Le pari de la pluridisciplinarité et de l’interdisciplinarité scientifiques au service de l’élevage sahélien

Il y a 20 ans, partant du constat d’un système d’élevage mobile « pastoralisme » mal connu dans les zones sèches de l’Afrique, plusieurs institutions de recherche mettent en place une équipe pluridisciplinaire de recherche sur le sylvo-pastoralisme.
Le pôle pastoralisme et zones sèches voit le jour en mai 2001 sous la forme d'un groupement d’intérêt scientifique (GIS) . Il rassemble depuis son origine des scientifiques issus de l’Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra), de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), du Centre de suivi écologique (CSE) et du Cirad.

Un travail pluridisciplinaire favorisé par la proximité sur le terrain

Vingt ans plus tard, le pari est relevé. Le pôle fédère l’expertise conjointe de scientifiques issus des sciences sociales, de l’écologie, de la géographie ou encore des approches biotechniques. Cette pluridisciplinarité permet de contribuer aux grandes questions que soulève l’élevage en lien avec le secteur agricole, l’environnement, le niveau de vie et la sécurité alimentaire des populations de la région. 
Selon Sylvie Lewicki, directrice régionale du Cirad pour la zone sahélienne d’Afrique de l’Ouest et présidente du conseil d’administration du PPZS, « ce qui est remarquable dans le cadre du pôle, ce sont les relations de proximité construites au fil des ans par ce travail interdisciplinaire avec les éleveurs et les services techniques des ministères ». 
« Le pôle a acquis la confiance de tous les acteurs de la filière mais également des bailleurs, souligne-t-elle. On le voit aujourd’hui par le nombre de projets régionaux au service du pastoralisme en zones sèches ». 

Une contribution à plusieurs projets d’envergure

Résultat notable de ce travail au long cours : le pôle participe aujourd’hui à plusieurs projets d’envergure internationale. Le projet CaSSECS (2020-2023), financé par l’Union européenne doit permettre mieux quantifier l’impact de l’élevage sur le changement climatique et contribuer à l’élaboration de politiques d’élevage adaptées dans la région. Davantage axé sur la sécurité alimentaire et économique des populations, le projet Africa Milk (2018-2021) vise à sécuriser l’approvisionnement des laiteries en lait local, notamment par une intensification écologique de la production. Enfin, le pôle a contribué aux projets PRAPS 1 & 2 (projet régional d’appui au pastoralisme au Sahel, 2015-2021 2022-2028) sur le renforcement des compétences des acteurs de la filière. 
Le PPZS affiche une stratégie et des résultats qui séduisent les acteurs locaux, régionaux et internationaux. Le Cirad ne s’y est pas trompé et son soutien au dispositif passe par une dotation financière annuelle et, à ce jour, l’expatriation de six chercheurs sur le terrain. 

Le changement climatique imprime de nouveaux défis

A présent, en Afrique de l’Ouest, les éleveurs, acteurs majeurs dans la valorisation des espaces et des ressources naturelles, sont confrontés à de multiples changements en cours. Depuis plusieurs années, le changement climatique s’impose et entraîne des évolutions importantes dans les systèmes agro-pastoraux. Dans ces milieux particulièrement contraints, les évolutions sont d’ordre écologique, climatique, économique, social, politique, sécuritaire ou encore sanitaire ; tout cela conditionne les orientations futures des pratiques pastorales. Le PPZS soutient et accompagne ces mutations par la mise au point de savoir et savoir-faire au bénéfice des populations pastorales sahéliennes.