L’immunité des plantes : pour des cultures résistantes aux maladies

Vient de sortir 8 avril 2021
Cinq spécialistes des maladies des plantes publient un ouvrage de synthèse sur les travaux actuellement en cours sur l’immunité végétale. En se basant sur une compréhension profonde des mécanismes de défense immunitaire des plantes, ces scientifiques d'INRAE, du CNRS et du Cirad remettent en cause le recours systématique aux pesticides. Cet ouvrage appelle à une transition agroécologique des pratiques de protection des cultures, pour des plantes résistantes et une agriculture respectueuse de l’environnement.
© T. Brévault, Cirad
© T. Brévault, Cirad

© T. Brévault, Cirad

Les plantes disposent d’une immunité naturelle qui leur permet de résister aux maladies et aux agressions parasitaires dans leur environnement. L’invention puis le développement de l’agriculture ont cependant créé des milieux très favorables à l’émergence de nouvelles maladies et au développement des épidémies. Cette vulnérabilité sanitaire s’est ensuite accentuée avec l’intensification agricole, à partir des années 1950, de sorte que le recours généralisé aux pesticides de synthèse est devenu un pilier essentiel de la production. Ce modèle est désormais remis en cause et le développement d’une protection agroécologique des cultures devient une nécessité.

Comprendre comment fonctionne l’immunité des plantes et déchiffrer leur arsenal de défense face aux agressions parasitaires est essentiel pour produire des variétés résistantes et réduire la dépendance de l’agriculture à la protection chimique. Mais il faut compter avec la formidable capacité d’adaptation des populations pathogènes, qui conduit les chercheurs à imaginer des stratégies complexes pour maintenir efficace la résistance des variétés cultivées. Les gènes qui confèrent la résistance aux plantes commencent à être perçus comme un bien commun à préserver absolument.

Cet ouvrage explicite les concepts fondamentaux et s’appuie sur des études de cas pour réaliser une synthèse très complète des travaux en biologie, en modélisation et en sciences sociales sur ce qu’est l’immunité végétale et sur la manière dont elle pourrait concourir à une agriculture respectueuse de l’environnement.

L’immunité des plantes : pour des cultures résistantes aux maladies
Christian Lannou, Dominique Roby, Virginie Ravigné, Mourad Hannachi, Benoît Moury
Éditions Quæ, 2021
Coll. Savoir faire

Sommaire

Introduction. Le potentiel de l’immunité végétale pour émanciper l’agriculture de la protection chimique
Partie I. L’immunité végétale : comment les plantes résistent à leurs bioagresseurs
  • Les formes connues de l’immunité chez les plantes : la cellule végétale sous haute surveillance
  • Effecteurs des agents phytopathogènes : à la croisée des chemins entre manipulation et induction des réactions de défense des plantes
  • La résistance quantitative aux maladies chez les plantes
  • Comment les plantes se défendent‑elles face aux virus ?
  • Réponses des plantes aux attaques des insectes et des nématodes
  • Effets des changements environnementaux sur l’immunité végétale
Partie II. Une interaction évolutive : la course aux armements entre les plantes et leurs parasites
  • Coévolution des hôtes et de leurs parasites : la théorie
  • Coévolution plantes-parasites en populations naturelles
  • L’adaptation des agents pathogènes de plantes aux systèmes cultivés : une évolution sous contraintes anthropiques
  • Les contournements de résistance : mécanismes, dynamiques et conséquences
  • Histoire de la sélection pour des plantes résistantes
  • Évolution de la diversité cultivée du blé tendre en France
  • Une feuille de route pour la valorisation de l’immunité végétale en agriculture
Partie III. Des parcelles aux paysages : construire des peuplements résistants
  • Écologie des interactions plante‑bioagresseur
  • Stratégies paysagères pour déployer efficacement et durablement la résistance : modèles et prédictions
  • Diversifier les paysages cultivés : état des connaissances et perspectives de recherche
  • Mélanger les variétés pour construire des peuplements plus résistants aux bioagresseurs
Partie IV. Des gènes de résistance aux acteurs humains : la dimension socioéconomique de l’immunité végétale
  • Résister ! Une aptitude commune aux vignes, aux agents pathogènes, aux professionnels et aux scientifiques
  • La résistance variétale, un objet‑frontière à construire
  • Vers une gestion des gènes de résistance comme des biens communs
Partie V. Des stratégies de gestion des résistances variées pour des pathosystèmes contrastés
  • L’intégration des connaissances sur les résistances variétales par les acteurs de la sélection : un gage d’efficacité et de durabilité ? L’exemple du phoma du colza
  • Les terrasses rizicoles du Yuanyang : un cas exceptionnel de gestion durable des maladies
  • Peut-on prédire la durabilité des résistances ? Le cas des virus
  • Résistance génétique aux nématodes à galles en cultures maraîchères : des gènes au champ
  • Des vignes, des invasions et des résistances
  • Un effet papillon dans les peupleraies françaises : les répercussions d’un contournement de résistance sur les méthodes de sélection variétale

A propos des auteurs

Christian Lannou est épidémiologiste de formation. Il est directeur de recherche et actuellement responsable du département Santé des plantes et environnement de INRAE.

Dominique Roby est directrice de recherche au CNRS à Toulouse. Elle est une spécialiste de la réponse immunitaire des plantes à l’infection par des microorganismes.

Virginie Ravigné est biologiste des populations. Chercheuse au Cirad, elle travaille sur l’écologie et l’évolution du parasitisme dans le monde végétal.

Mourad Hannachi est chercheur à INRAE en sciences de gestion. Il s’intéresse aux innovations organisationnelles multi-acteurs et à l’émergence d’actions collectives pour la gestion durable des maladies des plantes.

Benoît Moury est virologue. Il étudie le pouvoir pathogène et l’évolution des virus des plantes cultivées.