Alimentation urbaine : Montpellier, capitale 2019 du Pacte de Milan

Événement 23 septembre 2019
Du 7 au 9 octobre, la ville de Montpellier accueille les maires des 197 villes signataires du Pacte de politique alimentaire urbaine de Milan. Depuis 2015, tous se sont engagés à aller dans le sens de systèmes alimentaires durables. Le Cirad, fort d’une expertise longue et globale, participe à cet événement international, au côté de la communauté Agropolis, réunie sous l’égide de la chaire Unesco Alimentations du monde.
Arrosage d'oignons dans la banlieue de Dakar (Sénégal)
Arrosage d'oignons dans la banlieue de Dakar (Sénégal)

 © Cirad, P. Dugué

 

En 2015, à l’issue de l’Exposition universelle de Milan, une centaine de maires de grandes cités à travers la planète signaient un engagement de politique alimentaire durable, dit Pacte de Milan. Ils sont aujourd’hui près de 200 à avoir signé ce pacte. La 5e édition de leur rencontre annuelle se tient à Montpellier du 7 au 9 octobre. Le Cirad prend part à cette réunion internationale qui va mettre en lumière les liens entre alimentation des villes et objectifs de développement durable de l’ONU.

Durant l’événement, la Chaire Unesco Alimentations du monde organise le 7 octobre après midi en session parallèle un tour du monde des paysages alimentaires urbains avec plusieurs chercheurs montpelliérains et certains de leurs partenaires. Cette session sera introduite par Nicolas Bricas, socioéconomiste au Cirad et titulaire de la Chaire.

Les systèmes alimentaires urbains ne sont pas durables

Pour le chercheur, les questions d’alimentation urbaine sont aujourd’hui cruciales : « 55 % de la population mondiale vit en ville. Or, les systèmes alimentaires urbains sont problématiques du point de vue environnemental et sanitaire. » Les consommateurs des villes mangent des aliments plus transformés et conditionnés et gaspillent plus que les populations rurales.

L’abondance de l’offre favorise des régimes plus gras, sucrés et salés qui, combinés à des modes de vie sédentaires entraînent surpoids, obésité, facteurs de risques de nombreuses maladies comme le diabète ou les maladies cardiovasculaires.

L’émergence d’une classe moyenne disposant d’un certain pouvoir d’achat attise la convoitise de grandes entreprises de la transformation et de la distribution qui investissent dans les villes. Mais elles entrent en concurrence directe et très déséquilibrée avec des milliers de petites activités commerciales, souvent tenues par des femmes. La gouvernance des systèmes alimentaires passe aux mains de ces acteurs puissants et tend à marginaliser les millions d’opérateurs et de consommateurs populaires.

Quand les villes se réapproprient leurs politiques alimentaires

Face à ce phénomène, un nombre croissant de ville réinvestit la question alimentaire, jouant sur le foncier, les infrastructures de marchés, la restauration collective, la gestion des déchets, soutenant les initiatives de la société civile et inventant de nouvelles formes de gouvernance plus inclusive et participative. Le pacte de Milan est la concrétisation d’un élan collectif de reprise en main des systèmes alimentaires par les pouvoirs publics locaux. « Ces engagements sont encourageants et porteurs d’espoir pour amorcer un changement de système alimentaire. »

30 ans d’expertise holistique sur l’alimentation des villes

Le Cirad mobilise plusieurs de ses équipes scientifiques sur les systèmes alimentaires des villes depuis près de 30 ans. Paule Moustier, économiste au Cirad et directrice de l’unité de recherche Moisa est même à l’origine d’une définition* de l’agriculture urbaine et périurbaine qui fait encore référence aujourd’hui.

De la sociologie aux procédés de transformation

Ces travaux s’accomplissent en étroite collaboration avec toute la communauté scientifique d’Agropolis et sous l’égide de la chaire Unesco Alimentations du monde. En voici quelques exemples non exhaustifs :

  • Promouvoir l’agriculture en ville pour réduire la pauvreté et pourvoir la demande locale en nourriture de qualité -> unités de recherche Moisa, Innovation, Art-Dev et Tetis.
  • Améliorer les procédés de transformation de produits destinés aux marchés urbains -> unité de recherche Qualisud.
  • Comprendre les changements qui s’opèrent pour accompagner le développement de petites entreprises agroalimentaires en Afrique de l’Ouest et du centre -> unité de recherche Moisa.
  • Recycler les boues de stations d’épuration urbaines en amendement agricole -> unité de recherche Recyclage et risque.

Deux projets coordonnés par le Cirad seront présentés durant la session parallèle organisée par la chaire Unesco. Ils sont actuellement en cours dans le cadre du programme étendard Surfood, monté par le Cirad, l’Inra et Montpellier SupAgro sous l’égide de la Chaire Alimentations du monde et financé notamment par Agropolis Fondation :

  • Urbal - Innovations urbaines pour des systèmes alimentaires durables
    Un projet international de recherche participative déployé dans huit villes du monde : Baltimore, Brasilia, Berlin, Cape Town, Hanoï, Milan, Montpellier et Rabat. L’objectif est de développer et de tester une méthodologie commune pour évaluer la durabilité dans toutes ses dimensions de 12 innovations liées à l’alimentation en milieu urbain.
    Site web d’Urbal
  • Foodscapes - Connaître les paysages alimentaires des habitants : une recherche dans le Grand Montpellier.
    Pour éclairer les acteurs sur les leviers d’action dont ils disposent en matière d’alimentation, le projet analyse les effets des paysages alimentaires urbains (commerces, marchés, jardins, etc.) sur les styles alimentaires des individus (consommations, pratiques et représentations).
    Site web de Foodscapes

* L’agriculture urbaine et périurbaine est considérée comme l’agriculture localisée dans la ville et à sa périphérie, dont les produits sont destinés à la ville et pour laquelle il existe une alternative entre usage agricole et urbain non agricole des ressources ; l’alternative ouvre sur des concurrences, mais également sur des complémentarités entre ces usages : foncier bâti et foncier agricole ; eau destinée aux besoins des villes et eau d’irrigation ; travail non agricole et travail agricole ; déchets ménagers et industriels et intrants agricoles ; coexistence en ville d’une multiplicité de savoir-faire due à des migrations, cohabitations d’activités agricoles et urbaines génératrices d’externalités négatives (vols, nuisances) et positives (espaces verts) (Moustier et Mbaye, 1999, p. 8).