Root of Manioc  © Gustavo, Adobe Stock

Racines et tubercules

Les plantes amylacées à racines et tubercules tropicales - manioc, patate douce, igname, taros ou « RT », jouent un rôle essentiel dans la sécurité alimentaire des populations des zones tropicales dans un contexte de croissance démographique et d’urbanisation rapide, notamment en Afrique. Le Cirad dispose sur ces filières d’une solide expertise, qui va de la génomique aux technologies après-récolte en passant par l’amélioration variétale, la santé des plantes, les systèmes de culture et l’économie des filières. L’approche du Cirad est pluridisciplinaire et souvent novatrice.

Les chiffres

Les racines et tubercules, un apport alimentaire essentiel, en particulier en Afrique

Ensemble, les racines et tubercules (RT) totalisent près de 832 millions de tonnes (37 % en Afrique) ; et hors pommes de terre, 464 millions de tonnes dont 60 % en Afrique (FAOSTAT, 2018). Le manioc représente la production la plus importante avec 278 millions de tonnes au niveau mondial (dont 61 % en Afrique), suivi de la patate douce (92 Mt dont 28 % en Afrique), de l’igname (72 Mt- 97 % en Afrique) et des taros et macabos (11Mt -80 % en Afrique).
Au niveau mondial la consommation de RT est d’environ 70 kg/habitant/an contre 147 kg pour les céréales.
En Afrique ces chiffres sont d’environ 150 kg/habitant/an pour les deux groupes de produits (avec cependant des teneurs en matière sèche différentes de 90% pour les céréales, 30-40% pour les RT). Dans certains pays africains les niveaux de consommation sont beaucoup plus élevés. Au Congo on consomme 250 kg de manioc par habitant et par an, 220 au Ghana. Au Nigeria près de 120 kg de manioc et 105 d’igname., au Bénin respectivement 110 et 155 kg. Hors Afrique seul le Paraguay affiche une consommation importante de RT tropicales avec plus de 120 kg de manioc /habitant/an.

C’est donc bien sur le continent africain que se situent les enjeux stratégiques pour ces filières. Pour ces produits les exigences en termes de qualité sont élevées correspondant à des préparations culinaires locales spécifiques auxquels les consommateurs sont très attachés.

Les enjeux

Une productivité encore loin de son potentiel

Les RT tropicales ont fait l’objet de beaucoup moins d’investissements pour leur amélioration que les céréales ou même la pomme de terre dont les 2/3 de la production provient des zones tempérées. Les rendements moyens sont relativement faibles (10 t/ha) par rapport à leur potentiel, parfois supérieur à 100 t/ha. Les marges de progrès restent donc importantes alors que le rendement des céréales plafonne dans les agricultures les plus intensives.

Transformation et conservation : les voies pour une meilleure qualité

De par leur caractère périssable à l’état brut lié à leur faible teneur en matière sèche (20 à 40%), les RT sont souvent transformées (séchage, fermentation) pour stabiliser le produit et le rendre plus facilement utilisable par le consommateur. Ces techniques souvent artisanales sont cependant de plus en plus industrialisées, pour répondre à la demande des marchés urbains en croissance rapide et au changement des modes de consommation et développer des produits aux propriétés fonctionnelles et nutritionnelles innovantes recherchés par l’industrie agroalimentaire.

Des innovations pour la filière à forte croissance de l’amidon de manioc

Seul le manioc fait l’objet d’une transformation industrielle à grande échelle, en Asie et en Afrique, pour la production d’amidon à des fins alimentaires et non alimentaires (biopolymères, éthanol). Ces filières agro-industrielles en forte croissance demandent des systèmes de production et de transformation nouveaux.

Les racines et tubercules plus résilientes face au changement climatique

Face au changement climatique, les RT sont considérées par la plupart des études prospectives comme plus résilientes que les plantes à graines (céréales, légumineuses) et devraient voir leurs zones de production s’étendre, notamment en Afrique. Cependant, ce potentiel encore largement sous-exploité pourrait être menacé par l’émergence et l’expansion de nouvelles maladies (telles les viroses du manioc, CMV et BSV). Le mode de multiplication par voie végétative favorise en effet la dissémination de ces maladies en l’absence de systèmes semenciers efficaces et sûrs.

Compte tenu du contexte présenté, les filières à base de Racines et tubercules vont croître et leur rôle dans la sécurité alimentaire et l’agroéconomie se renforcer à l'avenir. C’est particulièrement le cas en Afrique, où le doublement attendu de la population dans les prochaines décennies, l’urbanisation rapide et les modifications des modes d’alimentation créent un besoin croissant en aliments transformés, faciles à préparer et à consommer.

Les besoins en recherche pour soutenir l’évolution de ces filières sont importants et en croissance. Aussi, le Cirad offre une large gamme de compétences et d’expertises.