Climat | Développer la fertilisation organique pour une agriculture plus durable et résiliente

Plaidoyer 3 décembre 2019
Le Cirad a soumis, avec ses partenaires, une contribution sur le thème de la fertilisation à la Convention-cadre sur le changement climatique. C’est la quatrième contribution transmise dans le cadre de l’action conjointe de Koronivia (KJWA) pour la prise en compte de l’agriculture dans les négociations sur le climat. Ce dernier travail d’expertise porte sur l’utilisation des nutriments pour des systèmes agricoles durables et résilients. En voici les messages clés, alors qu'un atelier s'est tenu sur ce thème les 3 et 4 décembre 2019 dans le cadre de la COP25 à Madrid.
Fumure au Burkina Faso © M. Laurent

À l’échelle mondiale, l’agriculture et le changement d’affectation des sols sont responsables d’environ un quart des émissions anthropiques de gaz à effet de serre (GES). Ces GES proviennent principalement de la déforestation, des émissions agricoles issues de la gestion du bétail et pour 20 à 25 % de la gestion des sols et des éléments nutritifs. C’est sur ce sujet que s'est concentré l'atelier de l’action conjointe de Koronivia pour l’agriculture (Koronivia Joint Work Agriculture [KJWA] en anglais) les 3 et 4 décembre 2019 à Madrid dans le cadre de la COP 25.

Des informations scientifiques à disposition des négociateurs

Les pays, mais aussi les observateurs de la Convention-cadre sur le changement climatique (UNFCCC), comme le Cirad, peuvent, préalablement à chaque atelier thématique, faire part de leurs propositions à l’attention des organes de l’UNFCCC. Le Cirad a choisi de se positionner à l’interface science-politique sur ces sujets, en mettant à disposition des négociateurs des informations scientifiques synthétiques. Ainsi, depuis le début du KJWA, le Cirad a transmis trois contributions aux organes de l’UNFCCC, conjointement avec d’autres partenaires scientifiques tels que l’Inra, l’IRD, l’Isra, l’Embrapa, etc.

La fertilisation pour des systèmes agricoles durables et résilients

Sa quatrième contribution fournit plusieurs messages clés sur l’intérêt de la fertilisation organique dans l’optique de systèmes agricoles durables et résilients, parmi lesquels :

Favoriser un recyclage des éléments nutritifs dans les systèmes agricoles
Les engrais organiques, s’ils sont produits grâce au recyclage, pourraient remplacer les engrais minéraux et ainsi éviter des émissions de GES.

Améliorer les interactions entre le bétail, les cultures et les arbres
Les avantages peuvent être considérables en termes de recyclage, de disponibilité et d’utilisation efficace des éléments nutritifs… Les déjections animales sont une source importante et sous-estimée d’azote

Accroître le stockage de carbone dans le sol peut favoriser la sécurité alimentaire et contribuer à l’adaptation et à l’atténuation du changement climatique
Il peut contribuer à la structuration des sols, réduire l’érosion des sols, augmenter la capacité de rétention d’eau des sols, avoir un impact sur la biodiversité souterraine et partiellement aérienne, sur les services écosystémiques connexes et les cycles de nutriments.

Des soumissions collectives pour plus d’impact

Le Cirad a choisi d’associer 19 organisations signataires* provenant de 10 pays à ces soumissions dans le but de :

  • Faire état de la mobilisation de la communauté scientifique à travers le monde sur ces sujets ;
  • Rendre plus visibles les travaux de ces organismes de recherche et souligner leur pertinence pour répondre aux enjeux de nos sociétés ;
  • Souligner les éventuelles spécificités géographiques.

L’agriculture enfin dans les négociations sur le climat

Depuis 2017 et la COP 23, l’agriculture n’est plus seulement considérée comme source d’émissions de GES, mais aussi comme potentiel puits de carbone. Cette prise de conscience internationale s’est matérialisée par la mise en œuvre de l’action conjointe de Koronivia pour l’agriculture. Cette démarche a débuté il y a deux ans et prendra fin en novembre 2020. Au travers d’ateliers et de réunions d’experts, les négociateurs de chaque pays signataire de l’Accord de Paris réfléchissent à mieux prendre en compte l’agriculture dans la mise en œuvre de celui-ci, notamment dans ses dimensions relatives à l’adaptation et à l’atténuation en tant que potentiel puits de carbone. L’enjeu est de taille, car l’aboutissement pourrait être l’inclusion de l’agriculture dans les mesures d’adaptation au changement climatique, mais aussi celle des puits de carbone d’origine agricole (et plus uniquement forestier) dans les inventaires nationaux de gaz à effet de serre.

* University of Aberdeen - College of Agricultural and Environmental Sciences, Makerere University (Uganda) - CEA, the French Alternative Energies and Atomic Energy Commission - CEIGRAM, the Research Centre for the Management of Agricultural and Environmental Risks of the Polytechnic University of Madrid - CIMMYT, the International Maize and Wheat Improvement Center - CIRAD, the French Agricultural Research Centre for International Development - GASL Global Agenda for Sustainable Livestock, FAO - IBC&SB, Institute of Bioenergy Crops and Sugar Beet (Ukraine) - IIASA, the International Institute for Applied System Analysis - IITA, the International Institute of Tropical Agriculture - INIA: Instituto Nacional de Investigación y Tecnología Agraria y Alimentaria (spania) - INRA, the French National Institute for Agricultural Research - IRD, the French National Research Institute for Sustainable Development - ISRIC, the International Soil Reference and Information Centre - World Soil Information - LRI, Laboratoire des RadioIsotopes (Madagascar) - MSU, the Lomonosov Moscow State University - STC, The scientific and technical committee of the 4p1000 initiative - ULS, The University of Life Sciences in Lublin (Poland) - VAAS, the Vietnam Academy of Agricultural Sciences.