Un nouveau partenariat pour des systèmes alimentaires plus durables et équitables

Institutionnel 18 juin 2021
La plateforme de partenariat de transformation des systèmes alimentaires par l’agroécologie a été lancée le 3 juin 2021 lors d'un événement parallèle à la 48e plénière du Comité de la sécurité alimentaire mondiale. Retour sur ce lancement international de haut niveau qui a rassemblé des représentants de plusieurs pays, dont la France, déjà engagés dans les transitions agroécologiques.
Lors du lancement de la plateforme de transformation par l'agroécologie, le 3 juin 2021.
Lors du lancement de la plateforme de transformation par l'agroécologie, le 3 juin 2021.

Lors du lancement de la plateforme de transformation par l'agroécologie, le 3 juin 2021. 

La production alimentaire est la principale cause de perte de biodiversité dans le monde. Elle est également responsable d'environ un tiers des émissions mondiales de gaz à effet de serre et entraîne une dégradation généralisée des ressources en terre et en eau, dont elle dépend.

Le 3 juin 2021, la plateforme de partenariat de transformation par l'agroécologie (Agroecology TPP) a été lancée lors d'un événement parallèle à la 48e session plénière du Comité de la sécurité alimentaire mondiale (CFS 48). Cette nouvelle initiative internationale a pour but d'être le fer de lance de la transition vers l'agroécologie. Plus de 460 personnes en provenance de 56 pays ont participé à l’événement qui rassemblait des représentants de plusieurs nations mettant en œuvre des transitions agroécologiques.

  • en comblant les lacunes en matière de connaissances et de mise en œuvre des bonnes pratiques,
  • en coordonnant le travail des partenaires clés et 
  • en fournissant des données probantes pour informer les décideurs, les praticiens et les donateurs.

 

Si nous voulons préserver la santé de notre planète et assurer la durabilité humaine, les gouvernements du monde entier ne doivent pas hésiter à adopter des politiques audacieuses.

Gotabaya Rajapaksa
Président du Sri Lanka

« Si nous voulons préserver la santé de notre planète et assurer la durabilité humaine, les gouvernements du monde entier ne doivent pas hésiter à adopter des politiques audacieuses, a déclaré Gotabaya Rajapaksa, président du Sri Lanka et l'un des nombreux orateurs de haut niveau présents lors du lancement. Ces politiques doivent soutenir la conservation écologique, aider à lutter contre la perte de biodiversité et permettre aux populations de réaliser leurs aspirations économiques de manière plus durable », a-il complété.
Le Sri Lanka a récemment interdit les importations d'engrais artificiels et de produits agrochimiques dans le cadre d'une « transition nationale nécessaire de longue date vers un système d'agriculture biologique plus sain et plus écologique », a déclaré le président Rajapaksa, ajoutant que le gouvernement sri-lankais soutiendra les agriculteurs et les entreprises agroalimentaires dans la transition agroécologique par le biais de subventions et d'achats de riz paddy à prix garantis.

La France, quant à elle, soutient les pays du Sud dans l'adoption de pratiques agroécologiques. Le pays a contribué à hauteur de 600 millions d'euros au lancement de l'accélérateur de la Grande Muraille verte, qui a eu lieu à Paris, pour lutter contre la désertification dans le Sahel africain. En novembre 2020, la France a également accueilli le sommet Finance en commun, qui a lancé une nouvelle coalition de banques publiques de développement dirigée par le Fida. Cette coalition a pour ambition d'améliorer l'accès au financement des petits exploitants et des petites entreprises agroalimentaires.

Pour la France, il est urgent de transformer nos systèmes actuels vers des systèmes alimentaires durables et résilients qui permettent à chacun d'accéder à une alimentation de qualité, saine, sûre, diversifiée et produite de manière durable.

Céline Jurgensen
Ambassadrice et représentante permanente de la France auprès de la FAO

« Pour la France, il est urgent de transformer nos systèmes actuels vers des systèmes alimentaires durables et résilients qui permettent à chacun d'accéder à une alimentation de qualité, saine, sûre, diversifiée et produite de manière durable », a déclaré l'ambassadrice Céline Jurgensen, représentante permanente de la France auprès de la FAO.

« La France appelle à un changement de paradigme afin qu'une approche agroécologique puisse remplacer la révolution verte des dernières décennies pour répondre aux défis climatiques, environnementaux et sociaux auxquels nous sommes tous confrontés aujourd'hui, au Nord comme au Sud », a complété Céline Jurgensen.

Aujourd’hui, le transfert de connaissances et les bonnes intentions ne suffisent plus.

Pio Wennubst
Ambassadeur de la mission permanente de la Suisse auprès des Nations Unies à Rome

Parmi les autres panélistes, les représentants de la Suisse et du Sénégal ont souligné le rôle des institutions et des projets internationaux pour faciliter la transition vers l'agroécologie dans la perspective du pré sommet des systèmes alimentaires de l'ONU (26-28 juillet).
« Aujourd’hui, le transfert de connaissances et les bonnes intentions ne suffisent plus, a déclaré Pio Wennubst, ambassadeur de la mission permanente de la Suisse auprès des Nations unies à Rome. Nous avons besoin d'une autre façon de discuter et de nous connecter avec le monde sur ces questions. »
Le Sénégal, par exemple, travaille avec la FAO pour réduire l'utilisation des pesticides chimiques grâce au programme de production intégrée et de lutte contre les ravageurs, qui a également permis d'augmenter les rendements d'environ 40 %.
«  Il n'est pas facile de promouvoir les nouvelles technologies, a déclaré Papa Abdoulaye Seck, ambassadeur du Sénégal en Italie, dans une déclaration faite par le conseiller Madiagne Tall. Mais en sensibilisant les uns et les autres, nous prendrons tous conscience de la nécessité d'approfondir ces approches. »

Le projet Viability, financé par la France dans le cadre de la plateforme, vise à évaluer la viabilité socio-économique des pratiques agroécologiques à travers l'Afrique.

Élisabeth Claverie de Saint Martin
Présidente-directrice générale du Cirad

L'approche initiée par la TPP comprend quatre étapes, a rappelé Élisabeth Claverie de Saint Martin, présidente-directrice générale du Cirad : « Pour s'attaquer aux lacunes de connaissances, il faut d'abord rassembler les meilleurs scientifiques autour d'une question non résolue. Deuxièmement, définir une méthodologie commune. Troisièmement, l'appliquer à une grande diversité de situations et de contextes ; et quatrièmement, essayer de générer des connaissances utiles, à la fois génériques  et spécifiques aux contextes. »
Cette approche a déjà été appliquée à un portefeuille croissant de projets en Asie, en Afrique et en Amérique latine. C’est notamment le cas du projet Viability, financé par la France dans le cadre de la plateforme, et qui vise à évaluer la viabilité socio-économique des pratiques agroécologiques à travers l'Afrique.

La plateforme englobera la complexité nécessaire à la transition vers des systèmes agricoles et alimentaires co-créés et pertinents à l'échelle locale.

Fergus Sinclair
Scientifique en chef au Cifor-Icraf, co-animateur de la TPP

Pour Fergus Sinclair, scientifique en chef au Cifor-Icraf, co-animateur de la TPP et chef d'équipe du rapport du HLPE, « la plateforme contribuera, au fur et à mesure de sa progression, à créer des conditions équitables pour l'adoption d'approches agroécologiques ».

« Elle englobera la complexité nécessaire à la transition vers des systèmes agricoles et alimentaires co-créés et pertinents à l'échelle locale.  Elle permettra l'intégration horizontale entre les secteurs et l'intégration verticale entre les échelles requises pour traduire les engagements nationaux et internationaux au titre de la CCNUCC, de la Convention sur la diversité biologique, de la Convention contre la désertification et de l'AFR100 en actions significatives sur le terrain. »

 

La contribution des approches agroécologiques à la réalisation de l'agenda 2030, par des solutions adaptées localement pour des systèmes agroalimentaires durables sur le plan environnemental, économiquement équitables et socialement acceptables, est de plus en plus reconnue.

Ismahane Elouafi
Scientifique en chef à la FAO

«  C'est pourquoi, a-t-elle précisé, la conférence de la FAO a demandé la poursuite de l'intégration des approches d'agriculture durable, y compris l'agroécologie, dans le travail de la FAO. »
Et de conclure : « Grâce à la plateforme de partenariat transformateur nouvellement établie que vous avez présentée sur l'agroécologie, la FAO s'engagera activement dans une collaboration inclusive avec différentes parties prenantes afin de transformer les systèmes agroalimentaires pour une meilleure production une meilleure nutrition, un meilleur environnement et une meilleure vie, et ne laisser personne de côté. »

L'agroécologie applique les principes et les concepts de l'écologie à l'agriculture, en tirant le meilleur parti des ressources de la nature sans les endommager ni les épuiser. Elle comprend l'adoption de pratiques qui atténuent le changement climatique, limitent les impacts sur la faune et la flore, et confèrent un rôle clé aux agriculteurs et aux communautés locales.
La plateforme de transformation par l’agroécologie s'appuie sur une série de dialogues et de rapports importants, conformément aux 13 principes agroécologiques et aux recommandations politiques du groupe d'experts de haut niveau sur la sécurité alimentaire et la nutrition (HLPE) du CSA. Elle travaille dans huit domaines en partenariat avec un groupe central d'institutions, dont la FAO, le Programme des Nations Unies pour l'environnement (Pnue), Biovision, le CGIAR, le Fonds international de développement agricole (Fida), l'AFA, l'AFSA et les gouvernements français et suisse.

Cette actualité est une version adaptée d'un article paru sur le site du programme Forêts, arbres et agroforesterie du CGIAR.