Résultats & impact 3 octobre 2024
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- protection agroécologique des cultures et zoonoses virales
L’agroécologie au service de la protection des cultures et de la lutte contre les zoonoses
300 références dont 200 de moins de dix ans ont servi de base aux deux scientifiques du Cirad pour ce travail à la croisée entre agroécologie et santé. Les conclusions sont étonnantes : les pratiques de protection agroécologique des cultures résultent finalement en une réduction des risques de zoonoses virales.
La santé des cultures au cœur de la lutte contre l’émergence des zoonoses virales
Les zoonoses virales, comme la covid-19, sont à l’interface entre les santés humaines, animales et des écosystèmes. Ces maladies passent soit par des vecteurs arthropodes, comme les moustiques, soit par des réservoirs vertébrés, ravageurs nuisibles aux cultures, ou prédateurs de ravageurs.
« Lorsqu’on parle de zoonoses, on se concentre sur les santés humaine et animale, et on oublie trop souvent l’importance de la santé végétale, en particulier celles des plantes cultivées, déplore Alain Ratnadass, entomologiste au Cirad et premier auteur de l’article. Or, de nombreux ravageurs des cultures sont porteurs de virus, comme les rongeurs. A ce titre, les pratiques de protection des cultures deviennent un maillon important de la chaîne d’émergence d’une maladie. »
L’application des principes de l’agroécologie à la défense des cultures
La protection agroécologique des cultures s’appuie sur les principes de l’agroécologie pour concevoir des agroécosystèmes résilients aux ravageurs et aux maladies des plantes cultivées. Deux axes structurent cette approche sur laquelle travaille le Cirad depuis plus de quinze ans :
- L’amélioration de la santé des sols
- Le développement de la biodiversité dans les parcelles cultivées et aux alentours
« La protection agroécologique des cultures privilégie la régulation naturelle des bioagresseurs des cultures, en favorisant les interactions entre communautés végétales, animales et microbiennes, précise Jean-Philippe Deguine, également entomologiste au Cirad et co-auteur de l’article. Par exemple, pour lutter contre les ravageurs, on promeut la lutte biologique par conservation, en insérant des habitats favorables aux ennemis naturels de ces ravageurs. Cette approche permet de cultiver avec peu de pesticides, ou sans pesticides, et c’est ce que l’on s’attache à prouver sur les systèmes de culture maraîchers et fruitiers que l’on étudie à La Réunion. »
Réduction du risque de zoonoses virales
Cette revue des articles scientifiques établissant les impacts avérés ou potentiels de différentes techniques de protection des cultures sur l’émergence de zoonoses virales, a permis de dégager une tendance claire : les pratiques conventionnelles de protection des cultures, utilisant pesticides et intrants, augmentent à terme les risques d’émergence de virus, tandis que la protection agroécologique des cultures les réduit.
« Appliquer les principes de l’agroécologie à la défense des cultures diminue les risques de zoonoses virales, affirme Alain Ratnadass. Notre travail met également au jour que la protection agroécologique des cultures a des impacts positifs à la fois sur la biodiversité, la résilience aux changements climatiques et le bien-être animal. »
Si ce premier travail se concentre sur les zoonoses virales, les scientifiques émettent l’hypothèse que des conclusions similaires pourraient être établies pour les maladies infectieuses bactériennes et parasitaires.
Référence
Alain Ratnadass et Jean-Philippe Deguine. 2021. Crop protection practices and viral zoonotic risks within a One Health framework. Science of the Total Environment 774: 145172.