Résultats & impact 31 octobre 2024
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Climat | Comment les arbres pourraient sauver la planète
Pour la première fois, des chercheurs, dont Claude Garcia, écologue au Cirad, montrent dans quelles régions du monde il serait possible de planter des arbres pour maximiser l’absorption du carbone d’origine humaine. Le potentiel le plus important se trouve dans seulement six pays : la Russie (151 millions d’hectares); les États-Unis (103 millions d'hectares); le Canada (78,4 millions d’hectares); l’Australie (58 millions d’hectares); le Brésil (49,7 millions d'hectares) et la Chine (40,2 millions d'hectares).
« Dans nos calculs, nous avons exclu les villes ou les zones agricoles du potentiel total de restauration, étant donné que ces zones sont nécessaires au développement humain, explique Jean-François Bastin, auteur principal de l'étude, qui a fait sa thèse au Cirad. Ce point était particulièrement important pour nous. »
Une zone de la taille des USA
Les chercheurs ont calculé que, dans les conditions climatiques actuelles, les terres émergées pourraient couvrir 4,4 milliards d’hectares (ha) de couvert forestier continu. Cela fait donc 1,6 milliard d’ha qui s’ajoutent aux 2,8 milliards d'ha existants. Sur ces 1,6 milliard d’ha, 0,9 répondent au critère de non-usage par les hommes. Cela signifie qu’il existe actuellement une zone de la taille des États-Unis disponible pour la restauration des forêts. Une fois adultes, ces nouvelles forêts pourraient stocker 205 milliards de tonnes de carbone : environ les deux tiers des 300 milliards de tonnes de carbone qui ont été libérées dans l’atmosphère par l’activité humaine depuis la révolution industrielle.
Aider les décideurs à fixer des objectifs réalistes
« Il ne s'agit ni d'une étude normative, ni d'une prédiction, explique Claude Garcia, chercheur au Cirad, en poste à l'ETH et co-auteur de l'étude. Avec ce travail de recherche, nous avons voulu explorer et définir la capacité globale de prise en charge du stockage de carbone par les arbres dans les limites physiques du système terrestre.
C’est important parce que nous prenons des décisions sans vraiment savoir ce qui est possible et quels efforts sont nécessaires. Une fois que nous avons déterminé combien d’arbres pouvaient être plantés, nous avons vérifié les engagements pris par les 48 pays participant au Bonn Challenge. La bonne nouvelle, c’est qu’au niveau mondial, le Bonn Challenge peut être relevé. Les mauvaises : 10% des pays environ se sont engagés à restaurer les forêts bien au-delà de leur surface disponible. Et plus de 43% des pays se sont engagés à restaurer une zone représentant moins de 50% de la surface disponible pour la restauration.
Cette étude permet donc de comprendre quels pays ont sous-évalué leur engagement et pourraient faire plus, et lesquels l’ont surévalué et devraient revoir leur copie à la baisse. Cette carte et la quantification associée peuvent aider les décideurs à fixer des objectifs réalistes. »
La meilleure solution disponible contre le changement climatique
« Notre étude montre clairement que la restauration des forêts est la meilleure solution disponible actuellement pour lutter contre le changement climatique, souligne Thomas Crowther, co-auteur de l’étude et fondateur du Crowther Lab à l’ETH Zurich. Mais nous devons agir rapidement, car de nouvelles forêts mettront des décennies à grandir et à atteindre leur plein potentiel en tant que source de stockage de carbone naturel. »
L'étude met en garde face aux nombreux modèles climatiques actuels qui prévoient, à tort, que le changement climatique accroisse la couverture forestière mondiale. Elle montre que la superficie des forêts boréales septentrionales, comme en Sibérie, devrait augmenter. Néanmoins, dans ces régions, la couverture arborée n’est en moyenne que de 30 à 40 %. Les gains seraient alors neutralisés par les pertes subies dans les forêts tropicales denses, qui ont généralement une couverture forestière de 90 à 100 %.
« Il ne s’agit pas de planter des arbres, mais d’aider les forêts à se développer, explique Claude Garcia. Cela ne résout pas le problème des émissions mais cela fait gagner du temps : le temps nécessaire pour opérer les transformations de notre société. Pour agir, il faut croire que les choses sont possibles. Les résultats de cette étude permettent d'étendre les limites de ce que les gens pensaient possible. »