Biodiversité : des zones prioritaires de lutte contre les espèces exotiques envahissantes à La Réunion

05/08/2021
Engagés ensemble depuis 2017, le Cirad et le Parc National de La Réunion, avec l’aide de leurs partenaires, coordonnent une action de lutte contre les plantes exotiques envahissantes à la demande du Département de La Réunion. Inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco, La Réunion est un hotspot de la biodiversité mondiale par sa richesse unique de plantes endémiques et la lutte contre les espèces exotiques envahissantes constituent un enjeu majeur pour la conservation à long terme des milieux naturels.

Végétation éricoïde au Maïdo à La Réunion, une zone de surveillance prioritaire. © C.Grondin, UMR-PVBMT

Les espèces exotiques envahissantes sont la 5e cause d’érosion de la biodiversité après : les changements d’usage des terres (agriculture, urbanisme…) et de la mer (pêche,…), l’exploitation directe de certains organismes vivant, le changement climatique, la pollution.

4 000 hectares identifiés comme zones prioritaires d’intervention

Le Cirad et ses partenaires ont mis au point plusieurs cartes d’identification des zones prioritaires d’intervention, où ces espèces exotiques envahissantes progressent. Cette carte permet de mettre en avant les zones où les chantiers de lutte ont une faisabilité et efficacité élevées. Au total, 58 500 hectares d’enjeux de conservation ont été identifiés, dont 30 % considérés comme zones non envahies, ce qui implique des actions de surveillances pour préserver ces zones. A contrario, plus de 4 000 hectares ont été identifiés comme zones prioritaires d’intervention.

Ces cartes sont désormais utilisées par les gestionnaires, tels que l’ONF ou le Parc National afin d’orienter la programmation des chantiers de lutte ; elles pourront aussi être utilisées par les collectivités et associations souhaitant mettre en place des actions de lutte contre les EEE.

Un partenariat efficient entre les chercheurs et les opérateurs de terrain

Ces cartes sont issues des travaux de thèse de Pauline Fenouillas qui soutiendra en octobre 2021. Cette thèse est co-financée par le Cirad et le Parc National, et encadrée par Mathieu Rouget, écologue au Cirad. La problématique de cette thèse visait à répondre au défi posé par le Département de La Réunion, à savoir mettre en place un système pour améliorer les actions de lutte tout en fédérant les partenaires et proposer une démarche afin de prioriser les actions de lutte. La démarche a été validée par le CSRPN (Conseil Scientifique Régional du Patrimoine Naturel), une instance habilitée à répondre aux questions relatives à la connaissance, la conservation et la gestion du patrimoine naturel régional.

Mathieu Rouget se félicite de ce partenariat : « Le partenariat mis en œuvre dans ces travaux de cartographie a permis de combiner toutes les données terrains, partager les points de vue entre les différents experts et d’être efficace dans la modélisation des données afin de quantifier les degrés d’invasion à l’échelle de l’île entière ».

« Tout l’intérêt de notre partenariat avec le Cirad est de travailler en continu sur des solutions nouvelles en matière de gestion des écosystèmes et de qualité de l’environnement. Cette collaboration pourrait faire de La Réunion un centre de référence notamment sur la gestion des espèces exotiques envahissantes », souligne Jean Philippe Delorme, directeur du Parc National de La Réunion.

Retrouvez l’intégralité de la synthèse sur les travaux menés sur Agritrop en cliquant ici.

Rubus alceifolius et Ageratina riparia, deux espèces très envahissantes, dans la forêt mésotherme. © C. Grondin, UMR PVBMT

Les travaux réalisés ont par la suite donné lieu à une présentation devant le Comité Eau et Biodiversité de la Réunion par le Département de La Réunion, l’édition d’un livret pédagogique distribué dans les écoles réalisé par la SREPEN et de nombreux articles de vulgarisation afin de diffuser les connaissances acquises.

 

 

 

Par la suite, le Parc National de La Réunion souhaite renouveler le partenariat sur la gestion des EEE en lien avec le changement climatique et en lien avec les parcs nationaux d’Afrique du Sud : un projet devrait démarrer en novembre 2021 sur le sujet. Afin de renforcer les relations entre le Parc National de La Réunion et le Cirad, un accord cadre a été signé lors de la visite à La Réunion du PDG du Cirad en septembre 2020.