Durabilité et expansion des innovations agricoles au Sahel : les huit projets DeSIRA au cœur de l'action

02/07/2024
Le Sahel fait face à d’importants défis agricoles, accentués par les changements climatiques. Pour y répondre, huit projets pilotes menés dans le cadre de l’initiative européenne DeSIRA opèrent dans la sous-région, couvrant des domaines tels que l'amélioration variétale, l'agroécologie, les bioénergies, l’irrigation et l'élevage. Leur objectif commun : développer des systèmes agroalimentaires durables et résilients. Les animateurs de ces projets se sont réunis en mars au Sénégal afin de penser la pérennisation et le changement d’échelle de leurs innovations dans la région sahélienne.
Photo de famille de l'atelier sous régional inter DeSIRA à Saly au Sénégal
Photo de famille de l'atelier sous régional inter DeSIRA à Saly au Sénégal

Photo de famille de l'atelier sous régional inter DeSIRA à Saly au Sénégal. © L. Diédhiou, DISSEM-INN

Le projet Dissémination des innovations en zone sahélienne (Dissem-Inn)

Le projet Dissémination des innovations en zone sahélienne (Dissem-Inn) a comme objectif de capitaliser sur la conception et la dissémination des innovations développées au sein de ces huit projets DeSIRA, concernés par ses activités.

Dans le cadre du projet Dissem-Inn, financé par l'Agence française de développement (AFD) et piloté par le Cirad, un atelier régional Inter-DeSIRA a été organisé du 5 au 7 mars 2024, à Saly au Sénégal. Rassemblant des représentants des huit projets DeSIRA, cet événement a consisté en des réflexions sur la pérennisation et le changement d'échelle de leurs innovations dans la région sahélienne après la fin du projet Dissem-Inn en décembre 2024.

Un atelier d’échange entre les animateurs des huit projets DeSIRA au Sahel

Lors d'un atelier sous régional inter-DeSIRA en mars dernier, seize innovations ont été sélectionnées au sein de ces huit projets pilotes et ont fait l’objet d’une réflexion approfondie sur la pérennisation et le changement d’échelle.

Robin Bourgeois, coordonnateur du projet Dissem-Inn, a insisté sur l'importance de prévoir la durabilité des interventions, au-delà de la fin des projets, pour garantir leur efficacité. Selon lui, cette durabilité suppose le développement de stratégies visant à maintenir les résultats obtenus et les activités mises en place, même une fois le financement initial épuisé. Pour ce faire, il faut déjà présent penser à des stratégies d'appropriation de ces résultats par les bénéficiaires des projets.

Cette rencontre vise deux objectifs principaux : faciliter le partage d'expériences et de stratégies entre les projets pour favoriser la pérennisation de leurs innovations, et encourager la réflexion sur le changement d’échelle, c’est-à-dire la manière d'atteindre des zones géographiques plus étendues et un public plus large. 

Chloé Lesenfans
Consultante sur la coordination du projet Dissem-Inn
Equipe projet DISSEM-INN

Interview de l'équipe de coordination du projet DISSEM-INN. © L. Diédhiou, DISSEM-INN

Exemple des innovations étudiées

  • Farine de mil
  • Tô de sorgho
  • Niébé Kossei
  • Hybrides de sorgho
  • Culture fourragère de Maralfalfa
  • Séchoir à mangues alimenté par brûleur de coque d’anacarde
  • Bouilleur d’anacarde pour la fragilisation des noix
  • Plateforme de production de données sur le méthane entérique

Les intérêts des innovations agricoles : techniques, organisation, dimension socio-culturelle des acteurs

Participants de l'atelier en travail

Participants de l'atelier en travail d'échange de fiches. © L. Diédhiou, DISSEM-INN

« Nous avons évalué et quantifié les différentes dimensions de ces innovations, au cours d’un exercice pratique de complétion de fiches. Nos changements sont principalement d'ordre technique, notamment dans les pratiques agricoles. Mais, remplir ces fiches nous a permis de mettre en lumière les dimensions organisationnelle et socio-culturelle de ces innovations, des aspects souvent négligés, mais essentiels » a souligné Dr Mame Farma Ndiaye, coordinatrice du projet FAIR Sahel au Sénégal. « En mettant l'accent sur ces dimensions des innovations, à l'avenir nous pourrons accélérer le processus d'adoption de ces pratiques par les agriculteurs », confie Mame Farma Ndiaye, par ailleurs directrice du Centre de recherches agricoles (CRA) de Saint-Louis.

En revenant sur les motivations de sa participation, Marc Ouédraogo, point focal du projet Petite irrigation innovante au Burkina Faso, met en avant un double intérêt pour son projet. Il souligne que cet « atelier offre une opportunité d'échange et de partage d'expérience avec d'autres partenaires qui, bien que travaillant sur d'autres thématiques, partagent des approches similaires ».

Habibou Assouma, chercheur et point focal du projet CaSSECS au Burkina Faso

Interview de Habibou Assouma, chercheur et point focal du projet CaSSECS au Burkina Faso. © L. Diédhiou, DISSEM-INN

À l’image de Marc Ouédraogo, plusieurs participants, points focaux et chefs de projets, ont souligné l’importance de leur participation à cet atelier en raison de la phase avancée de leurs projets. Ils considèrent les discussions sur la pérennisation et le changement d'échelle des innovations comme prioritaires pour leur projet. « C’est une opportunité pour les participants du projet Séquestration de carbone et émissions de gaz à effet de serre dans les écosystèmes (agro) sylvopastoraux des Etats sahéliens (CaSSECS) d’assister à ce genre de rencontre. Cela nous permettra d’échanger sur nos pratiques et réfléchir à la manière de les pérenniser et de les étendre », a déclaré Habibou Assouma, chercheur et point focal du projet CaSSECS au Burkina Faso. « Il est crucial de passer de l'expérimentation à la mise à l'échelle, afin d'avoir un véritable impact sur le terrain », poursuit-il.

Selon l’équipe projet Dissem-Inn, les résultats et messages issus de ce séminaire joueront un rôle clé pour orienter les futurs projets dans leur mission de développement agricole durable au Sahel. Les leçons apprises seront intégrées dans l'atelier de synthèse à venir, pour apporter des éclairages utiles à destination de toutes les parties prenantes engagées dans la conception, le financement, la mise en œuvre et la capitalisation de tels projets.

Les huit projets concernés

  • Séquestration de carbone et émissions de gaz à effet de serre dans les écosystèmes (agro) sylvopastoraux des Etats sahéliens (CaSSECS)
  • Petite irrigation innovante au Burkina Faso (Irrinn)
  • Promouvoir une intensification agroécologique de l’agriculture pour favoriser la résilience des exploitations dans le Sahel (FAIR Sahel)
  • La santé (des humains, des animaux, des plantes) comme levier de développement dans le cadre de la transition agroécologique (SANTÉS ET TERRITOIRES)
  • Des bioénergies durables pour les petites entreprises agroalimentaires des territoires ruraux d’Afrique de l’Ouest (BIOSTAR)
  • Développer des cultures résilientes au profit des petits producteurs d’Afrique de l’Ouest (ABEE)
  • Adapter l’accès aux ressources agro-pastorales dans un contexte de mobilité et de changement climatique pour l’élevage au Tchad (ACCEPT)
  • Améliorer la productivité des cultures et la résilience climatique pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle au Mali (APSAN-Mali)