Une décennie pour renforcer les synergies entre agriculture familiale et agroécologie

Événement 29 mai 2019
Les agriculteurs familiaux sont au cœur des transitions liées à la sécurité alimentaire, à la biodiversité ou au changement climatique. Selon la définition de la FAO, l’agriculture familiale constitue 90 % des exploitations dans le monde, produit environ les deux tiers de l’alimentation mondiale et couvre plus de la moitié des surfaces agricoles. Mesurant ce rôle majeur, et après le succès d’une année internationale en 2014, les Nations Unies dédient désormais aux agricultures familiales une décennie. Celle-ci est officiellement lancée le 29 mai 2019 à la FAO à Rome. Le Cirad est présent.
Agriculture familiale au Bouthan
Agriculture familiale au Bouthan

© Cirad, E. Malézieux

En 2019, cinq ans après une année internationale dédiée, les Nations Unies ont décidé de mettre l’agriculture familiale à l’honneur et cette fois-ci, pour une décennie. Depuis 2014, les projecteurs ont balayé les grandes problématiques du changement climatique, de la perte de biodiversité et, dans une moindre mesure, les solutions, telles que l’agroécologie, qui y sont associées en agriculture.

Un rôle clé dans la transformation des systèmes almentaires

Durant cette période, les agriculteurs familiaux ont continué à nourrir le monde - couvrant environ les deux tiers de la production alimentaire mondiale - et à aménager les zones rurales. Aujourd’hui, il s’agit de les intégrer au sein des grands enjeux globaux car l’agriculture familiale fait partie de la solution. Elle est même un acteur clé de la transformation des systèmes alimentaires.

L’agriculture familiale constitue, selon la FAO, 90 % des exploitations au niveau mondial, sachant que les exploitations de moins de 2 hectares - familiales elles-aussi - représentent quant à elle 84 % du total. Générant et entretenant une grande variété de savoirs locaux, elle met potentiellement en œuvre des pratiques garantissant une forte autonomie. Or, cette plus grande autonomie est un des traits majeurs des pratiques agroécologiques. De là, elle tient une forme remarquable de résilience.

Intensifier des pratiques agroécologiques déjà à l'oeuvre

Mais, l’agriculture familiale, notamment dans ses formes les plus agroécologiques et innovantes, doit aujourd’hui faire entendre sa voix. En Afrique subsaharienne, notamment, face à l’arrivée massive des jeunes sur le marché du travail – 1 million de jeunes par mois selon les derniers chiffres des Nations Unies – elle constitue potentiellement un levier majeur pour l’emploi. Mais pour cela, elle doit être en mesure d’intensifier ses pratiques agroécologiques déjà à l’œuvre. C’est une hypothèse que le Cirad étudiera dans les années à venir.

Pour Jean-Michel Sourisseau, socio-économiste au Cirad, il importe de mieux tenir compte et de davantage valoriser le potentiel des formes familiales de production. Il s’agit d’insérer l’agriculture familiale au sein de politiques publiques de développement économiques favorisant aujourd’hui davantage de fait un secteur agroindustriel en rapide expansion et sa spécialisation accrue de certains pays dans les cultures d’exportation. Il s’agit également d’assurer une gestion raisonnée du foncier afin d’éviter une concentration foncière trop forte, de favoriser des marchés dédiés aux agricultures familiales par le biais par exemple de certifications ou d’achats publics, ou encore de valoriser les services écosystémiques effectivement rendues par les familles agricoles et rurales.

Renforcer les synergies entre agriculture familiale et agroécologie

En parallèle, les politiques de développement de l’agroécologie pourraient bénéficier d’une plus forte synergie avec l’agriculture familiale. Ainsi, l’agroécologie aurait tout intérêt à intégrer les chaines de valeur avec, tout au long des filières, une meilleure traçabilité de la qualité de aliments ou une meilleure répartition des marges, une relocalisation des systèmes et in fine modifier l’ensemble des systèmes alimentaires au sein des territoires.

Il s’agit donc de trouver un équilibre qui permettra de mettre en place un cercle vertueux bénéficiant à la fois à l’agriculture familiale et à l’agroécologie.

Afin d’explorer les nombreuses pistes à même de mener à une meilleure reconnaissance et prise en compte des agricultures familiales en tant que partie prenantes des transitions en cours, le Cirad contribue à la mise en place du plan d’action de la décennie.

Les données et le cadre conceptuel issus de l’Observatoire des agricultures du monde – World Agriculture Watch, initié par le Cirad et aujourd’hui localisé à la FAO, joueront un rôle clé dans le cadre de la décennie. Programme pluriannuel de production de données sur les exploitation agricoles et leurs transformations, il contribuera notamment à la définition et au suivi des politiques d’investissement adaptées à la diversité des exploitation.

Lancement mondial de la décennie de l’agriculture familiale, Rome, 29 mai 2019

Le lancement officiel de la décennie, animé par la FAO et le FIDA, est précédé de deux journées de réunions préparatoires associant agriculteurs familiaux de différentes régions et secteurs. Des actions potentielles par région sont mises en débat.

Le lancement officiel a lieu le 29 mai avec la présentation des objectifs de la décennie et son plan d’action global.

Mardi 28 mai, Jean-Michel Sourisseau a introduit la session plénière consacrée aux Objectifs du développement durable.

Voir le programme