L’Afrique face à une injustice climatique

Événement 27 juin 2023
Le continent africain est celui qui émet le moins de gaz à effet de serre. Pourtant, les pays africains sont parmi les plus vulnérables aux effets du dérèglement climatique, d’autant qu’ils peinent à bénéficier de financements internationaux pour s’adapter. Ces spécificités ont donné lieu à une conférence « Changement climatique en Afrique » organisée le 13 juin dernier par Agropolis fondation et le Cirad. Trois autrices et auteurs du GIEC se sont exprimés sur ce qu’ils qualifient d’injustice environnementale. Rencontre avec deux d’entre elles.
Feu de brousse en Afrique de l'Ouest © R. Belmin, Cirad
Feu de brousse en Afrique de l'Ouest © R. Belmin, Cirad

La combinaison des fortes chaleurs et de sècheresses intenses offrent des conditions propices aux feux de brousse @ R. Belmin, Cirad

Dans son dernier rapport de synthèse, le Giec souligne que ceux qui contribuent le moins aux émissions de gaz à effet de serre sont aussi les plus vulnérables aux bouleversements du climat, et c’est le cas des pays africains. Si c’est bien l’Europe et l’Arctique qui subiront les plus fortes hausses de températures, l’Afrique et en particulier l’Afrique subsaharienne connait déjà une intensification des périodes de sècheresse, et dans un futur proche ce seront les zones méditerranéennes et australes du continent qui seront les plus touchées par le manque de pluie. La situation est d’autant plus inquiétante dans la mesure où ces populations sont particulièrement vulnérables aux effets du changement climatique. « C’est lié au fait que l’économie du continent dépend beaucoup de l’agriculture et qu’elle est souvent informelle » explique Aida Diongue Niang, météorologue et conseillère technique à l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim) au Sénégal et autrice au sein du Groupe I du Giec (Principes physiques et écologiques du changement climatique).

Pour Nadia Maïzi, directrice du Centre de mathématiques appliquées de Mines ParisTech et autrice au sein du Groupe III du Giec (Moyens d’atténuer le changement climatique) : « ne pas être à l’origine des dérèglements climatiques et en subir de plein fouet les conséquences constitue un fait d’injustice frappant. À cela s’ajoute la difficulté de récolter les fonds nécessaires pour adapter le continent. D’après le Giec, il faudrait multiplier par 3 à 6 fois le niveau de financement actuel sur les questions d’adaptation et d’atténuation ».

Vers une solidarité climatique ?

« Aucun pays ne doit avoir à choisir entre lutte contre la pauvreté et protection de la planète », déclarait Emmanuel Macron la semaine dernière lors du Sommet de Paris pour un nouveau pacte financier mondial, organisé à son initiative. L’objectif de l’évènement est de bâtir un nouveau contrat entre le Nord et le Sud. À cette occasion treize responsables politiques, dont Joe Biden, Macky Sall, Olaf Scholz, Luiz Inacio Lula da Silva ou encore la Première ministre de la Barbade Mia Mottley, affirmaient leur mobilisation « pour améliorer le bien-être des populations partout sur la planète » dans une tribune au « Monde ». La prise de conscience de l’injustice climatique semble avoir fait son chemin. Se transformera-t-elle en actions concrètes et efficaces pour faire face à l’urgence climatique ?

Replay de la conférence