Les plateformes multi-acteurs d’innovation, vecteurs des changements dans les chaines de valeur du lait.

19/09/2022
Des Plateformes multi-acteurs d’Innovation Lait (PIL) ont été mises en place dans le cadre du projet Africa-Milk dans la région de Bobo-Dioulasso, ou renforcées dans la région de Banfora au Burkina Faso. Les éleveurs, les chercheurs et autres acteurs impliqués ont tiré un bilan positif de ces expériences.

Essai d’alimentation de vaches laitières à la ferme:prise des mensurations d’une vache en vue de la formulation participative d’une ration de complémentation à base de fourrage cultivé © Etienne Sodré

Les 14 et 18 juillet 2022, les acteurs des PIL de Banfora et Bobo-Dioulasso et la Recherche ont organisé les ateliers finaux du projet Africa-Milk au Burkina Faso pour dresser le bilan des activités du projet, restituer les résultats de l’évaluation des changements induits par le projet, et discuter des perspectives de collaboration avec les PIL. Chaque atelier a réuni les représentants des acteurs de la chaîne de valeur lait local des deux bassins de production que sont les éleveurs, les collecteurs et les transformateurs. Les éleveurs ayant participé aux essais d’alimentation ont été particulièrement représentés. Ces ateliers ont été présidés par les responsables des services déconcentrés en charge de l’élevage que sont les directeurs provinciaux et régionaux des ressources animales et halieutiques.

L’analyse des systèmes de production du lait réalisée en 2019 ont mis en lumière un système de conduite alimentaire prometteur basé sur la distribution de fourrages de qualité. Les rendements sont augmentés de 70% et la marge brute des exploitations de 169% tout en baissant la pression sur les pâturages et en limitant le recours aux aliments industriels. Mais ces techniques ne sont mises en œuvre que par seulement 7% des éleveurs enquêtés. Les activités de recherche se sont donc focalisées sur la co-conception à la ferme de systèmes de conduites alimentaires intégrant les fourrages, adaptés au plus grand nombre et à la diversité des besoins des éleveurs. Ces travaux ont été réalisés grâce à une forte implication des éleveurs et un engagement des dirigeants des PIL. C’est ainsi que 5 fourrages prometteurs ont été testés chez 211 producteurs, puis développés chez 60 éleveurs-testeurs qui les ont expérimentés en vrai grandeur dans leur atelier durant la saison sèche.

Les enquêtes ont révélé que 97% des éleveurs-testeurs estiment que la quantité de lait produite a connu une augmentation, 58 % qu’elle a un peu augmentée et 39% qu’elle a beaucoup augmenté. Pour l’ensemble des éleveurs, l’amélioration des pratiques de distribution de rations de complémentation intégrant plus de fourrage cultivé de qualité conduit à une augmentation de la production laitière. Environ un tiers attribuent totalement cette augmentation à l’amélioration du disponible fourragé et du stockage des résidus culturaux.

A côté des éleveurs-testeurs qui ont été bénéficiaires directs du projet, certains voisins ont intégré la culture fourragère dans leur système de culture. Les entretiens auprès d’une vingtaine d’entre eux ont montré que les principales raisons sont la volonté d’augmenter la production laitière de saison sèche chez 75% des éleveurs, l’amélioration des revenus issus de la vente du lait chez 17% et 25% des éleveurs, respectivement à Bobo et Banfora, et l’amélioration de l’état sanitaire des vaches chez 8% des éleveurs à Bobo. La totalité des éleveurs ont noté une augmentation de la production de lait, tandis que 42% et 75% des éleveurs ont relevé une augmentation des revenus tirés du lait, et 42% et 13% des éleveurs une amélioration de la santé des vaches, respectivement à Bobo-Dioulasso et à Banfora.

A l’avenir, la collaboration entre la recherche et les acteurs des chaines de valeur lait local pourra s’appuyer sur les PILs de Bobo-Dioulasso et de Banfora. Ils s’avèrent être des dispositifs appropriés pour discuter et tester des innovations techniques et organisationnelles qui prennent en compte les intérêts et les contraintes parfois divergentes des acteurs d’une même chaine de valeur. La poursuite des travaux sur l’intensification agroécologique de la production laitière, basée sur un recours accru à la production de fourrages de qualité, mais aussi sur un recyclage plus efficient des déjections des animaux et des résidus de culture, a d’ores et déjà débutée dans le cadre de l’initiative One CGIAR sur l’agroécologie.