Palmier à huile © A. Rival, Cirad

Palmier à huile

Première plante oléagineuse au monde, le palmier à huile est une culture stratégique pour de nombreux pays tropicaux. Son expansion rapide génère de nouvelles questions de recherche dans de nombreux domaines, non seulement agronomiques, mais aussi environnementaux, sociaux, économiques et politiques. Au-delà d'une implication historique dans la sélection variétale et dans la gestion des fumures, les recherches du Cirad ont désormais pour objectif de minimiser les impacts de la production sur les ressources.

Originaire d’Afrique tropicale, le palmier à huile est largement cultivé dans les zones tropicales, notamment en Asie. De tout temps, il a procuré vivres, matériaux et produits de soin et d’hygiène. Premier fournisseur de corps gras végétal, il produit deux huiles simultanément : l’huile de palme et l’huile de palmiste. L’huile de palme, dont les principaux producteurs sont la Malaisie et l’Indonésie, est utilisée à 80 % pour l’alimentation humaine et pour la fabrication de dérivés à usages industriels.

Un élégant palmier originaire d’Afrique

Le palmier à huile est un élégant palmier originaire du golfe de Guinée. Il doit son nom d'espèce, Elaeis guineensis, au grec ancien elaia qui signifie olive, en raison de ses fruits riches en huile. De tout temps, il a été exploité en économie de cueillette, pour l’alimentation en Afrique tropicale. Il est arrivé en Amérique du Sud au XVIe siècle et seulement au début du XXe siècle en Asie, à Sumatra d’abord puis en Malaisie, où il a pris son essor à partir des années 1960.

Les feuilles, ou palmes, entourent et protègent le bourgeon végétatif. De nouvelles feuilles sont émises en continu au centre de la couronne alors que les plus vieilles sont élaguées ou se dessèchent. Elles mesurent de 6 à 9 mètres et comptent plus de 300 folioles lamelliformes disposées sur plusieurs plans. La base de la feuille, ou pétiole, est bordée d’épines acérées.

Le tronc, ou stipe, de diamètre constant et non ramifié, présente les sections losangiques des feuilles qui ont été coupées, disposées en spirales.

Les fleurs sont réunies en inflorescences, les unes mâles, les autres femelles, et apparaissent à l’aisselle de chaque palme, excepté en cas d’avortement précoce.

Les fruits, très riches en huile, sont des drupes ovoïdes, charnues, réunies en « régimes » pouvant peser de 1 à 60 kilos. A l’âge adulte, un régime mûr pèse en moyenne 15 à 25 kilos et porte environ 1 500 fruits.

Les fruits présentent une peau lisse qui protègent une pulpe huileuse et fibreuse, elle-même recouvrant une coque noire très dure. Cette coque, percée de 3 pores germinatifs, contient une amande ovoïde pleine appelée « palmiste ». L’ensemble coque et amande constitue la graine du palmier. L’amande présente en son pourtour 1 à 3 embryons très petits qui, en se nourrissant à ses dépens après germination, donneront 1 à 3 plantules.

Les différents types de palmier à huile

Il existe trois types principaux de palmier à huile, qui se distinguent par l’épaisseur de la coque de leurs fruits :

  • le type dura est caractérisé par sa coque épaisse ;
  • le type pisifera est reconnaissable à son absence de coque, mais ce palmier est femelle stérile, et ne produit des fruits que très exceptionnellement ;
  • le type tenera, hybride des deux précédents, est caractérisé par sa coque mince. C’est la pollinisation d’une inflorescence d’un palmier dura par du pollen d’un palmier pisifera qui donne 100 % de semences de l’hybride tenera, utilisées dans toutes les plantations aujourd’hui.

On différencie aussi les types par la pigmentation des fruits. Le type nigrescens, le plus courant, est noir puis brun rouge à maturité. Le type virescens, vert avant maturité, devient orange. Le type albescens a une pulpe qui ne contient pas de caroténoïdes.

Originaire d’Amérique latine, Elaeis oleifera est une espèce voisine d’Elaeis guineensis. Croisé avec son cousin africain, ce palmier donne un hybride interspécifique à croissance en hauteur lente, résistant à certaines maladies. Sa production d’huile est en cours d’amélioration. Son huile très rouge est d’excellente qualité et se rapproche par sa composition de l’huile d’olive.

Les palmeraies

Les meilleures productions sont obtenues sur des sols profonds. Elles nécessitent 2000 heures d’ensoleillement annuel, plus de 1800 mm de pluie bien répartie toute l’année, des températures moyennes de 28 °C, des températures minimales supérieures à 20 °C et une hygrométrie supérieure à 60 %.

Qu’elles soient familiales ou agro-industrielles, les plantations doivent se fournir en semences sélectionnées auprès d’institutions agréées : pour planter un hectare avec 143 palmiers, il faut commander 200 graines germées.

La fertilisation représente une charge importante dans les coûts d’exploitation, mais elle est indispensable pour optimiser les productions et maintenir la fertilité des plantations.

L’association avec des cultures vivrières ― maïs, manioc, bananier plantain, igname, riz, arachide, gombo, piment… ― est fréquente dans les exploitations familiales pendant les 2 ou 3 premières années improductives du palmier, lorsque son encombrement est encore faible.

Une récolte manuelle permanente

Après 1 an de pépinière et 3 ans de croissance végétative, la récolte peut commencer. En augmentation jusqu’à l’âge de 8 ans, la production se stabilise ensuite, puis décline après 20 ans de culture.

La récolte est réalisée tous les 10 à 15 jours. Du fait de cette fréquence, la mécanisation n’a jamais réussi à s’imposer ni techniquement ni économiquement. Le récolteur, équipé de son outil, observe chaque palmier afin de détecter les régimes mûrs, les couper et les sortir de la parcelle en même temps que les fruits détachés.

Les régimes doivent être récoltés à bonne maturité, lorsque les premiers fruits se décrochent spontanément : la synthèse de l’huile est alors achevée et la quantité d’huile maximale. Les régimes sont ensuite acheminés à l’huilerie.

Tant que les régimes sont à hauteur de récolteur, ils sont coupés avec un ciseau de récolte ou une machette. Dès que les régimes apparaissent plus hauts, on utilise une faucille fixée à l’extrémité d’une perche. Ce n’est pas le déclin de la production qui oblige à replanter vers 25 ans, mais la grande difficulté de récolte de palmiers de plus de 12 mètres de hauteur.

Les maladies et ravageurs

Le palmier à huile compte de nombreux ravageurs et maladies, qui peuvent avoir des conséquences graves sur la croissance et la production. Les rongeurs (rats, agoutis…), porcs-épics et sangliers s’attaquent aux très jeunes palmiers en dévorant le bourgeon terminal. Les insectes Limacodidae provoquent des défoliations entraînant des baisses de production.

Un gros coléoptère, Oryctes spp., s’attaque au palmier dès la plantation. Il creuse une galerie au niveau du bourgeon terminal et la nouvelle feuille émise présente une découpe en arête de poisson. La multiplication des gîtes larvaires, constitués par les stipes en décomposition des palmiers abattus pour la replantation, favorise la prolifération du ravageur. Les dégâts peuvent être considérables dans une jeune plantation si une lutte intégrée n’est pas appliquée.

En Afrique, le palmier à huile est victime d’une maladie fongique, la fusariose. En Asie du Sud-Est, la pourriture basale du stipe à Ganoderma a une incidence croissante en replantation. En Amérique latine, la pourriture du cœur est responsable de pertes importantes : des plantations entières ont ainsi été ravagées en Colombie, au Brésil, au Surinam et en Equateur.

Le palmier à huile, premier producteur de corps gras végétal

Premier fournisseur de corps gras végétal devant le soja, le palmier à huile produit deux huiles. L’huile de palme rouge est extraite de la pulpe du fruit. L’huile de palmiste, de couleur ivoire, est issue de l’amande, ou palmiste.

L’huile de palme est extraite sur les lieux mêmes de production, dans les 48 heures qui suivent la récolte, après cuisson des régimes (stérilisation), égrappage puis pressage des fruits et décantation. Les huileries modernes sont de grande capacité ― 20 à 120 tonnes de régimes frais par heure ― tandis que les huileries artisanales traitent moins d’une tonne par heure, sinon par jour. L’huile brute obtenue est d’une belle couleur rouge, due à la présence de caroténoïdes.

L’huile de palme

L’huile de palme est utilisée à 80 % pour l’alimentation humaine : margarine, matière grasse végétale de base, huile alimentaire, huile de friture et graisses spécialisées. Elle entre aussi dans la fabrication de dérivés à usages industriels : acides gras, savons et cosmétiques, savons industriels, encres, résines, esters méthyliques. L’huile de palme rouge doit alors être raffinée, blanchie et désodorisée, puis séparée en ses différents composants.

L’industrie agroalimentaire est une grande consommatrice d’huile de palme et de ses dérivés : pâtisseries industrielles, produits de chocolaterie, confiseries, glaces et même substituts de repas diététiques. Bien souvent ces produits sont fabriqués avec des mélanges d’huiles végétales (palme, soja, colza, tournesol), les unes pouvant se substituer aux autres en fonction de leurs prix relatifs. Dans de nombreux pays d’Afrique, l’huile de palme sert traditionnellement d’huile de cuisson.

Résistante aux hautes températures, l’huile de palme est surtout utilisée dans les bains de friture. Elle se comporte comme les huiles de maïs, tournesol, soja ou colza, riches en acides gras essentiels. Le raffinage n’affecte que peu sa teneur en antioxydants (tocophérols et tocotriénols). A l’état brut, sa forte teneur en caroténoïdes accroît le taux de vitamine A du sang d’où son effet préventif sur certaines maladies des yeux.

L’huile produite en Amérique latine à partir de l’hybride interspécifique E. guineensis x E. oleifera, plus riche en acides gras insaturés et en caroténoïdes que l’huile de palme standard, est considérée comme un équivalent tropical des huiles d’olive.

L’huile de palme peut aussi être utilisée comme carburant dans les moteurs diesels, soit à partir de l’huile pure, soit après transformation en esther méthylique, mélangé au gazole.

L’huile de palmiste

L’huile de palmiste fait partie des huiles lauriques, au même titre que l’huile de coco, avec 39 à 54 % d’acides gras lauriques.

Dans les huileries de palme, après pressage et extraction de l’huile de palme, les coques de noix sont cassées, les amandes récupérées et séchées. Elles sont ensuite acheminées vers de grandes unités de trituration de graines pour l’extraction de l’huile de palmiste (50 % du poids sec d’amande de palmiste). Cette huile représente 8 à 10 % de la production d’huile de palme, soit un appoint appréciable dans le bilan économique de cette filière.

Les débouchés de l’huile de palmiste sont nombreux : huile de cuisson en mélange avec d’autres huiles végétales, margarine, savonnerie et cosmétique, oléochimie.

Bioénergies, engrais et autres sous-produits d’huilerie

 

Dans le domaine des bioénergies, les fibres sont brûlées dans des chaudières spéciales qui produisent de la vapeur d’eau sous pression pour la stérilisation des régimes et la fabrication de l’énergie électrique nécessaire au fonctionnement de l’usine. Les huileries de palme sont autosuffisantes en énergie et contribuent à l’électrification des villages voisins. La fermentation des effluents d’huilerie produit du gaz méthane utilisable pour le fonctionnement de groupes électrogènes ou de motopompes.

Les rafles, ce qui reste du régime après égrappage, sont riches en matière organique et éléments fertilisants. Elles sont retournées dans les palmeraies en l’état ou après compostage comme amendement, réduisant d’autant les besoins d’engrais chimiques dans la plantation. Le tourteau de palmiste et les effluents d’huilerie servent à fabriquer des aliments pour le bétail.

Outre le fruit, d’autres parties sont utilisées : la sève fermentée (vin et alcool de palme), le cœur (chou palmiste), le stipe (ébénisterie), les palmes (toitures)…