Science en action 5 décembre 2024
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Améliorer les pratiques d’élevage participe au retour de la forêt : leçons d’Amazonie
« Avant, les éleveurs laissaient leurs bovins paître n’importe où et l’usage du feu éliminait tout recru forestier. Avec l’appui technique du projet TerrAmaz, on les aide à choisir les meilleures terres pour mettre en place des pâturages tournants. L’alimentation des bêtes s’améliore, la fertilité des sols également, et les friches s’installent sur les terres inutilisées. »
René Poccard-Chapuis est géographe au Cirad et coordonne les activités du projet TerrAmaz sur la commune de Paragominas, au Brésil. Entre développement rural et gestion forestière, cette activité de TerrAmaz repose sur une idée simple : organiser les paysages en fonction des aptitudes des sols.
« Les plateaux argileux, par exemple, sont parfaits pour les activités agricoles, détaille le scientifique. Toutes les terres en pente sont en revanche plus utiles lorsqu’elles sont occupées par des arbres, qui assurent des services écosystémiques essentiels. Stocker le carbone, filtrer l’eau de pluie ou limiter l’érosion…ce sont des services qui coûtent lorsqu’ils viennent à manquer. »
À Paragominas, faire revenir les arbres sur les chemins empruntés par l’eau
Plusieurs activités de TerrAmaz à Paragominas sont encadrées par des outils de cartographie, qui permettent d’orienter et accompagner avec précision l’évolution de l’usage des terres. En accord avec l’agence de l’eau de la commune, ces cartes participent à définir des zones de reforestation prioritaires pour la ressource en eau.
« La couverture forestière tout le long des zones d’écoulement et d’accumulation des eaux de pluie fonctionne comme un filtre, relate René Poccard-Chapuis. Actuellement, le traitement des eaux à Paragominas est très coûteux car de nombreuses particules en suspension y sont présentes, à cause de l’érosion des sols. »
Pentes, ravines ou plaines d’inondation : ces terres sont très difficiles à travailler et n’ont pas grande utilité agricole. Leur abandon a déjà commencé et laisse place à une nouvelle trame forestière. Pour accélérer et étendre ce processus de restauration, l’agence de l’eau de Paragominas souhaite encourager les exploitants agricoles par le biais d’un payement pour services écosystémiques. Ce système serait financé par les citadins et accompagné par la mairie au moyen d’un système d’information géographique.
Une dynamique en place sur plusieurs territoires en Amazonie
Paragominas, mais aussi Cotriguaçu au Brésil ou encore Guaviare en Colombie : plusieurs terrains d’action de TerrAmaz s’engagent sur la même dynamique, mais recourent à des outils différents.
À Guaviare, 35 éleveurs ont signé des accords de conservation des ressources forestières et sont accompagnés dans l’amélioration de leurs pratiques d’élevage par des fonds individuels. Ces accords concernent actuellement 930 hectares de forêts, soit 30 % de la superficie totale des propriétés agricoles de la municipalité.
Marie-Gabrielle Piketty est économiste au Cirad et cheffe du projet TerrAmaz. Elle est enthousiaste devant ces premiers résultats : « TerrAmaz permet d’appuyer et capitaliser sur ces initiatives, présentes dans plusieurs territoires amazoniens, afin qu’elles prennent de l’ampleur. La collaboration des gouvernements locaux et des acteurs du développement sur place est au rendez-vous, et c’est primordial ».
TerrAmaz est financé par l’Agence française de développement et a cours de 2020 à 2024. Après quelques années, les scientifiques pourront mesurer de manière précise les performances économiques, écologiques et sociales de ces paysages innovants.