Systèmes alimentaires durables : premier diagnostic national d’une série d’évaluations portant sur 50 pays

Vient de sortir 26 juillet 2021
Alors que le pré-Sommet des Nations Unies sur les systèmes alimentaires débute aujourd'hui, la note « Activer la transformation durable et inclusive des systèmes alimentaires. Profil du système alimentaire - Burkina Faso » est la première d’une série de diagnostics et de consultations à grande échelle sur les systèmes alimentaires dans une cinquantaine de pays. Elle entre dans le cadre d'une vaste initiative lancée par le Cirad, la FAO et l’Union européenne en vue de participer à la transformation durable de nos systèmes alimentaires.
Vente de choux à Bobo Dioulasso, au Burkina Faso © P. Dugué, Cirad
Vente de choux à Bobo Dioulasso, au Burkina Faso © P. Dugué, Cirad

Vente de choux à Bobo Dioulasso, au Burkina Faso © P. Dugué, Cirad

Confrontés aux défis de la sécurité alimentaire, de l’urbanisation et du changement climatique, nos systèmes alimentaires actuels, ne parviennent pas à nous nourrir tous sainement, en préservant l’environnement et un mode de vie décent pour tous.

« Cette étude, menée au Burkina, est une première étape vers une plus grande durabilité des systèmes alimentaires. Elle servira à alimenter les débats entre tous les acteurs concernés du pays », souligne Hélène David-Benz, chercheuse au Cirad et co-coordinatrice du diagnostic.

Un système alimentaire durable se définit selon quatre objectifs : assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle et la santé, contribuer à l’emploi et au PIB, réduire les inégalités entre les territoires et les acteurs des systèmes alimentaires, et préserver les ressources naturelles.

L’étude, basée sur des données qualitatives et quantitatives et co-construite avec les partenaires burkinabé, a mis en lumière des leviers d’action pour améliorer ces quatre points, notamment :

Diversifier les régimes alimentaires pour lutter contre la malnutrition

En 2019 au Burkina Faso, la disponibilité énergétique moyenne était estimée au-dessus des besoins de référence pour les adultes. En revanche, la part de ces apports énergétiques revenait à 63 % aux céréales. Pauvre en protéines animales et en fruits et légumes, le régime alimentaire du pays n’est donc, en moyenne, pas assez diversifié. La malnutrition chronique persiste et contribue à la mortalité infanto-juvénile. Elle est marquée par de fortes disparités régionales avec une prévalence supérieure dans les zones de conflits.

Les auteurs du diagnostic recommandent notamment de sensibiliser les populations à la sécurité nutritionnelle, d’améliorer l’accès physique à une diversité de produits, ou encore de fluidifier les échanges régionaux.

Soutenir l’agriculture familiale, qui constitue l’essentiel des formes de production

Le système alimentaire est pourvoyeur de 56 % des emplois du pays, dont plus de la moitié pour la production. Le secteur représente 42 % du PIB. L’agriculture familiale, qui regroupe la très grande majorité des exploitations agricoles, est menacée par la faiblesse des moyens de production et de l’accès aux services, ou encore par l’attrait de la migration vers les villes ou vers des activités non agricoles (ex. orpaillage).

Afin de répondre à cet enjeu, plusieurs leviers d’action sont possibles, par exemple : renforcer les structures socio-éducatives et les services d’appui aux producteurs, soutenir la structuration des acteurs du système alimentaire et la diversification des moyens d’existence.

Réduire les inégalités entre les territoires, causes de migrations

Le déséquilibre entre les territoires se traduit par des inégalités de développement humain en matière d’éducation, de santé, de nutrition.  Il est accentué par une insécurité grandissante, et induit de nombreux mouvements de populations. L’insécurité civile et alimentaire, mais aussi la pauvreté, qui prévalent dans la partie Nord du pays entraînent ainsi une importante migration, surtout des jeunes, vers les centres urbains et le Grand Centre, y accentuant une pression démographique et foncière déjà en hausse.

La lutte contre l’insécurité, notamment au Nord du pays, est un des enjeux principaux pour atteindre cet objectif, tout comme l’accroissement des investissements de services et infrastructures dans les zones marginalisées. La coopération entre tous les pays de la région en est une composante essentielle.

Transformer les pratiques de production agricole pour assurer la durabilité des ressources naturelles

Enfin, les auteurs du diagnostic notent que les pratiques de production actuelles ne permettent ni d’assurer une hausse de productivité suffisante, ni de préserver le capital naturel. Les hausses de production sont en effet principalement le résultat d’une augmentation des surfaces, ce qui entraîne des conflits d’usage des terres, notamment entre agriculteurs et éleveurs, mais également en limite des aires protégées. Par ailleurs, les sols, de fertilité souvent médiocre, sont de plus en plus fragilisés par le manque d’apports en matières organiques et l’utilisation massif d’intrants chimiques dans les zones cotonnières et maraichères.

Parmi les recommandations issues des ateliers participatifs avec les partenaires locaux, on trouve la valorisation des ressources en eau, la restauration des terres dégradées et l’amélioration de la résilience des systèmes de production face aux aléas climatiques par des pratiques plus durables et l’accès sécurisé au foncier.

Cette note de synthèse sur le Burkina Faso sera suivie de sept autres notes : Madagascar, Bhoutan, Sénégal, Népal, République Dominicaine, Colombie et Malawi.

Des conclusions présentées au Sommet mondial des systèmes alimentaires

Les conclusions de l’ensemble de ces évaluations seront présentées au Sommet mondial des systèmes alimentaires convoqué par le Secrétaire- général de l’ONU, Antonio Guterres, en septembre 2021, afin de guider les actions futures dans le cadre des dialogues nationaux sur les systèmes alimentaires.

Une rencontre préalable aura lieu à Rome lors du pré-sommet sur les systèmes alimentaires du 26 au 28 juillet 2021.

Lire la note aux décideurs

Activer la transformation durable et inclusive des systèmes alimentaires.  Profil du système alimentaire - Burkina Faso