Durabilité des systèmes de production et dynamiques nouvelles du secteur cacaoyer - Cocoa4Future

Le projet vise à réduire, via l’agroforesterie, la vulnérabilité des exploitations cacaoyères en Côte d’Ivoire et au Ghana en identifiant des leviers de durabilité agronomique et socio-économique, tout en préservant l’environnement. Coordonné par le Cirad, il est financé par l’Union européenne dans le cadre du programme DeSIRA.
Récolte dans une cacaoyère ivoirienne © P. Jagoret, Cirad
Récolte dans une cacaoyère ivoirienne © P. Jagoret, Cirad

Récolte dans une cacaoyère ivoirienne © P. Jagoret, Cirad

Enjeux

En 2017, la Côte d’Ivoire a atteint la production record de 2 millions de tonnes de cacao, soit 42 % de la production mondiale. La cacaoculture y fait vivre environ un million de petits agriculteurs (comme au Ghana, second producteur mondial) dans un contexte de tension croissante sur les ressources foncières et forestières. Le modèle historiquement dominant de production, basé sur une expansion des vergers après une défriche forestière par une main d’œuvre très peu chère (souvent d’origine migrante) s’essouffle. Outre leur engagement pour protéger les dernières forêts résiduelles de la défriche, la Côte d’Ivoire et le Ghana sont confrontés au vieillissement de leurs cacaoyères et à la raréfaction des zones forestières jusqu’alors disponibles pour l’établissement de nouvelles cacaoyères. Le défi de la réhabilitation des anciennes cacaoyères est, de plus, accentué par la présence du Cocoa Swollen-Shoot Virus (CSSV). Par ailleurs, la tendance globale au changement climatique engendre de fortes fluctuations du rendement des cacaoyères - et donc des revenus des producteurs - exacerbe des effets du CSSV, et limite les zones propices à la cacaoculture. La non durabilité de la cacaoculture en Afrique de l’Ouest entraînera in fine une vulnérabilité accrue des exploitations dont le fonctionnement, voire la survie, repose sur cette spéculation.  L’enjeu est donc de trouver, avec les cacaoculteurs et les différents acteurs qui interviennent dans la filière cacao, des modèles (technico-économiques et organisationnels) à la fois innovants, performants, résilients et durables qui garantissent des conditions de vie décentes aux familles qui pratiquent la cacaoculture dans un contexte incertain, tant sur le plan économique, écologique que climatique.

Descriptif

Une évaluation multidimensionnelle des systèmes actuels de cacaoculture sera réalisée afin d'identifier les plus durables, résilients et performants. Elle permettra la co-conception de systèmes impliquant des associations d'espèces d'arbres dont les bénéfices sont conformes aux attentes des cacaoculteurs.  L'impact de la diversité végétale sur les cochenilles vectrices du CCSV sera mesuré et des lignes directrices en matière de lutte intégrée contre le CSSV seront élaborées, tout en contribuant à concevoir des systèmes de cacaoculture agroforestiers à même de lutter contre les ravageurs et les maladies.

Un système de suivi d’exploitations identifiera les innovations techniques et sociales, les pratiques, les contraintes et les décisions des cacaoculteurs. Les données ainsi collectées permettront de mieux comprendre les dynamiques et pratiques actuelles, et de diffuser les plus efficaces à une plus grande échelle, notamment celles qui reposent sur la diversification (riziculture/pisciculture, production de cacao biologique, etc.). Les terroirs et innovations organisationnelles susceptibles de produire un cacao de qualité éthique ainsi qu’aux caractéristiques organoleptiques (goût, flaveur, odeur) recherchées par les chocolatiers seront identifiés. Les relations de pouvoir au sein du secteur et les différentes formes de gestion de la qualité, notamment par les organisations de producteurs, seront analysées. Des leviers de durabilité socio-économique pourraient ainsi être identifiés, pour augmenter les revenus des producteurs de cacao.   Enfin, des services d’appui et de conseil (publics ou privés) faciliteront la diffusion des connaissances et des pratiques identifiées par les activités de recherche pour stimuler l'innovation.

Impacts attendus 

Le projet contribue à :

  • Promouvoir le découplage entre cacaoculture et déforestation, tout en contribuant à la gestion durable des forêts classées et à la restauration des cacaoyères dégradées
  • Mettre en évidence le lien entre la qualité du cacao et les différentes étapes de la chaîne de valeur (de l'approche terroir à l'impact des processus de fermentation)
  • Maîtriser l'épidémiologie du Cocoa Swollen Shoot Virus (CSSV) et limiter son impact
  • Lutter contre la pauvreté en améliorant les revenus des cacaoculteurs

Partenaires contractuels

  • 5 institutions de recherche ivoiriennes : Université Félix Houphouët-Boigny (Centre ivoirien de recherches économiques et sociales, Wascal et UFR Biosciences), Ecole supérieure d’agronomie/ Institut national polytechnique Houphouët-Boigny (Départements de Foresterie, et de Gestion, Commerce et Economie Appliquée), Université Jean Lorougnon Guede Daloa (Groupe de Recherche Interdisciplaine en Ecologie du Paysage et en Environnement), Université de Nangui Abrogoua (laboratoires d’Ecologie et du Développement Durable et de Biotechnologie et Microbiologie des Aliments), et le Centre national de recherche agronomique ;
  • 2 institutions de recherche ghanéennes : Cocoa Research Institute of Ghana, University of Ghana (School of Agriculture et Institute Of Statistical, Social And Economic Research) ;
  • 2 ONG : Apdra (pisciculture) et Nitidae (création de chaines de valeur et cacao biologique) ;
  • Le Joint Research Centre.
L'initiative DeSIRA
L'initiative DeSIRA (Development Smart Innovation through Research in Agriculture, en français : Innovation intelligente pour le développement par la recherche en agriculture) est portée par la direction générale des Partenariats internationaux de la Commission européenne (DG INTPA, anciennement DG DEVCO) et est cofinancée par d’autres organisations, telles que des agences nationales de développement européennes – dont l’AFD, la Fondation Bill & Melinda Gates... Elle ambitionne de renforcer les partenariats de recherche (Europe et Sud), en vue de promouvoir l'innovation pour appuyer la transformation des systèmes agricoles et alimentaires pour faire face aux défis globaux (climat, biodiversité, sécurité alimentaire).
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