Plaidoyer 26 août 2024
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Interactions science-politique : un énorme potentiel pour transformer les systèmes alimentaires
Les systèmes alimentaires au cœur d’enjeux colossaux. D’ici 2050, la planète comptera près de 10 milliards d’hommes et de femmes. Nourrir tout le monde, sans aggraver la pauvreté, accélérer la déforestation et augmenter nos émissions sera impossible sans amorcer dès maintenant des changements majeurs de nos systèmes alimentaires.
Interfaces science-politique, un puissant moteur de transformation de nos systèmes alimentaires
L’évolution des systèmes alimentaires dépend des décisions et des pratiques d’un large spectre d’acteurs, porteurs d’intérêts propres, de visions de l’avenir et de stratégies divergentes, liés par des rapports de force déséquilibrés. Les interfaces science-politique jouent un rôle déterminant dans ce jeu complexe de relations. Renforcer ces interfaces et les rendre plus actives, ambitieuses et productives pourrait constituer un puissant moteur de la transformation des systèmes alimentaires. Des changements de posture sont indispensables pour favoriser les dialogues entre scientifiques, responsables politiques et société civile. Au-delà de leur rôle d’alerte et de fournisseurs de connaissances, les scientifiques doivent s’investir pour mieux agir sur le devenir de leurs recherches et les rendre accessibles. Tandis que les politiques doivent mieux valoriser les connaissances scientifiques dans leur prise de décision.
« Business as UNusual » pour réinventer les systèmes alimentaires
Les interfaces science-politique revêtent des formes multiples. Pour assurer la cohérence de la transformation des systèmes alimentaires, ces interfaces doivent être renforcées, mais aussi connectées et articulées. Créer de nouvelles interfaces n’est pas forcément la bonne solution.
Le « Business as UNusual » proposé ici s’articule autour de quatre piliers :
- produire des connaissances actionnables, des données, des outils pour élaborer des compromis, surmonter les obstacles au changement, en particulier les conflits d’intérêts, les asymétries de pouvoirs et le poids de l’habitude, gérer les risques et les incertitudes ;
- articuler les modèles, les savoirs, les innovations locales pour concevoir, mettre en œuvre et évaluer les voies de transformation des systèmes alimentaires : ceci exige des dispositifs, du dialogue et des méthodes spécifiques, notamment scientifiques ;
- connecter et intégrer les expertises pour relever les défis multisectoriels et multi-échelles est nécessaire pour relever les défis liés de l’environnement, du climat et de l’alimentation ;
- renforcer les coopérations scientifiques au travers d’alliances et de programmes ambitieux centrés sur les principaux défis.
Sans interfaces science-politique, pas de transformation
Il est urgent de construire des systèmes nouveaux, plus durables, plus équitables et vecteurs de santé pour toutes et tous. Les communautés scientifiques sont prêtes à s’engager. Les décisionnaires politiques sont impatients de mieux recourir à la science pour fonder leurs décisions et l’action publique. La pandémie de Covid-19 a montré qu’il était possible de tirer parti d’interfaces science-politique agiles. La priorité aujourd’hui est à la mise en œuvre de mécanismes qui permettront de mieux relier science et politique en renforçant les dialogues délibératifs. Il y a de quoi être optimiste : des exemples de ce type d’interfaces existent.
C’est le moment d’apprendre des exemples connus, de les valoriser et de les connecter pour amplifier leur impact et d’innover pour construire le futur que nous appelons de nos vœux. Les interfaces science-politique joueront un rôle décisif si elles contribuent à articuler les visions divergentes, à transcender la polarisation des débats et leur fragmentation sectorielle, si elles aident à anticiper le futur et à faire converger des actions et des processus globaux et locaux.
À la demande du comité scientifique du sommet des Nations unies pour les systèmes alimentaires , ces recommandations ont également nourri la rédaction d’un brief (en anglais) sur les interfaces science-politique : How could science–policy interfaces boost food system transformation? Ce document a été rédigé par le Cirad, l’International Food Policy Research Institute (Ifpri) et le Think tank Convene.
L’événement a rassemblé plus de 600 personnes de 60 pays le 4 février2021. Riche de nombreuses présentations et interactions entre acteurs des politiques publiques, de la société civile, du secteur privé et du monde scientifique, il a abordé la question des interfaces science-politique comme moteurs des changements attendus dans les systèmes alimentaires du monde.
Comité d’organisation de l’événement : P. Caron, E. Hainzelin, A. Harding, R. Echeverria, M. Broin, M. Enriquez, C. Anderson.
Plus d’info sur l’événement