L’histoire du cacaoyer remonte à l’an 5000 av. J.-C. Née en Amérique, la culture du cacao s’est développée auprès des Olmèques, Mayas et Aztèques, qui l’utilisaient notamment pour des boissons rituelles ou encore comme monnaie. C’est suite à la découverte de l’Amérique par les Espagnols que le cacao a été introduit en Europe : au début peu apprécié à cause de son goût amer, il gagne rapidement en popularité avec l’ajout de sucre, de vanille et d’autres épices. Aujourd’hui, plus de 7 millions de tonnes de chocolat sont consommées chaque année au niveau mondial, l’Europe en est le plus gros consommateur.
La culture du cacaoyer, au début exclusivement présente aux Amériques, a été exportée dans le 19e siècle dans un contexte de colonisation vers d’autres continents au climat tropical, notamment en Asie et en Afrique.
Le cacao : une filière face à de nombreux défis
Pour répondre à la forte demande du marché tout en étant confrontés à une faible productivité de cacaoyers anciens ou mal entretenus, les producteurs ont cherché de nouvelles parcelles. La surface dédiée à la culture du cacao a ainsi quasiment triplé et représente actuellement environ 12 M de ha au niveau mondial, versus seulement 4,4 M de ha dans les années 60. Cette explosion des surfaces a contribué à une déforestation à grande échelle, notamment en Afrique. En Côte d’Ivoire et au Ghana, la cacaoculture est responsable de 30 % de la déforestation.
En vue de l’entrée en vigueur du Règlement européen contre la déforestation (RDUE), les pratiques doivent évoluer afin de permettre aux producteurs de produire les mêmes quantités, sans agrandir les surfaces.
Un moyen de subsistance pour des millions de petits producteurs
Le secteur fait vivre 40 à 50 millions de personnes dans le monde, dont 5,5 millions de productrices et producteurs familiaux et 14 millions de travailleuses et travailleurs ruraux. Seulement 10 % de ces femmes et de ces hommes ont un revenu décent, et certains producteurs ont recours au travail des enfants.
De plus en plus de producteurs s’engagent dans des productions plus respectueuses de l’environnement, sans recourir au travail des enfants, gage de revenus décents.
Maladies et ravageurs menacent les récoltes
Les cacaoyers sont très sensibles aux attaques par des maladies ou des ravageurs. En Indonésie, 30 à 40 % des cacaoyers sont attaqués par des insectes ravageurs, ce qui diminue la qualité des fèves et leur productivité. En Afrique de l’Ouest, les plantations sont menacées par le Swollen Shoot, un virus propagé par des cochenilles farineuses. Cette maladie entraîne une perte de productivité de 25 % en première année, de 50 % la deuxième année, et la mort des cacaoyers atteints sous quelques années.
Deux maladies graves sont également présentes sur le continent américain : la moniliose (due à Moniliophthora roreri) et le balai de sorcière (dû à Moniliophthora perniciosa).
Des perturbations climatiques ont des répercussions sur le cours du cacao et le prix d’achat
Aujourd’hui, l’Afrique assure environ 70 % de la production mondiale, la Côte d’Ivoire et le Ghana sont devenus respectivement les premier et deuxième pays producteurs en volume. Ces pays ont vu leur rendement baisser de 15 % en 2023, suite à des pluies abondantes ayant perturbé la floraison et provoqué une maladie. Les difficultés continuent en 2024 et font doubler le cours du cacao qui atteint 12 000 $ la tonne en fin d’année. En 2025, le niveau de production s’améliore, les récoltes sont meilleures et l’offre ainsi que le cours du cacao se stabilisent.
Le cadmium, source d’inquiétudes pour les consommateurs
Soulevée depuis plusieurs années en Amérique latine, la présence de cadmium dans le cacao interroge aujourd’hui les consommateurs. Ce métal lourd nocif pour la santé est naturellement présent dans certains sols. Xavier Argout, généticien du cacaoyer au Cirad, explique les recherches en cours pour accompagner les producteurs vers une production de cacao à la fois durable, compétitive et respectueuse de la santé des consommateurs.
Quelles recherches pour y faire face ?
Le Cirad travaille avec ses partenaires à la structuration de la filière afin de faire face à ces multiples défis. Une feuille de route pour ses recherches a été élaborée pour 10 ans avec 4 priorités : réhabiliter les cacaoyères par la mobilisation de l’agrobiodiversité ; contribuer au développement de marchés combinant durabilité et qualité de la production ; connaître, maintenir et promouvoir la diversité génétique du cacaoyer ; renforcer l’autonomie et les capacités des producteurs et productrices de cacao.
À titre d’exemple, il co-construit avec les producteurs des systèmes agro-forestiers répondant à plusieurs problématiques : les plantes barrières limitent la propagation de maladies dans les plantations et peuvent, en parallèle, représenter des revenus complémentaires pour les producteurs ou encore séquestrer du carbone.
Plusieurs années d’expérimentation en agroforesterie démontrent les bénéfices de l’agroforesterie.
Et plus récemment, les résultats du projet Cocoa4Future en Côte d’Ivoire identifient des leviers concrets pour renforcer la résilience des systèmes cacaoyers, la durabilité territoriale et le soutien des producteurs.
Après cinq années de recherche et d’expérimentation conduites en Côte d’Ivoire, au Ghana et au Cameroun, le projet Cocoa4Future s’achève avec des résultats majeurs pour la transition agroécologique de la filière cacao. Les avancées scientifiques et technologiques obtenues permettent aujourd’hui d’envisager des modèles de production plus durables, résilients et adaptés aux défis actuels de la région.
En parallèle, des travaux sur l’amélioration génétique du cacaoyer sont menés afin de proposer aux agriculteurs des variétés plus productives, plus résistantes aux maladies.
The main objective of the BOLERO project is to design new methods for breeding rootstocks in tropical arboriculture to improve the resilience of the polyculture and agroforestry systems of smallholder coffee and cocoa producers.