Le Cirad dévoile les impacts de 10 projets internationaux

Vient de sortir 25 novembre 2024
Le Cirad publie son rapport des évaluations 2020-2024. Cette analyse de 10 trajectoires de recherche menées en partenariat à travers le monde souligne l’impact de l’établissement au service de la transformation des systèmes agricoles et alimentaires. À travers sa démarche d’évaluation de l’impact nommée ImpresS, le Cirad se positionne en acteur-clé pour analyser et apprendre de ses interventions.
Au Nicaragua, près de 60 % des agriculteurs qui ont participé au programme de sélection variétale participative de cultures vivrières considèrent leurs besoins alimentaires mieux satisfaits.

Au Nicaragua, près de 60 % des agriculteurs qui ont participé au programme de sélection variétale participative de cultures vivrières considèrent leurs besoins alimentaires mieux satisfaits. © Gilles Trouche, Cirad

Ce tout nouveau rapport regroupe les leçons tirées d’une série d’évaluations menées grâce à un mécanisme incitatif interne reposant sur un appui financier et méthodologique. L’objectif ? Analyser l’apport des recherches du Cirad au service de la transformation des systèmes agricoles et alimentaires et placer l’impact au cœur de la stratégie et des pratiques de recherche de l’établissement. « Avec ce rapport, nous souhaitons partager les leçons apprises, les succès et les défis qui jalonnent notre parcours, souligne Élisabeth Claverie de Saint Martin, Présidente-directrice générale du Cirad. Ce document se veut une invitation à la réflexion collective et à l’amélioration continue. »

Quelles sont les retombées concrètes des travaux de recherche menés à travers le monde ?

De 2002 à 2020 au Nicaragua, le Cirad et ses partenaires ont mené une série de projets de sélection variétale participative pour le haricot, maïs et sorgho, des cultures vivrières de base. L’innovation ? Intégrer les connaissances et savoir-faire de différents intervenants à toutes les étapes de la sélection. Les évaluations d’impact témoignent des retombées sur les conditions de vie des familles d’agriculteurs impliquées. Les variétés sélectionnées sont utilisées durablement par les agriculteurs, et près de 60 % d’entre eux considèrent que le programme a contribué à mieux satisfaire leurs besoins alimentaires. Les capacités des exploitants sont également mieux reconnues dans leur communauté, tout comme celles des institutions de recherche et d’enseignement en agriculture par les organismes publics.

Autre exemple : en Tunisie, de profondes réformes politiques et institutionnelles ont lieu depuis la révolution de 2011. Le Cirad apporte ses compétences en ingénierie de la concertation, planification, gestion et suivi-évaluation au programme Pacte, qui vise le développement durable de territoires ruraux vulnérables. Résultat ? L’évaluation de changement documente un renforcement des connaissances, compétences et un intérêt croissant pour les approches territoriales, participatives et inclusives, notamment pour les partenaires les plus impliqués dans le programme. Les travaux ont également significativement renforcé les capacités de concertation, gestion des conflits, de communication et de facilitation d’acteurs régionaux et nationaux.

Les études d’évaluation présentées dans ce rapport illustrent la diversité des interventions, dans une perspective dynamique et les multiples dimensions de leurs impacts : amélioration des rendements agricoles, renforcement de la sécurité alimentaire, préservation de la biodiversité, ou encore autonomisation des communautés locales.
Élisabeth Claverie de Saint Martin
PDG du Cirad

Au total, 10 projets de recherche dans lesquels le Cirad est impliqué ont été évalués, menés au Nicaragua, Antilles, Sénégal, Brésil, Kenya, la Réunion, Amazonie, Nigeria et Tunisie. La PDG poursuit : « Chaque trajectoire est unique, mais toutes ont en commun une ambition partagée : contribuer à un monde plus juste, où les connaissances scientifiques s’allient à la diversité des savoirs pour répondre aux grands enjeux mondiaux. »

Les évaluations présentées dans le rapport reposent sur deux méthodes. La première (six cas d’études), ImpresS ex post, est une méthode d’évaluation d’impact pour évaluer des processus d’innovation d’une durée supérieure à 10 ans. La seconde, la récolte des incidences, évalue les changements à mi-parcours ou à la fin de projets d’une durée inférieure à 5 ans. Ces nouveaux résultats confirment les leçons tirées d’évaluations antérieures, notamment l’importance de la co-construction et du temps long, et font émerger deux leçons complémentaires : l’importance de favoriser la collaboration entre la recherche et l’ensemble des acteurs des systèmes d’innovation ; et la nécessité d’adapter les rôles de la recherche aux besoins évolutifs des parties prenantes au fur et à mesure du temps.

Référence

De Romémont A., Proietti C. (coord.), 2024. Rapport des évaluations 2020–2024. Montpellier, Dims/Équipe ImpresS, Cirad, 64 p. https://doi.org/10.19182/agritrop/00230  

Culture de l’impact des institutions scientifiques
Le rapport d’évaluation 2020-2024 s’inscrit pleinement dans la démarche de développement d’une culture institutionnelle de l’impact engagée depuis 2010 par le Cirad. Selim Louafi, directeur adjoint pour la recherche et la stratégie et coordinateur institutionnel de l’équipe ImpresS, témoigne : « Développer une culture de l’impact est capital, car cela permet de mieux comprendre les contributions spécifiques de chaque recherche ou innovation technologique. Cela aide aussi à créer un dialogue et un apprentissage entre différents acteurs et à renforcer les stratégies de collaboration pour trouver des solutions qui conduisent à des changements plus importants ». L’équipe ImpresS développe et renforce cette culture au Cirad et a mené des travaux scientifiques et méthodologiques pour enrichir et adapter des méthodes d’évaluation au service des équipes, ainsi que pour documenter le développement de cette culture dans l’institution.

Référence

Ferre Marie, Blundo Canto Genowefa, Rodrigues Geraldo Stachetti, Ramírez-Gómez María-Margarita, Vedovoto Graciela Luzia, Agudelo-Chocontá Beatriz-Elena, Vieira Marques Daniela, Valladão Flores Roberto Manolio, Rodríguez-Borray Gonzalo-Alfredo, De Souza Mirian Oliveira, Goulet Frédéric, Vásquez-Urriago Ángela-Rocío, Sanchez-Lozano Juliana-Ivonne, Maciel Pinto Daniela, Zambrano-Moreno Gregorio-Salomon, Londoño Arias María Aidé, Zapata-Tamayo Cristobal-Alfonso, De Romemont Aurelle. 2025. Culture of impact in agricultural research organisations: What for and how? Research Policy, 54 (1):105140, 19 p

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