Agriculteurs et institutions de recherche visitent les expérimentations en cacaoculture agroforestière

22/11/2024
Favoriser les transitions agroécologiques dans les régions tropicales humides grâce à des laboratoires vivants, c’est l’objet du projet CANALLS mené pour l’Afrique centrale dans 4 pays : Cameroun, RDC, Rwanda, et Burundi. Ces laboratoires consistent à combiner des connaissances scientifiques et paysannes pour co-construire des réponses innovantes aux enjeux environnementaux, sociaux et économiques actuels, dans le but de promouvoir une agriculture durable. Les 14 et 15 octobre 2024, les acteurs et actrices de la production de cacao, scientifiques et leaders d’organisations paysannes se sont réunis dans la localité de Bivouna située à Ntui afin d’apprécier l’état d’avancement des expérimentations des pratiques agroécologiques pour la cacaoculture en milieu paysan. Voici le point sur les visites, observations et échanges.
Equipe de cocréation du Laboratoire Vivant de Ntui. © S. Koutchou, Cirad
Equipe de cocréation du Laboratoire Vivant de Ntui. © S. Koutchou, Cirad

Equipe de cocréation du Laboratoire Vivant de Ntui. © S. Koutchou, Cirad

Les partenaires du projet

Au Cameroun, le Laboratoire Vivant de Ntui est le résultat d’une collaboration entre agriculteurs et plusieurs institutions de recherche et de développement.

  • Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD)
  • International Institute of Tropical Agriculture (IITA)
  • Cirad
  • Cameroon Forum for Agricultural Advisory Services (CAMFAAS)
  • African Forum for Agricultural Advisory Services (AFAAS)
  •  Société coopérative avec Conseil d'administration pour le Manioc (SCOOPMAN)

Démarche de co-création des pratiques agroécologiques en cacaoculture

Au cours de la réunion de mise en place du Living Lab à Ntui en décembre 2023, les parties prenantes ont été familiarisées avec les concepts et approches de l’agroécologie mises en œuvre dans le projet CANALLS. Les principaux défis liés à la cacaoculture dans la zone ont été identifiés par les parties prenantes. Au cours de la réunion de janvier 2024, les producteurs de cacao de Ntui, ont proposé une hiérarchisation des défis auxquels ils sont confrontés :

1. Dégâts causés par les maladies et ravageurs du cacaoyer.

2. Déficiences nutritionnelles du cacaoyer.

3. Mauvaise gestion de l’ombrage.

Des pratiques agroécologiques ont été proposées à l’expérimentation pour répondre à ces trois premiers défis.

Pratiques agroécologiques expérimentées

Essai 1 : Fertilisation foliaire et gestion de l’ombrage

Cet essai combine le niveau de couverture d’arbres associés et la fertilisation foliaire du cacaoyer et teste l’effet de l’ombrage et des engrais foliaires sur la production de cacao et certaines propriétés des sols.

Dans cet essai, deux traitements sont mis en place sous une couverture arborée variable : un traitement avec application d’engrais foliaire (+F) et un traitement sans application d’engrais foliaire (0F). L’essai comporte 12 parcelles paysannes appartenant toutes à des agriculteurs et agricultrices différents. Le dispositif inclut quatre  parcelles « mère » ayant chacune trois blocs expérimentaux comportant les deux traitements (fertilisé et non-fertilisé). L’essai inclut également 8 parcelles « bébé » ayant chacune un seul bloc avec les deux traitements (fertilisé et non-fertilisé).

Description de l’essai sur la gestion de l’ombrage en cacacoculture. © S. Koutchou, Cirad

Description de l’essai sur la gestion de l’ombrage en cacacoculture. © S. Koutchou, Cirad

Description de l’essai sur la gestion de l’ombrage en cacacoculture. © S. Koutchou, Cirad

Description de l’essai sur la gestion de l’ombrage en cacacoculture. © S. Koutchou, Cirad

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Essai 2 : Utilisation de biopesticides

Cet essai cherche à évaluer l’impact agronomique et économique du remplacement des pesticides chimiques par des biopesticides efficaces et qui minimisent les risques pour l’environnement et la santé. Il permet d’évaluer l’effet des biopesticides sur l’incidence de la maladie (pourriture brune des cabosses) et du ravageur (punaise/miride). L’essai comporte 3 parcelles paysannes appartenant à trois agriculteurs différents. Chaque parcelle est composée de 3 blocs expérimentaux comportant chacun 3 traitements (application de pesticides chimiques, application de biopesticides et pratique paysanne).

Critères de sélection des parcelles cacaoyères pour l’expérimentation

Le choix des parcelles cacaoyères a été guidé par plusieurs critères tels que le niveau de collaboration entre les agriculteurs, agricultrices et autres parties prenantes, l'accessibilité des exploitations, les types d’essais, l’âge des cacaoyères, et les caractéristiques agroécologiques de ces zones (forêt, savane et zone de transition). Au cours de cette visite, les parties prenantes ont eu l’opportunité de sillonner les champs, d’observer les pratiques en cours, et surtout de discuter directement avec les agriculteurs et agricultrices dont les cacaoyères sont impliquées dans ces expérimentations.

Description du cadre naturel de la zone d’étude et rappel sur le concept de l’agroécologie. © H. Mahot

Description du cadre naturel de la zone d’étude et rappel sur le concept de l’agroécologie. © H. Mahot

Perceptions des agriculteurs et agricultrices

La majorité des producteurs et productrices de cacao indiquent avoir déjà utilisé le fertilisant « AgroVert spécial cacao », dans leurs cacaoyères au moins une fois durant les cinq dernières années. En revanche, ils ne sont pas familiers des techniques de mesure de l’ombrage. Ils soulignent cependant l'importance d’avoir de « bonnes espèces » d'arbres dans les cacaoyères. Les critères essentiels pour les producteurs et productrices de cacao incluent la capacité des arbres à fournir de l'ombrage, à offrir des ressources utiles telles que des fruits ou des noix, du bois de construction, à ne pas attirer les maladies et ravageurs, à ne pas concurrencer les cacaoyers en particulier pour l’eau contenu dans le sol. Quant aux biopesticides, leur connaissance reste limitée concernant le bio-insecticide et le bio-fongicide utilisés dans ces essais, et qui ne sont pas encore commercialisés.

Cette activité est le troisième atelier dans le cadre du processus de co-création du projet CANALLS à Ntui. Un quatrième atelier de restitution des résultats des expérimentations en cours est prévu à la fin de la saison.

Séance de restitution après la visite des expérimentations pour recueillir la perception des agriculteurs, agricultrices et autres parties prenantes. © V. Mandah

 Séance de restitution après la visite des expérimentations pour recueillir la perception des agriculteurs, agricultrices et autres parties prenantes. © V. Mandah