Podcast | Une terre à vendre – S. 5 Ép. 2

Vient de sortir 25 octobre 2024
Les transactions foncières à l’international ne sont pas une nouveauté. Elles sont en revanche souvent décriées pour leur manque de transparence ou leur caractère injuste envers les populations locales, qui sont rarement consultées avant la vente. Récemment, les observatoires internationaux constatent une nouvelle ruée liée à la demande croissante en minerais pour la transition énergétique, qui s’accompagne d’une opacité croissante des acquisitions de terres. Un contexte qui pousse la recherche à se rapprocher des communautés et à devenir un pont entre le terrain et certaines institutions internationales.
Au Suriname, construction d'une route en pleine foret pour accéder aux concessions foncières ou minières © ILC
Au Suriname, construction d'une route en pleine foret pour accéder aux concessions foncières ou minières © ILC

Au Suriname, construction d'une route en pleine foret pour accéder aux concessions foncières ou minières © ILC

Avec :

  • Jérémy Bourgoin, géographe au Cirad et à l’International Land Coalition (ILC) 
  • Ward Anseeuw, chef de l’équipe foncière à la FAO

Entre 2000 et 2020, la Land Matrix enregistre 1865 transactions de terres à l’international. En termes de superficie, ces acquisitions concernent 33 millions d’hectares, soit l’équivalent d’un pays comme l’Italie ou les Philippines. A l’époque, la plupart de ces achats est liée à des investissements agricoles. Quinze ans après, les observatoires internationaux sur le foncier, comme la Land Matrix, révèlent l’avènement de nouvelles tendances. Les achats pour des terres agricoles sont de moins en moins nombreux, tandis que ceux liés à la transition énergétique des pays du Nord explosent. De nouvelles mines ouvrent un peu partout, essentiellement sur des territoires déjà en forte insécurité foncière, et parfois alimentaire. En parallèle, les échanges de terre passent entre les mains d’agents financiers, souvent des fonds d’investissements basés dans des paradis fiscaux.  

Au Suriname, la communauté des Saamakas se bat contre des concessions minières et forestières accordées par le gouvernement sur leurs terres. Des représentants ont lancé un appel à l’International Land Coalition pour documenter ces transactions. Entre accès aux données, mutualisation des approches et défense des droits des populations locales, la recherche ne peut pas être neutre. Car répondre à la question « à qui appartient la terre ? » est déjà une démarche éminemment politique.

« Quelles agricultures pour demain ? » : la saison 5 du podcast du Cirad

À l’occasion des 40 ans du Cirad, Nourrir le vivant vous propose de revenir sur quelques-uns des grands enjeux du monde agricole. Biodiversité cultivée, crédits carbone, conflits fonciers… Au Sud comme au Nord, l’agriculture se transforme. Et si, pour mieux envisager l’avenir, on jetait un coup d’œil dans le rétroviseur ?

Nourrir le vivant, le podcast du Cirad

La population mondiale devrait atteindre dix milliards de personnes en 2050, faisant bondir la demande en produits agricoles. Or, nos approches conventionnelles de la production et de la consommation ne permettent pas de répondre durablement à cette augmentation. Entre pollution, perte de biodiversité, réchauffement climatique… Comment ne pas scier la branche sur laquelle nous sommes assis ? Ce défi, colossal, nous impose de changer radicalement notre rapport au vivant. À travers son podcast Nourrir le vivant, le Cirad vous emmène à la découverte de territoires et populations qui réinventent leur agriculture. Accompagnés de scientifiques, agricultrices, formateurs, étudiantes, éleveurs découvrent la force de transformation des systèmes agricoles, de la production alimentaire à l’emploi, en passant par la santé des écosystèmes.