Cocoa4Future ouvre la voie d’une cacaoculture durable

16/12/2025
Après cinq années de recherche et d’expérimentation conduites en Côte d’Ivoire, au Ghana et au Cameroun, le projet Cocoa4Future s’achève avec des résultats majeurs pour la transition agroécologique de la filière cacao. Les avancées scientifiques et technologiques obtenues permettent aujourd’hui d’envisager des modèles de production plus durables, résilients et adaptés aux défis actuels de la région.
Photo de famille, atelier de clôture civ. © Cocoa4Future
Photo de famille, atelier de clôture civ. © Cocoa4Future

Photo de famille, atelier de clôture civ. © Cocoa4Future

Un projet né face à des défis majeurs

L’Afrique de l’Ouest est la principale zone de production de cacao dans le monde et elle fait face à des transformations profondes. Les changements climatiques, la dégradation des sols, l’apparition de maladies telles que le virus du Swollen Shoot et la pression sur les ressources naturelles mettent à l’épreuve les systèmes de production. Le projet Cocoa4Future, financé par l’Union européenne (UE) et l’Agence française de développement (AFD) à travers l’initiative Développement de solutions innovantes pour la recherche en agriculture (DeSIRA), a été conçu pour proposer des solutions scientifiquement solides et réalistes face à ces enjeux.
Porté par le Cirad, en partenariat avec des institutions nationales, des organisations professionnelles, des coopératives agricoles et des organisations non gouvernementales, le projet a développé une approche intégrée combinant agronomie, sciences sociales, foresterie, économie rurale et innovations numériques. A Accra les 19 et 20 novembre et Abidjan les 2 et 3 décembre 2025, Cocoa4Future s’est conclu avec des résultats opérationnels et des recommandations pour la mise à l’échelle des solutions dans toute la filière.

Participant atelier de clôture projet civ. © Cocoa4Future

Participant atelier de clôture projet civ. © Cocoa4Future

Des pratiques agroécologiques adaptées aux réalités du terrain

Cocoa4Future a permis de tester et de valider des pratiques agroécologiques capables d’améliorer la résilience des plantations de cacao. Les systèmes agroforestiers étudiés ont montré leur efficacité pour restaurer la fertilité des sols, limiter la propagation de certaines maladies et protéger les cacaoyers face aux stress climatiques. L’introduction d’essences d’ombrage et de cultures vivrières complémentaires contribue également à stabiliser les rendements et à renforcer les moyens d’existence des familles productrices. Ces pratiques, développées et testées en collaboration avec les producteurs, s’inscrivent comme une réponse concrète aux enjeux environnementaux et économiques de la filière.

L’innovation technologique au service des producteurs

Cocoa4Future a expérimenté l’usage d’outils numériques pour améliorer la gestion des plantations. La cartographie des parcelles, les dispositifs d’alerte précoce, les applications de diagnostic et les modèles de prévision ont été développés et testés avec les acteurs locaux. Ces outils favorisent une meilleure anticipation des risques, une prise de décision éclairée et une planification plus efficace des opérations. Ils participent à moderniser les pratiques agricoles tout en tenant compte des réalités techniques et sociales des exploitations familiales.

Lancement de l'atelier de clôture projet civ. © Cocoa4Future

Lancement de l'atelier de clôture projet civ. © Cocoa4Future

Une approche socio-économique pour renforcer la durabilité

Au-delà des innovations agronomiques et technologiques, le projet a étudié les conditions socio-économiques nécessaires à une transition durable. Les analyses ont montré que les exploitations les plus résilientes diversifient leurs sources de revenus, bénéficient d’un meilleur accès aux services d’accompagnement et valorisent pleinement la contribution des femmes dans la production et la transformation du cacao. Cette approche intégrée permet d’envisager des modèles de développement qui allient performance économique, équité sociale et préservation des ressources naturelles.

Un atelier de clôture riche en perspectives

L’atelier de clôture organisé à Abidjan a rassemblé les équipes du projet, les partenaires institutionnels, les représentants de coopératives et les acteurs techniques. Les échanges ont mis en lumière la pertinence scientifique des actions menées ainsi que la nécessité de poursuivre la collaboration entre l’ensemble des acteurs pour assurer l’adoption durable des solutions. Cette rencontre a également rappelé l’importance d’un travail concerté entre décideurs publics, organisations de producteurs et secteur privé afin de soutenir une mise à l’échelle cohérente des innovations.

Cocoa4Future a permis de démontrer que la combinaison de pratiques agroécologiques et d’outils numériques peut transformer durablement la filière cacao. Les résultats montrent que la durabilité n’est pas seulement un objectif environnemental, c’est aussi un levier pour la résilience économique des producteurs et des communautés locales.

Patrick Jagoret
Chercheur Cirad

Des perspectives pour une diffusion à grande échelle

Les résultats produits par Cocoa4Future constituent un socle solide pour appuyer les stratégies nationales de durabilité de la filière cacao. Leur diffusion dépendra de la capacité collective à renforcer la formation, à soutenir l’innovation, à consolider les coopérations locales et à accompagner les exploitations familiales dans l’adoption de pratiques adaptées aux changements en cours. Ces acquis représentent également un atout pour répondre aux nouvelles exigences internationales en matière de traçabilité, de lutte contre la déforestation et d’amélioration des conditions de travail.

Atelier de clôture projet civ. © Cocoa4Future

Atelier de clôture projet civ. © Cocoa4Future

Cocoa4Future arrive à son terme, mais l’élan qu’il a créé se poursuit. Les solutions développées constituent des leviers concrets pour améliorer la résilience des systèmes cacaoyers, renforcer la durabilité des territoires et soutenir les producteurs dans leurs pratiques quotidiennes. L’avenir de la cacaoculture ouest-africaine repose aujourd’hui sur la poursuite de cet engagement collectif. En s’appuyant sur les résultats du projet, les décideurs, les organisations professionnelles, les acteurs privés et les communautés locales disposent désormais des connaissances nécessaires pour accélérer la transition vers une filière cacao durable, compétitive et responsable. Ensemble, cette dynamique peut devenir un moteur de transformation pour les générations à venir.