Madagascar - Hautes terres - Habitations rurales © V. Garruchet, Cirad

L’observatoire des agricultures de l’océan Indien : un outil d’aide à la décision pour accompagner la transformation des systèmes de production agricole

Décrire et analyser la diversité des exploitations agricoles présentes sur un territoire afin de promouvoir des actions et des investissements en faveur de systèmes de production durables, inclusifs et résilients, adaptés aux réalités de nos territoires insulaires, tel est le principal objectif de l’observatoire des agricultures de l’océan Indien.

Sur un territoire donné, les activités agricoles s’inscrivent systématiquement dans des rapports sociaux et économiques de production, de distribution et d’échanges complexes et divers. Cette complexité et cette diversité sont encore trop rarement prises en compte dans l’élaboration des politiques publiques agricoles et des stratégies d’investissements qui en découlent. Celles-ci proposent généralement des solutions uniformes, appliquées à tous types d’exploitations agricoles, ce qui s’avère, sur la durée, peu efficient. Par ailleurs, le contexte actuel, marqué par une crise sanitaire sans précédent, jette un nouvel éclairage sur l’impératif d’une nécessaire transformation des systèmes agricoles vers plus de durabilité et de résilience. Ainsi, l’observatoire, outil intégré d’aide à la décision, permet-il d’orienter les acteurs qui l’utiliseront dans les changements attendus.

L’observatoire offre un espace de production et de stockage de données et de connaissances pour mieux comprendre la diversité des systèmes agricoles sur un territoire, leurs fonctionnements et leurs performances au cours du temps. Il constituera ainsi un lieu d’échanges, de réflexions et d’actions. Véritable centre de ressources pour les producteurs et les pouvoirs publics, l’observatoire proposera des services d’accompagnement, des bilans et des recommandations pour appuyer l’élaboration des stratégies de transition et d’investissement. Il participera au renforcement des capacités des organisations agricoles régionales en les accompagnant dans la prise en main de l’outil et des produits qu’il offre.

La méthode utilisée est éprouvée. Elle reprend le travail méthodologique important et structurant réalisé dans le cadre de l’initiative internationale d’observatoire des agricultures du monde, portée par la FAO et accompagnée notamment par le Fida et le Cirad. Ce travail collectif a abouti à la création d’un cadre conceptuel complet, appliqué au sud-ouest de l’océan Indien. La méthode permet de décrire de manière complète tout type d’exploitations agricoles à travers leurs moyens de production (ou capitaux) humains, naturels, physiques, sociaux et financiers, les activités du ménage qu’elles soient agricoles ou non-agricoles, ces dernières apportant de la richesse et participant ainsi à la résilience du système dans sa globalité.

L’approche développée est participative favorisant la co-construction du dispositif et le dialogue. Sur chaque territoire concerné, la création de l’observatoire commence par une phase de faisabilité (en cours à Madagascar) pour identifier préalablement les utilisateurs et les contributeurs potentiels, comprendre leurs besoins et les services qu’ils attendent, faire avec eux l’inventaire des données pouvant être valorisées, et co-définir les modalités de gouvernance et de fonctionnement de l’observatoire à l’échelle locale.

L’observatoire en bref


Un projet porté par des acteurs territoriaux issus du monde agricole, s’adossant à des projets territoriaux existants (complémentarité et effet d’entrainement).
Un réseau régional d’observatoires territoriaux/nationaux qui permettent de capter la diversité des systèmes de production et leurs spécificités et d’articuler les échelles locale et régionale.
Un projet régional qui favorise les échanges et la circulation de connaissances, la mise en débat et la résolution de problématiques communes à tous les territoires insulaires concernés ; qui favorise également la mutualisation des moyens humains, techniques et financiers et facilite ainsi la mobilisation de ressources.

Un outil de description et d’analyse des situations actuelles et de leurs évolutions dans le temps :

  • analyse de la diversité des exploitations agricoles présentes sur un territoire en décrivant leurs structures et en construisant une typologie  (sur la base des descripteurs les plus discriminants et en fonction des questions à résoudre),
  • évaluation et suivi des performances économiques, sociales et environnementales des exploitations agricoles,
  • construction/modélisation de scénarios chiffrés (analyse de différentes trajectoires de progrès possibles),
  • analyse des déterminants des stratégies pratiquées et des performances des différents types d’exploitations sur un territoire.

Un outil pour l’action, à travers une offre de services différenciés (et un reporting différencié) en fonction du type d’utilisateur :

  • conseils notamment pour les transformations recherchées,
  • plaidoyer quant au rôle clé et positif joué par l’agriculture familiale sur un territoire donné,
  • gestion, analyse et valorisation des données récoltées,
  • suivi-évaluation de l’impact des efforts et des investissements consentis, v) appui à la conception de projets de développement agricole,
  • appui à l’élaboration de politiques publiques agricoles et de stratégies différenciées d’investissements.

Un outil numérique avec le développement d’un système d’informations sécurisé en ligne comportant une interface adaptée aux besoins des utilisateurs.

Une équipe pluridisciplinaire s’appuyant sur des moyens techniques, matériels et financiers mutualisés.

Des partenaires de différentes natures : à ce stade quatre types d’acteurs sont ciblés

  • la société civile et en particulier les organisations de producteurs/associations agricoles et les ONG investies dans le développement rural et agricole,
  • les agences de développement,
  • le secteur privé,
  • les pouvoirs publics centraux et territoriaux.

Les services et les changements attendus sont divers et dépendent de la nature des parties prenantes.