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Nexus agriculture - alimentation dans le Pacifique - NAAP
Champ traditionnel d’igname associée à d’autres tubercules (taro, manioc) ainsi qu’à d’autres cultures (fruitiers - papayer; Légumes, tomate, ambrevade, …) © Julien Drouin, Institut Agronomique Calédonien
Valoriser l’agriculture traditionnelle pour renforcer la diversité alimentaire et l’autosuffisance dans le Pacifique
L’agriculture traditionnelle occupe encore une part significative des populations du Pacifique et préserve les agriculteurs de régimes alimentaires trop sucrés et salés. Pour autant, cette agriculture offre une alimentation peu diversifiée, notamment en fruits et légumes frais, et pourrait ainsi contribuer davantage à des régimes équilibrés.
Cette agriculture traditionnelle peut donc constituer un véritable levier, insuffisamment valorisé, pour contribuer à la diversité alimentaire des populations rurales par l’accès direct à leur propre production, et qu’elle offre des perspectives de transformation des systèmes agricoles et alimentaires vers une meilleure autosuffisance et des régimes plus sains pour l’ensemble de la population. Une action de recherche pluridisciplinaire et intégrée peut permettre des recommandations pour l’amélioration des performances des systèmes alimentaires.
Ce projet se positionne sur les terrains et thématiques sur lesquels nous avons déjà des acquis, de partenaires solides et des perspectives de développement.
- En Nouvelle-Calédonie, territoire sur lequel nous déployons l’ensemble du projet ;
- Wallis et Futuna, territoire sur lequel nous déploierons partiellement les travaux, dans une perspective plus exploratoire ;
- Au Vanuatu, pays dans lequel des variétés de plantes traditionnelles seront proposées sur la base de leurs performances agronomiques et nutritionnelles
Au-delà de ces 3 territoires, le Pacifique sera plus largement intégré dans les analyses bibliographiques et la consultation et le traitement des statistiques disponibles. Les recommandations à l’issue du programme porteront également sur les perspectives de travail dans d’autres terrains et pays dans les années à venir.
Le projet est structuré en 3 grandes composantes articulées, déclinées de façon spécifique dans les 3 terrains en fonction des problématiques et capacités partenariales respectives.
Composante 1. Caractérisation des grandes dynamiques des systèmes alimentaires
Une description des systèmes alimentaires, dans les territoires du projet, mais aussi dans d’autres pays pour lesquels les statistiques sont les plus fiables sera réalisée. Cette recherche vise à identifier les taux de couverture de la production locale par produits ou famille de produits en s’appuyant sur les données de douanes (import et export d’aliments) et les données de production et de transformation locales. Par ailleurs, la structuration de l’offre (locale et importée) et sa distribution spatiale dans ces territoires seront observées.
À cette exploration des données seront ajoutées des enquêtes qualitatives auprès d’acteurs clés et experts des systèmes alimentaires concernés, uniquement en Nouvelle-Calédonie et à Wallis et Futuna.
Composante 2. Enquêtes auprès des ménages ayant une activité agricole, documentation des pratiques agricoles et alimentaires
Les travaux menés par le Cirad et l’IAC ont montré une forte contribution de l’agriculture en tribu à la production locale de l’île, en particulier sur les tubercules. Ces travaux ont aussi montré l’importance de cette activité dans la vie sociale des populations. Plus récemment, on a pu constater, dans les communautés du nord de la Nouvelle-Calédonie, qui maintiennent des pratiques régulières de dons et d’échanges, que les risques de surconsommation de produits sucrés étaient réduits.
Ainsi des enquêtes permettant de caractériser les ménages en fonction de leur système d’activité, de leur système de cultures et d’élevage, de leurs pratiques agricoles, de leurs pratiques sociales et de leur comportement alimentaire permettront de répondre aux questions suivantes :
- Quelle est la contribution de l’agriculture traditionnelle à l’alimentation et leur potentiel de production ?
- Avoir une forte activité agricole permet-elle de consommer moins de nourriture importée / ultra-transformée / sucrée ?
- Quel est le rôle et la place du non-marchand dans la valorisation des productions agricoles et dans l’alimentation ?
- Quelles sont les formes de diversification des cultures privilégiées et permettent-elles une diversification des régimes alimentaires ?
- Quels sont les impacts des bioagresseurs sur les espèces cultivées et in fine sur l’accès à l’alimentation ?
En Nouvelle-Calédonie, les travaux comprendront des enquêtes auprès d’un échantillon de plus de 1000 ménages statistiquement représentatifs des ménages des tribus, conduites via l’administration de questionnaires. Il s’agira de documenter la structure de ces ménages et de leur exploitation agricole, leur système d’activités, mais aussi leurs systèmes de culture et d’élevage, les quantités produites et leurs performances technico-économiques. Ces données seront complétées par le relevé de leurs pratiques alimentaires. À Wallis et Futuna, le même dispositif sera mis en place auprès de 300 ménages environ.
En Nouvelle-Calédonie, des modules spécifiques seront également élaborés pour capter les dimensions techniques des pratiques agricoles, notamment en lien avec l’agrobiodiversité et la gestion des bioagresseurs des cultures.
Composante 3. Leviers agronomiques pour augmenter de la diversité et la sécurité alimentaires
La sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations dépend de l’agro biodiversité des systèmes agricoles dans la mesure où les espèces et variétés cultivées vont permettre d’avoir une alimentation de qualité et diversifiée. Cependant, la plupart des cultures alimentaires du Pacifique sont toutes à multiplication végétative. C’est le cas des bananiers, du chou des îles, de l’arbre à pain et des plantes à racines et tubercules (RT) pour lesquelles on constate une érosion de la diversité génétique. Leur vulnérabilité à l’introduction de bioagresseurs exotiques est également un problème.
Ainsi la diversité génétique disponible pour les différentes plantes, et la présence des bioagresseurs a un impact direct sur la diversité et la qualité alimentaires. Les leviers disponibles pour la recherche dans ces deux domaines seront examinés, en articulant nos travaux aux acquis et résultats de la composante 2 sur les pratiques et savoirs des ménages agricoles.
Performances agronomiques et nutritionnelles de la diversité cultivée
Un inventaire spécifique et variétal de l’agro biodiversité cultivée est réalisé en s’appuyant sur les connaissances préexistantes et sur des données actualisées issues d’enquêtes. En Nouvelle-Calédonie, la diversité des espèces et des variétés produites par l’agriculture traditionnelle est estimée par des mesures et prélèvements complémentaires aux enquêtes de la composante 2 sur des espèces d’intérêt. Un accent est mis sur l’analyse de la qualité nutritionnelle des productions en fonction des ressources génétiques disponibles et des facteurs agronomiques. Ceci constituera un outil pour mieux orienter la diversification de la production locale et influer sur les comportements alimentaires.
Une synthèse des variétés utilisées pour les différentes cultures traditionnelles sera fournie pour le Vanuatu et la Nouvelle-Calédonie. Certaines cultures seront ciblées de façon plus spécifique, l’arbre à pain et le chou des îles en particulier, pour lesquelles sur les collections existent déjà en Nouvelle-Calédonie et au Vanuatu. Des collaborations seront alors développées avec le Centre Technique de Recherche agronomique du Vanuatu, basé à Santo. Enfin, une parcelle de démonstration mise en place en collaboration avec le Centre d’appui et du développement rural Loyaltien CADRL à Maré en Nouvelle-Calédonie sera enrichie de nouvelles cultures issues des prospections de terrain.
Protection agroécologique des cultures (PAEC) en favorisant l’agro biodiversité
Une synthèse des différents bioagresseurs (insectes ravageurs, bactéries et virus phytopathogènes) des cultures traditionnelles sera réalisée. Des prélèvements et piégeages sur les mêmes sites d’étude permettront le mieux caractériser les niveaux de population et la diversité et donc l’impact des bioagresseurs. Les bioagresseurs ciblés seront priorisés en fonction des premiers travaux sur les systèmes alimentaires et les résultats des enquêtes.
Les moyens de luttes traditionnels (jachères, rotations, mélanges de variétés et d’espèces, utilisation de plantes répulsives) contre les principaux bioagresseurs, limitant la diversité alimentaire, seront aussi caractérisés. Les pratiques identifiées dans la composante 2 seront complétées par des méthodes de lutte innovantes qui seront testées via la parcelle de démonstration puis pourront être proposées aux agriculteurs.
Partenaires contractuels :
- IAC : Institut Agronomique néo-Calédonien
- VARTC: Vanuatu Agricultural Research and Technical Centre
Autres collaborations :
- IRD : Institut de Recherche pour le Développement
- Lincoln University (Nouvelle-Zélande)