Au Bénin, la transition agroécologique des zones cotonnières prend de l’envergure

Science en action 4 juin 2024
Le Bénin est le premier producteur africain de coton. La filière représente 30 % des exportations du pays et fait vivre plus de 300 000 ménages. Revers de la médaille, l’intensification de la culture détériore les sols, si bien qu’aujourd’hui, deux tiers des terres béninoises sont moyennement ou fortement dégradées. Pour retrouver des sols sains et préserver la durabilité de la filière coton, le gouvernement béninois mise sur l’agroécologie. 10 000 producteurs ont déjà testé avec succès des innovations agroécologiques.
Culture de coton en rotation avec des plantes de couverture (Bénin) © P.-L. Yemadje, Cirad
Culture de coton en rotation avec des plantes de couverture (Bénin) © P.-L. Yemadje, Cirad

Culture de coton en rotation avec des plantes de couverture (Bénin) © P.-L. Yemadje, Cirad

En 2017, le gouvernement de la République du Bénin lance le projet TAZCO (Transition Agroécologique dans les Zones Cotonnières), sur un financement de l’Agence française de développement (AFD). Les résultats sont au rendez-vous : les producteurs de coton ayant adopté des pratiques agroécologiques ont vu leur rendement doubler. 

Actuellement en phase 2, TAZCO vise une adoption à grande échelle de ces techniques. C’est dans cet objectif que l’équipe du projet publie un memento qui synthétise à la fois les informations agronomiques, mais aussi les transformations socio-organisationnelles, pour une transition agroécologique efficace de la filière. Ce document, composé de fiches techniques et de guides méthodologiques, est destiné aux acteurs de terrain, mais aussi aux ONG, bureaux d’études ou encore institutions d’Etat qui agissent pour la gestion durable des terres dans les zones de production cotonnière du pays.

« Environ 10 000 producteurs de coton ont déjà pu tester les innovations agroécologiques apportées par le projet TAZCO2, détaille Pierrot Lionel Yemadje, agronome au Cirad et spécialiste en co-conception de systèmes de culture en agroécologie. La grande majorité est très satisfaite et souhaite poursuivre les activités du projet. L’appui demandé concerne surtout les semences des plantes de couverture et fourragère et la mécanisation durable. » Sur le volet semence, l’un des défis à relever est la pérennisation du dispositif de multiplication et d’achats des semences au-delà du projet.

Un memento à visée pratique et évolutif

De 2017 à 2020, la première phase du projet TAZCO a permis de restaurer la fertilité des sols sur 22 communes des quatre zones cotonnières du pays. En partenariat avec les producteurs, des pratiques agroécologiques et une mécanisation adaptée ont été mises en œuvre sur des parcelles test. Les rendements sont remontés et la santé des sols s’est améliorée.

Fin 2020, un premier memento a regroupé l’ensemble des fiches d’itinéraires techniques pour détailler les pratiques mises en place et leurs résultats. Aujourd’hui, une actualisation est proposée suite au travail collaboratif entre l'Institut de recherche sur le coton (IRC), l'Association interprofessionnelle du coton (AIC) et le Cirad. 

L’objectif est de diffuser au plus grand nombre les innovations agronomiques et socio-organisationnelles qui ont été élaborées avec les acteurs de la filière partenaires du projet. De 2020 à 2024, la deuxième phase du projet TAZCO ambitionne d’accélérer la transition agroécologique de la filière avec une adoption au niveau national. Les fiches techniques, par exemple, seront traduites en langues locales et illustrées pour être diffusées directement aux agriculteurs.