Atelier final en Thaïlande sur l’adaptation à la sécheresse dans le bassin de la Mun

30/07/2025
En 2024–2025, le projet DIWAM, mené par le CIRAD, l’Asian Institute of Technology et le Stockholm Environment Institute, avec le soutien du Fonds Équipe France, a travaillé dans le bassin de la rivière Mun, situé dans le nord-est de la Thaïlande, la région la plus sèche et la plus vulnérable du pays, afin d’étudier les impacts de la sécheresse et les stratégies d’adaptation. Son atelier final, organisé en juillet 2025, a réuni des agriculteurs, des agences gouvernementales et des chercheurs pour partager les résultats et définir une deuxième phase axée sur des solutions pratiques et reproductibles pour renforcer la résilience face à la sécheresse.
Discussion de groupe avec des agriculteurs impliqués dans un projet mis en œuvre par le ministère des Ressources en eau
Discussion de groupe avec des agriculteurs impliqués dans un projet mis en œuvre par le ministère des Ressources en eau

Discussion de groupe avec des agriculteurs impliqués dans un projet mis en œuvre par le Département des ressources en eau en juin 2025, province de Buriram, Thaïlande © G Lacombe, CIRAD

Le 22 juillet 2025, l’atelier final du projet DIWAM « From Drought Impacts to Water Adaptations in the Upper Mun River Basin » s’est tenu au centre de conférences de l’Asian Institute of Technology (AIT), à Pathum Thani. L’événement a rassemblé plus de 60 parties prenantes clés issues d’agences gouvernementales thaïlandaises, de communautés locales et d’institutions de recherche pour réfléchir aux résultats du projet et explorer la possibilité d’une deuxième phase

Avec des sécheresses de plus en plus fréquentes et sévères en Thaïlande, en particulier dans la région nord-est l’agriculture est dominante mais très vulnérable, le projet DIWAM a travaillé au cours de l’année écoulée à évaluer les impacts réels de la sécheresse sur les petits exploitants agricoles, à examiner les mesures d’adaptation existantes et à explorer les moyens de les rendre plus efficaces et reproductibles à grande échelle.

Comprendre et s’adapter à la sécheresse grâce à une approche collaborative

Lancé en août 2024, le projet DIWAM a été mis en œuvre conjointement par le CIRAD, l’Asian Institute of Technology (AIT) et le Stockholm Environment Institute (SEI), avec un financement du ministère français de l’Europe et des Affaires étrangères à travers le Fonds Équipe France.

Le projet s’est concentré sur le bassin de la rivière Mun, dans le nord-est de la Thaïlande, la région la plus sèche mais aussi la plus pauvre du pays. Elle se caractérise par des sols sableux et salins, des terres largement dédiées à l’agriculture et de faibles rendements rizicoles, ce qui en fait l’une des zones les plus vulnérables à la sécheresse.

En travaillant dans ce contexte difficile, le projet DIWAM visait à :

Évaluer comment la sécheresse affecte concrètement les ménages agricoles et les moyens de subsistance ruraux
Comparer les expériences de terrain avec les évaluations de sécheresse fondées sur des modèles
Cartographier les institutions impliquées dans la gestion de l’eau et de la sécheresse
Identifier les stratégies d’adaptation les plus efficaces et définir comment les déployer à grande échelle
Comprendre les facteurs qui rendent les projets pilotés par les institutions réussis et durables

  • Évaluer comment la sécheresse affecte concrètement les ménages agricoles et les moyens de subsistance ruraux
  • Comparer les expériences de terrain avec les évaluations de sécheresse fondées sur des modèles
  • Cartographier les institutions impliquées dans la gestion de l’eau et de la sécheresse
  • Identifier les stratégies d’adaptation les plus efficaces et définir comment les déployer à grande échelle
  • Comprendre les facteurs qui rendent les projets pilotés par les institutions réussis et durables

Du terrain aux résultats

Pour atteindre ces objectifs, le projet a mené des recherches sur six sites répartis dans les provinces de Nakhon Ratchasima et de Buriram. Chaque site était lié à des projets gérés par différentes agences gouvernementales thaïlandaises, couvrant des domaines tels que l’irrigation, les eaux souterraines, l’utilisation des terres, les réservoirs et l’agriculture communautaire.

Ces sites ont été sélectionnés afin de refléter une diversité d’approches d’adaptation : des grands systèmes collectifs d’irrigation jusqu’aux modèles à petite échelle, au niveau des exploitations, conçus pour l’autonomie. En les comparant, le projet a pu mieux comprendre non seulement les dimensions techniques et environnementales de la réponse à la sécheresse, mais aussi la manière dont les institutions et les agriculteurs vivent et façonnent ces interventions.

Une carte satellite Google Earth du bassin de la rivière Mun

Réservoir du bassin versant de la rivière Mun intégrant des zones humides comme solution naturelle de stockage d’eau pour l’irrigation. © Google Earth

Un ouvrage de stockage de l’eau construit par le Département des ressources en eau pour un usage collectif des communautés riveraines illustre l’une de ces approches d’adaptation. Les communautés doivent définir, en accord avec les administrations locales, les règles de partage de l’eau d’irrigation ainsi que les frais d’entretien. Une tentative de préservation d’une ancienne zone humide, située au centre du réservoir, est visible sur la photo. Ce site correspond au lit de la rivière Mun, autrefois riche en zones humides. Il illustre les efforts en cours pour mettre en œuvre des « solutions fondées sur la nature », c’est-à-dire améliorer les capacités naturelles de stockage de l’eau des zones humides afin de répondre aux besoins en irrigation.

 

Les besoins des agriculteurs au cœur de l’adaptation

Discussion de groupe avec des agriculteurs impliqués dans le projet « Khok Nong Na » assis autour d'une table en train de rire avec le coordinateur qui tient le micro.

Discussion de groupe avec des agriculteurs impliqués dans le projet « Khok Nong Na » mis en œuvre par le Département du développement communautaire, province de Buriram, Thaïlande, juin 2025 © G. Lacombe, CIRAD

Un vaste effort d’enquête, mené avec le soutien d’équipes universitaires locales, a permis de recueillir 27 500 données couvrant la démographie, la production agricole, l’expérience de la sécheresse, l’engagement institutionnel et les préférences des agriculteurs. Ce mélange d’éléments factuels et d’expériences vécues a apporté un éclairage nouveau sur les facteurs qui font le succès de l’adaptation à la sécheresse et sur les améliorations nécessaires pour la rendre plus durable et reproductible à grande échelle.

Ces consultations ont porté sur les mandats, les activités et les projets en cours, afin d’identifier les chevauchements de responsabilités, les lacunes restantes et les moyens pour les différentes agences de mieux se compléter. En combinant la cartographie institutionnelle avec les données recueillies sur le terrain, le projet DIWAM a mis en évidence l’importance d’une conception participative. Les futurs projets d’adaptation à la sécheresse devraient être élaborés de manière à tenir compte des conditions propres à chaque site, des besoins des agriculteurs ainsi que de leurs connaissances et compétences existantes.

Cette analyse a préparé le terrain pour d’importantes discussions lors de l’atelier final, où les représentants des agences et les responsables communautaires ont échangé leurs points de vue sur la manière de mieux relier les programmes nationaux aux réalités locales afin de répondre aux besoins des agriculteurs.

Prochaines étapes pour le bassin de la rivière Mun

Lors de l’atelier final, la discussion est passée du diagnostic à l’action. Les connaissances accumulées au cours de la première année du projet DIWAM alimenteront une deuxième phase, axée sur le test de solutions concrètes sur le terrain : nouvelles méthodes de gestion de l’eau dans la riziculture, techniques d’équilibrage des étangs et de recharge des nappes souterraines, pratiques agricoles comme la compaction des sols permettant de réduire les pertes en eau, etc.

Étang entouré de verdure

Étang subventionné par le Département du développement des terres pour l’agriculture intégrée, combinant l’irrigation des vergers fruitiers, l’irrigation complémentaire des pépinières de riz et l’aquaculture (élevage de poissons), avril 2025, province de Nakhon Ratchasima, Thaïlande © G. Lacombe, CIRAD

Les parties prenantes ont souligné que les futurs projets doivent être guidés non seulement par la performance technique, mais aussi par une analyse coûts-bénéfices précise et par des approches intégrant une vision d’ensemble : comment l’utilisation de l’eau se relie aux besoins énergétiques, à la production alimentaire et aux moyens de subsistance des familles agricoles.

La deuxième phase proposée met également un accent plus fort sur le suivi et l’évaluation, afin d’identifier les pratiques réussies et de les diffuser à plus grande échelle. En s’alignant sur des cadres internationaux tels que les Conventions de Rio, elle permettrait de relier l’adaptation locale dans le nord-est de la Thaïlande aux efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique et la dégradation des terres.

Cette analyse a ouvert la voie à d’importantes discussions lors de l’atelier final, où les représentants des agences et les responsables communautaires ont échangé leurs points de vue sur la manière de mieux relier les programmes nationaux aux réalités locales afin de répondre aux besoins des agriculteurs.

Un engagement commun pour la résilience

Ce qui est ressorti clairement de l’atelier, c’est que la résilience ne peut être construite ni par les agriculteurs seuls, ni par les institutions travaillant de manière isolée. En réunissant ces différentes perspectives, le projet DIWAM a créé une plateforme où la science, les politiques publiques et la pratique se rencontrent. Les enseignements tirés du bassin de la rivière Mun peuvent servir la région la plus sèche et la plus pauvre du pays et inspirer des actions plus larges pour un avenir où les sécheresses seront plus fréquentes et la résilience plus essentielle.