Afrique de l’Ouest | 40 000 producteurs bénéficieront d’un nouveau projet européen de sélection végétale

Science en action 25 juin 2020
L’amélioration des plantes constitue un enjeu de taille pour la résilience des producteurs et productrices agricoles face au changement climatique. Un nouveau projet d’envergure a pour objectif de renforcer les réseaux et les capacités institutionnelles de trois pays d’Afrique de l’Ouest dans ce domaine. Doté d’un financement de près de 9 millions d’euros, il est coordonné par le Coraf, mis en œuvre par un consortium d’instituts nationaux et internationaux dont le Cirad, dans le cadre du grand programme de financement DeSIRA de l’Union européenne.
Récolte d’une évaluation participative en milieu paysan de variétés d’arachide, en collaboration avec une organisation de producteur (RESOPP) © Hodo-Abalo Tossim
Récolte d’une évaluation participative en milieu paysan de variétés d’arachide, en collaboration avec une organisation de producteur (RESOPP) © Hodo-Abalo Tossim

Récolte d’une évaluation participative en milieu paysan de variétés d’arachide, en collaboration avec une organisation de producteur (RESOPP) © Hodo-Abalo Tossim

Cinq cultures sont concernées par le projet ABEE (West Africa Breeding networks and Extension Empowerment) : le niébé, l’arachide, le mil, le sorgho et le fonio. Indispensables à la sécurité alimentaire des populations, ces cultures sont aussi potentiellement très sensibles au changement climatique. Or, elles sont très présentes sur les marchés d’Afrique de l’Ouest, et en particulier au Burkina Faso, au Niger et au Sénégal, pays concernés par le projet.

« L'amélioration variétale des principales cultures vivrières est un outil important pour répondre efficacement aux besoins alimentaires croissants et à l'augmentation de la population » selon Abdou Tenkouano, directeur général du Coraf.

Le projet ABEE apportera une meilleure approche de la coordination de la sélection variétale aux niveaux régional et national . Une base de connaissances servira de source d’information pour les programmes de sélection. Les réseaux existants seront renforcés pour faciliter l’échange de matériel génétique. « Le projet renforcera le réseau régional de sélectionneurs existant dans le cadre du dispositif de recherche et d’enseignement en partenariat Innovation et amélioration variétale en Afrique de l’Ouest (dP IAVAO) » précise Sylvie Lewicki, directrice régionale du Cirad pour l’Afrique de l’Ouest - zones sèches.

 

Productrices d’arachide de la région de Fatick (Sénégal) visitant des parcelles de démonstration de nouvelles variétés d’arachide  © Hodo-Abalo Tossim

Productrices d’arachide de la région de Fatick (Sénégal) visitant des parcelles de démonstration de nouvelles variétés d’arachide  © Hodo-Abalo Tossim

Les sélectionneurs seront au cœur de la démarche de recherche. « [Ils] se retrouveront dans des stations et des laboratoires bien équipés utilisant des techniques de sélection modernes » souligne Alioune Fall, directeur général de l’Isra.

Il s’agira pour eux, avec l’appui soutenu des partenaires internationaux, de moderniser leurs pratiques de sélection grâce à la mise en place et à l’utilisation d’équipements et de méthodes peu utilisés en Afrique : numérisation, génétique moléculaire, plan de développement informatique (connectivité internet, serveurs, matériel informatique), etc.

Les principales stations expérimentales utilisées par les programmes de sélection au Burkina Faso, au Niger et au Sénégal bénéficieront de nouveaux investissements.

Les variétés ainsi développées répondront aux besoins de cultures résilientes des paysans d'Afrique de l'Ouest.

Le projet leur permettra également de mieux identifier les produits et les demandes du marché . Le secteur privé sera impliqué dans le projet au travers de partenariats public-privé. Ces partenariats permettront notamment d'anticiper les besoins en termes de quantité et de types de variétés adaptées à la demande. Des évaluations participatives et des enquêtes régulières auprès des producteurs et des marchés fourniront aux sélectionneurs des informations essentielles pour aligner les attentes des utilisateurs et les résultats de la recherche.

Enfin, le renforcement de capacité des chercheurs des systèmes nationaux et la formation de la future génération de sélectionneurs et de scientifiques permettra des résultats durables après la fin du projet.

ABEE a été lancé il y a quelques semaines à Dakar. Il sera mis en œuvre par un consortium d'institutions internationales, régionales et nationales ayant fait leurs preuves en matière d'amélioration variétale :