil. La région a connu une période de forte déforestation et dégradation forestière © L. Blanc, Cirad
Contrairement à la déforestation, la dégradation forestière ne se traduit pas par une disparition du couvert forestier, mais par une altération progressive de la capacité des forêts à fournir des services essentiels : biodiversité, stockage du carbone, régulation du climat ou ressources en bois.
Souvent provoquée par les feux de forêt ou la surexploitation, la dégradation précède et amplifie la déforestation. Problème : jusqu’à aujourd’hui, aucune méthode harmonisée ne permettait d’en rendre compte à grande échelle. Faute d’outil pour la définir et la mesurer, la dégradation forestière demeure l’angle mort des politiques publiques. Pour combler ce manque, un consortium Cirad/IRD/CNRS/Ecofor ont mis au point une nouvelle classification des forêts. Ce travail, financé par le comité scientifique et technique Forêt de l’AFD, est détaillé dans une nouvelle note de politique.
Un cadre scientifique reproductible et adaptable à différents contextes
Le principe de cette nouvelle méthode est simple : comparer la hauteur de canopée et le taux de couvert forestier observés à des valeurs de référence établies pour des forêts intactes de chaque type d’écosystème (forêt tropicale humide sempervirente, semi-décidue, sèche, etc.). Testée au Cameroun, cette approche permet de cartographier les forêts dégradées et d’affiner les estimations nationales, tout en restant compatible avec les outils internationaux de suivi (FAO, RDUE).
Vers des politiques plus cohérentes et inclusives
Cette avancée méthodologique ouvre de nouvelles perspectives pour les politiques publiques, notamment européennes. Elle pourrait permettre une révision de la définition de la « dégradation forestière » dans le RDUE (Règlement européen contre la déforestation et la dégradation), aujourd’hui jugée trop restrictive car elle exclut certaines causes majeures comme les incendies ou la surexploitation.
Au-delà de la régulation, cette approche pourrait aussi alimenter les mécanismes de financement innovants, tels que le Tropical Forests Forever Facility, visant à récompenser les efforts des pays forestiers pour préserver leurs écosystèmes.
Un appel à la concertation entre science et décision
Les auteurs rappellent enfin que mesurer ne suffit pas : la compréhension des dynamiques humaines à l’origine de la dégradation reste un chantier essentiel pour inverser la tendance. Ce policy brief invite donc à un dialogue renforcé entre chercheurs, décideurs et acteurs locaux, afin de construire des politiques de protection des forêts tropicales plus efficaces, justes et durables.