Les dispositifs en partenariat, catalyseurs de la coopération Sud-Sud

Science en action 12 septembre 2024
En 2006, le Cirad initiait les dispositifs de recherche et de formation en partenariat. Aujourd’hui, il en existe 20. Ces dispositifs multilatéraux réunissent, entre autres, des scientifiques du Sud de divers horizons autour d’un enjeu clé de leur région. Ils jouent un rôle essentiel en favorisant la coopération Sud-Sud à une échelle régionale sans équivalent.
© R. Belmin, Cirad
© R. Belmin, Cirad

© R. Belmin, Cirad

« Le partenariat n’est pas un processus facile. Il faut apprendre à travailler ensemble ce qui est impossible dans un court laps de temps, » souligne Prisca Mugabe, coordinatrice du dispositif en partenariat RP-PCP (Production et conservation en partenariat en Afrique australe) qui réunit 14 institutions partenaires, dont 11 Africaines, depuis 2007.
Le RP-PCP est l’un des 20 dispositifs de recherche et de formation en partenariat (dP) initiés depuis 2006. Ces dispositifs multilatéraux et pérennes réunissent des scientifiques de diverses institutions autour d’un enjeu clé de leur région. « Ils constituent des catalyseurs de la coopération Sud-Sud à une échelle régionale sans équivalent », assure Tanguy Lafarge, délégué aux dP pour le Cirad.

Le dP Sirma (Eaux et territoires au Maghreb), créé il y a plus de 20 ans, réunit une soixantaine de chercheurs, enseignants et de doctorants qui analysent et accompagnent les dynamiques des systèmes irrigués au Maghreb. C’est un réseau de compétence qui interagit depuis plusieurs années avec des scientifiques d’une tout autre région, le Nordeste brésilien, sur les questions de gestion de l’eau en milieu semi-aride.

Le dP PPZS (Pastoralisme et zones sèches en Afrique de l’Ouest) est un groupement d’intérêt scientifique qui a été créé en 2001 par 4 institutions : l’Institut sénégalais de recherches agricoles (Isra), l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad), le Centre de suivi écologique (CSE) et le Cirad.
« L’enjeu de ce dispositif était de constituer une équipe scientifique autour du pastoralisme, explique Tamsir Mbaye, coordinateur du dP PPZS et directeur du Centre national de recherches forestières (CNRF) de l’Isra (Institut sénégalais de recherche agricole). Ce sujet était un peu le parent pauvre de la recherche à l’époque. Chemin faisant, on est arrivé à intégrer ces questions de recherche dans les agendas, jusqu’à obtenir des financements de grands programmes comme le Projet régional d’appui au pastoralisme au Sahel (Praps) coordonné par le Comité inter-États de lutte contre la sécheresse au Sahel (CILSS), sous la direction politique de la Communauté économique des états d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa) et financé par le Banque mondiale. »

20 dispositifs pour des partenariats pérennes

Les dP visent à répondre par la recherche, l’innovation et la formation à des défis de développement spécifiques qui ont été identifiés sur plusieurs années par des partenaires engagés dans ces problématiques. Ils contribuent à fédérer, en lien avec la recherche mondiale, des communautés scientifiques régionales, ouvertes vers le Nord, qui couvrent largement la zone intertropicale.

Ces dispositifs proposent un modèle de coopération reproductible à l’échelle mondiale, qui ne vise pas à placer le Cirad au centre des partenariats, mais à encourager les échanges Sud-Sud. C’est ce qui en fait un outil particulièrement apprécié des partenaires. Montés par un consortium de partenaires et soutenus par le Cirad, les dP sont mis à disposition de chacun des signataires comme des catalyseurs de coopération et d’animation. Ils envisagent aujourd’hui de nouvelles synergies comme s’élargir aux acteurs de la société civile et interagir davantage entre dP d’une même région ou d’une même thématique pour renforcer l’impact de cette coopération Sud-Sud et construire ensemble des solutions durables.