Maladies transmises par la faune sauvage : quelles priorités en matière politique et d’investissement

Vient de sortir 28 octobre 2020
Comment les maladies se propagent-elles de la faune sauvage à l’être humain ? Quelles actions mettre en œuvre pour limiter les risques et l’impact sur les sociétés ? Un livre blanc et un policy brief proposent des réponses permettant de prévenir, détecter les maladies et y réagir rapidement. Ces documents ont été produits dans le cadre du programme Sustainable Wildlife Management, dont le Cirad est partenaire, et présentés lors du Global Lanscape Forum le 28 octobre 2020.
Photo de couverture du livre blanc Build back better in a post-COVID-19 world – Reducing future wildlife-borne spillover of disease to humans: Sustainable Wildlife Management (SWM) Programme © FAO

Environ 75 % des maladies infectieuses émergentes aujourd’hui sont transmises à l’homme par des animaux, notamment la faune sauvage. Le SARSCov2 en est le parfait exemple, tout comme le virus Ebola ou le virus de Lassa.

Les recherches montrent que ces épidémies de maladies d’origine animale sont plus fréquentes, en raison principalement de la dégradation de l’environnement et de l’intensification de la production et du commerce d’animaux domestiques ou sauvages. Le développement des populations humaines, de l’urbanisation et des activités économiques contribue également à accroitre les interactions entre l’homme, la faune et les animaux domestiques.

Dans le cadre d’une étude approfondie financée par l’Union européenne, les décideurs politiques et les scientifiques ont examiné et analysé les informations issues de la recherche sur les causes des zoonoses et leur diffusion. Ce livre blanc et le policy brief qui lui est associé en sont les résultats.

Ils explicitent les raisons de la propagation des maladies de la faune sauvage vers l’être humain. Ils éclairent sur les actions à mettre en œuvre, notamment aux interfaces entre l’être humain, la faune et le bétail, à travers le triptyque : PRÉVENIR – DÉTECTER - RÉAGIR.
Ces trois principaux domaines d’actions nécessitent un soutien politique et des investissements.

PRÉVENIR

Les actions principales à entreprendre pour réduire les risques d’exposition de la faune sauvage aux agents pathogènes sont les suivantes :

  • Préserver l’intégrité des écosystèmes.
  • Réduire la demande urbaine en viande d’animaux sauvages.
  • Renforcer les contrôles du commerce des espèces sauvages.
  • Promouvoir la sécurité alimentaire et les normes d’hygiène.
  • Développer les systèmes alimentaires locaux durables et sûrs.

DÉTECTER

Afin de détecter et signaler les futurs foyers de zoonoses, il est recommandé de :

  • Renforcer l’évaluation et la cartographie des risques pour mieux cibler les stratégies de surveillance.
  • Développer des systèmes de surveillance efficaces et pérennes pour une détection précoce des émergences et une réponse rapide, basés sur la participation de tous les acteurs, y compris les communautés locales et le secteur privé.

RÉPONDRE

La réponse doit se faire au travers d’approches efficaces de type « Une seule Santé ». Elle intègre le fait que la santé humaine et la santé animale sont interdépendantes et liées à la santé des écosystèmes dans lesquels elles coexistent. Les actions principales à entreprendre sont les suivantes :

  • Mettre en place à l’échelon national des cadres de concertation et de planification intersectoriels impliquant l’ensemble des acteurs concernés : santé, élevage, faune, forêt, environnement, aménagement du territoire, etc.
  • Soutenir la collaboration, la coordination, la planification et les réponses communes de ces différents acteurs.
  • Renforcer les cadres juridiques en particulier ceux relatifs à la santé animale, à la gestion de la faune sauvage et à la sécurité alimentaire.
  • Promouvoir la formalisation des régimes fonciers afin d’améliorer la gestion communautaire des terres et des ressources naturelles, et des politiques d’aménagement du territoire inclusives.
  • Renforcer l’engagement politique face aux zoonoses.

Le livre blanc souligne en outre la nécessité de prendre en compte et d’impliquer les populations, y compris autochtones, qui dépendent des espèces sauvages pour leur alimentation, leurs revenus et leur identité culturelle. Il s’agit de mettre en place une approche globale fondée sur les risques.
Le livre blanc et le policy brief ont été produits dans le cadre du programme Sustainable Wildlife Management, avec la contribution du Cirad ainsi que de l’Union européenne, de l’Organisation des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OACPS), l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Centre pour la recherche forestière internationale (CIFOR) et la Wildlife Conservation Society (WCS).

Sustainable Wildlife Management
Le programme Sustainable Wildlife Management (SWM) est une initiative internationale visant à améliorer la conservation et l’utilisation durable de la faune dans les écosystèmes des forêts, des savanes et des zones humides. Des projets de terrain sont mis en œuvre dans 13 pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique. L’objectif est d’améliorer la réglementation de la chasse, d’augmenter l’offre de produits carnés et de poissons d’élevage produits de manière durable, de renforcer les capacités de gestion des communautés autochtones et rurales, et de réduire la demande en viandes sauvages, en particulier dans les villes.
En savoir plus : www.swm-programme.info