BioStar : approvisionner en bioénergies durables les PME agroalimentaires au Sahel

Science en action 23 mars 2020
Coques de noix de cajou, balle de riz, noyaux de mangue, etc. Ces résidus produits par les PME agroalimentaires sont autant de sources potentielles de bioénergie. Une option énergétique durable que le Cirad et neuf de ses partenaires vont développer en Afrique de l’Ouest grâce au projet BioStar soutenu par l’Union européenne et l’Agence française de développement.
La production de beurre de karité nécessite de nombreuses étapes énergivores. Le projet Biostar s’efforcera de valoriser les sous-produits émanant de cette filière (tourteaux de pressage, boue de barattage et coques) en tant que combustible, au lieu du bois de feu, non renouvelable, utilisé traditionnellement. © J. Blin, Cirad
La production de beurre de karité nécessite de nombreuses étapes énergivores. Le projet Biostar s’efforcera de valoriser les sous-produits émanant de cette filière (tourteaux de pressage, boue de barattage et coques) en tant que combustible, au lieu du bois de feu, non renouvelable, utilisé traditionnellement. © J. Blin, Cirad

Projet Biostar : approvisionner en bioenergies durables les pme agroalimentaires au sahel © Cirad

Améliorer l'approvisionnement énergétique des PME de transformation agroalimentaire grâce aux bioénergies, dans les pays du Sahel, c’est l’ambition du projet BioStar. Coordonné par le Cirad en collaboration avec neuf partenaires africains et européens – recherche et société civile - il s’inscrit dans le cadre du grand programme européen DeSIRA (pour Development Smart Innovation through Research in Agriculture). Son financement sur cinq ans (2020-2024) est assuré par l’Union européenne et l’Agence française de développement, à hauteur de plus de 11 millions d’euros.

Une source potentielle d’énergies au bénéfice des PME agroalimentaires locales

En Afrique de l’Ouest, l’accès à l’énergie en zones rurales est souvent fluctuant, cher et insuffisant. Pour sécuriser leur approvisionnement énergétique, les PME de transformation agroalimentaire sont contraintes de s’implanter en banlieues des villes. Conséquences : le transport des matières premières depuis les zones de production agricole engendre un surcoût et s’accompagne de la perte d’une partie des récoltes. En outre, la concentration urbaine croît au détriment des zones rurales qui peinent à se développer, avec une activité alors limitée à l’agriculture.

Ces entreprises génèrent, par ailleurs, des résidus organiques qui, mal gérés, entraînent des problèmes en termes de santé et de sécurité publiques et/ou de contamination environnementale. Néanmoins, cette biomasse - coques des noix de cajou et de karité, coques de gousses d’arachide, noyaux de mangue ou balle de riz - est une source potentielle d’énergies : chaleur, force motrice, électricité. D’où le propos de BioStar, à savoir implanter ,dans les PME agroalimentaires, des unités de production de bioénergies à partir de leurs résidus organiques.

Le succès conditionné par la qualité de l’approvisionnement en résidus organiques

Dès cette année, le projet va se concentrer sur le Sénégal et le Burkina Faso où cinq filières agroalimentaires — noix de cajou (anacarde), arachide, karité, mangue et riz — ont été identifiées. En collaboration avec les organisations interprofessionnelles locales, y seront recherchées les PME en capacité d’innover et représentatives de la filière afin de définir avec elles leurs besoins énergétiques et trouver des solutions pour un approvisionnement durable en résidus. Ce dernier point est capital : en 2013, une étude menée par le Cirad avait montré que dans divers pays dont le Burkina Faso, la qualité de l’approvisionnement conditionnait le succès ou l’échec des systèmes de production de bioénergies dans les zones rurales. Ensuite, 16 prototypes d’équipements de production de bioénergie seront adaptés à la situation de chaque PME et installés par des équipementiers sahéliens et/ou européens. À la fin du projet, les unités expérimentales seront rétrocédées aux PME. Enfin, une filière de formation sera déployée afin de développer le secteur des bioénergies en Afrique sahélienne grâce notamment à l’implication des décideurs politiques locaux, nationaux et sous régionaux. Cette démarche vise à la mise en place d’un cadre politique plus favorable à ce développement dans les territoires ruraux.

Des zones rurales plus dynamiques et autonomes en énergie

À terme, grâce à une énergie moins chère et stable, ces PME pourront s’installer dans les zones rurales, au plus près de la production des matières premières. D’où l’effet domino attendu. Pour les entreprises, cela signifie moins de transport et moins de perte post-récoltes. Tandis qu’une meilleure conservation des produits transformés contribuera à la sécurité alimentaire de l’ensemble des acteurs de la filière, aussi bien des agriculteurs que des employés des PME qui sont souvent des femmes. Autrement dit, les zones rurales gagneront en autonomie énergétique et en dynamisme. Enfin, plus largement, une meilleure gestion de ces résidus pourvoyeurs de méthane et une moindre utilisation des énergies fossiles permettront de réduire l’impact de cette filière sur le changement climatique.

Partenaires

  • Cirad (coordinateur)

Instituts de recherche et de formation nationaux d’Afrique de l’Ouest

  • 2iE
  • IRSAT
  • Université Ouagadougou II
  • ISRA/Bame
  • Université Gaston Berger de Saint-Louis-du-Sénégal
  • Institutions de recherche en Europe
  • Université catholique de Louvain en Belgique
  • Institut d'ingénierie agricole de l'Université de Hohenheim en Allemagne
  • Université Roma III en Italie

Organisation non gouvernementale

  • Nitidae

L’initiative DeSIRA

L'initiative DeSIRA (Development Smart Innovation through Research in Agriculture) a été lancée lors du One Planet Summit de Paris en décembre 2017. Elle est portée par la Direction Coopération internationale et Développement de la Commission européenne (DG Devco) de l’Union européenne et s’articule avec la Fondation Bill & Melinda Gates. Elle vise à booster l'innovation dans l'agriculture et la transformation des systèmes alimentaires des pays partenaires pour les rendre plus résilients aux effets du changement climatique. Elle cherche à renforcer les partenariats de recherche (Europe et Sud), à promouvoir une recherche en partenariat avec les acteurs de développement, à se préoccuper d’une recherche qui vise l’impact.

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